« Sauver le Ti Train ce n’est pas juste sauver le matériel mais lui donner une utilité », lance Cyril Lougnon, membre de l’association qui s’est penchée sur les différents scénarios permettant une remise en service du rail du côté de la Grande Chaloupe. S’il n’est à aucun moment prévu d’en faire comme à l’époque un transport de masse pour les populations, le Ti Train et son parc de véhicules ferroviaires et routiers (n’oublions pas les cars courant d’air) peuvent néanmoins participer au rééquilibrage de l’offre touristique actuelle dans le Nord au profit de sites délaissés.
Ainsi, sur les 126 km de ligne existante auparavant entre Saint-Benoit et Saint-Pierre, deux sites ont retenu les faveurs de l’association pour une totale immersion dans le passé : la zone de la Grande Chaloupe mais aussi le littoral compris entre Sainte-Marie et Sainte-Suzanne.
Parmi les cinq parcours proposés, la première intitulée « l’épopée de la conquête du massif montagneux séparant le nord et l’ouest de La Réunion », pourrait permettre aux visiteurs, grâce à l’aide du Ti Train et de cars courant d’air, de se plonger dans trois siècles et demi de lutte contre la falaise littorale, à travers la création de débarcadères et de chaloupes ou de plusieurs chemins (Chemin Cavalier, Tunnel Vauboulon, Sentier du haut de la falaise, Chemin Crélmont, route de La Montagne, Tunnel Hubert Delisle, « route » Laugier, quatre tunnels ferroviaires) avant l’avènement de la Route du littoral (1 et 2) avant bien sûr la construction de la NRL.
Le deuxième circuit, « circuit des Lazarets de la Grande Chaloupe et de la Ravine-à-Jacques », permettra au public de se rendre, comme son nom l’indique, aux lazarets des deux lieux-dits, à pied, en Ti Train ou en car courant d’air.
Le troisième circuit, « Sur les pas des Anglais à la conquête de Bourbon (1810) », pourrait donner un aperçu du débarquement des Anglais dans l’île à la Grande Chaloupe jusqu’à la prise de la Redoute.
Pour les friands d’histoires de pirates et de chasseurs de trésor, le quatrième circuit touristique (« Sur les pas de Biblique et autres chasseurs de trésors ») se concentrera « sur la visite de la vallée légendaire de la Ravine à Malheur où le pirate La Buse aurait, selon la légende, fait un dépôt en lien avec la pierre gravée qui y a été découverte dans les années 70 et exposée maintenant au centre socio-culturel Nelson Mandela ».
Enfin, le dernier scénario imagine la remise sur rail de la liaison de 7 km existante auparavant entre Sainte-Marie et Sainte-Suzanne. « Cette section remarquablement préservée par l’urbanisation est agrémentée de plusieurs ouvrages d’art remarquables : Vieux phare, tunnel, tranchée tropicale, arche en pierre de taille, Pont de la Ravine des Chèvres, Temple « bord de mer », port de plaisance, usine sucrière, Chapelle Notre-Dame de la Salette, gare ferroviaire, etc… », indique l’association. Un circuit de 45 min à 1h pour une expérience en immersion complète avec des points de vue sur les grèves de galets battues par les lames et le souffle des baleines en hiver austral. À terme, l’association souhaite par ailleurs une reconnection des réseaux Nord et Ouest à la grande gare de Saint-Denis désormais à l’abandon et y faire un « musée du rail » au moyen des cars courant d’air dans un premier temps.