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Vanessa Lemerle et Omar M’Barki condamnés chacun à 7 ans de réclusion

Douze années de réclusion criminelle avaient requises à l'encontre de Vanessa Lemerle et de son compagnon et homme de main Omar M’Barki. Le verdict est tombé ce jeudi après midi : ils sont condamnés tous les deux à 7 ans de réclusion criminelle.

Ecrit par Isabelle Serre – le jeudi 28 octobre 2021 à 18H03

Quatrième et dernier jour de procès d’assises dans l’improbable affaire de violences et extorsion de fonds dans une même famille, en l’occurence d’une soeur vis-à-vis de son son frère. Le tout avec les services d’un homme de main qui se trouve être le compagnon de Vanessa Lemerle.

Ce jeudi matin, à la reprise de l’audience, l’avocate générale reprend les termes de la directrice d’enquête qui avait évoqué « des traces partout dans la maison » à son arrivée sur les lieux au petit matin de ce 10 avril 2018 et les compare aux déclarations d’Omar M’Barki qui a indiqué à la barre que Nicolas Lemerle « en a fait des tonnes ».

Charlène Delmoitie s’attarde sur le fait que le compagnon n’a pas reconnu les faits d’extorsion, ce avec quoi elle n’est pas d’accord. « S’il n’avait pas pris les cartes et les codes bancaires, on ne serait pas ici aujourd’hui ». Elle rappelle ensuite la définition de la complicité au sens du Code pénal. « Le complice donne des indications précises , un ordre et détient une autorité morale sur l’autre », soulève la représentante de la société. Elle questionne : « A-t-on une preuve tangible de la complicité de madame Lemerle ? ».

Des contradictions

La réponse est « oui » d’après les déclarations de M’Barki au juge d’instruction : « Elle m’a demandé de le ramener à la maison ou d’aller lui couper un doigt et de lui en ramener la preuve. Elle m’a dit tu veux combien ? 500, 1000, un restaurant, un mariage. Ça a duré plusieurs heures ce chantage ».

Le parquet général soulève ensuite les contradictions de Vanessa Lemerle qui a déclaré qu’elle ne savait rien alors qu’au deuxième jour de procès, elle a reconnu sa responsabilité. « Pourquoi M’Barki s’est arrêté en plein milieu des faits pour aller montrer à Vanessa les photos de son frère ensanglanté ? C’est parce qu’elle avait tout commandité », martèle la parquetière. « Et il suffit de les écouter pour voir l’ascendant de la femme sur son compagnon ». Pour Charlène Delmoitie, « il fallait faire mal à Nicolas Lemerle, l’atteindre dans sa chair, lui prendre ce à quoi il tient ».

Enfin, le ministère public revient sur les caméras de surveillance de la maison de l’accusée, à Trou d’eau, éteintes la nuit des faits « pour dissimuler les allers-retours du couple ». Leur culpabilité respective ne faisant aucun doute, l’avocate générale a donc requis 12 années de réclusion criminelle.

Rencontre imprévue

Maître Sebastien Navarro prend ensuite la parole pour la défense d’Omar M’Barki.  Le conseil souligne que son client « ne vient pas d’une famille où la question est ‘comment va-t-on se partager les œuvres d’art, les objets de collection où les voitures de luxe’. Pourtant sa famille de banlieue est aimante. Quand il a rencontré Vanessa Lemerle il a pensé qu’elle allait l’aider à s’en sortir ». 

Dans ces deux univers si différents, l’amour est pourtant né et quand il parle d’elle, « il a des étoiles dans les yeux »  précise la robe noire qui insiste sur le fait que quand on aime, on partage les souffrances de l’autre. Et puis, il y a eu cette rencontre imprévue avec Nicolas Lemerle alors que M’Barki avait « tout pour être heureux dans un lieu paradisiaque ». 

Un regard noir entre le frère et la sœur aurait ravivé des souffrances et il s’est dit « qu’il fallait qu’il fasse quelque chose pour elle », témoigne le conseil. Et puis, cela ne s’est pas passé comme prévu. Me Navarro estime pour sa part qu’il n’y a pas d’extorsion puisque « c’est Nicolas Lemerle qui a remis sa carte bancaire à M’Barki », puis argumente afin que son client soit pénalisé le moins longtemps possible. 

« Rien n’a été planifié »

Les avocats de Vanessa Lemerle sont enfin entrés en scène. Me Jean-Jacques Morel tout d’abord, qui indique qu’il n’y avait aucun conflit successoral dans la fratrie. Quant aux faits, sa cliente n’aurait participé à rien. « Une affaire où rien n’a été planifié », martèle le conseil qui veut démontrer l’absence d’intention de violenter et de voler.

« On peut critiquer Mme Lemerle mais de l’extorsion c’est impossible. Cette femme n’est pas dans le besoin. C’est une généreuse », décrit son avocat. Il confirme que Vanessa Lemerle n’a fait qu’un seul voyage au domicile de son frère avec M’Barki, tout en restant à l’extérieur de la propriété, sans pouvoir voir ce qu’il s’y passait du fait de la taille du portail. « Il n’y a pas de complicité de sa part. Elle était sur place mais les faits étaient déjà consommés et elle ne faisait pas le guet. Par ailleurs, elle n’a donné aucune instruction à son compagnon », développe la robe noire.

« Il n’y a eu aucune volonté de la part des accusés de commettre une extorsion et ils ne peuvent être condamnés pour ça. Quant à la complicité de Madame Lemerle, elle n’a commis aucune violence ni attaché son frère à un arbre (…) Vanessa Lemerle n’est pas une mythomane, ni une femme qui s’invente des vies. C’est quelqu’un de sensible qui n’est jamais rentré dans la caste dans laquelle elle est née. Elle est consciente qu’elle a raté sa vie, n’a rien fait de ses diplômes, n’a pas enfant et souffre des relations avec son frère et sa sœur », résume Jean-Jacques Morel, qui évoque « un coup de folie » pour lequel les réquisitions sont « hallucinantes ».

C’est donc au tour de Me Yves Monneris, venu de métropole, de prendre la parole pour défendre la riche héritière. « Il vaut mieux avoir un coupable dehors que dix innocents en détention », entame la robe noire, prenant à partie les jurés afin de les convaincre de choisir l’acquittement au moindre doute sur la culpabilité de sa cliente. Le ton de la plaidoirie est donné fustigeant « les outrances » de la partie civile et « le marquage à la culotte » du parquet général.

L’avocat décrit l’alcoolisme, une mauvaise came d’une femme dépressive et en souffrance d’un côté et un gars de banlieue pour qui la séquestration n’est rien que du quotidien. « La discussion entre elle alcoolisée et lui avec son passé, ça part dans les tours. C’est un couple qui se dispute. Mais ça ne veut pas dire qu’elle lui a donné des instructions« . 

La robe noire note que sur le tube de somnifères donnés aux chiens de Nicolas Lemerle, les recherches d’empreintes n’ont pas été faites. Il n’y a donc pas de preuve que c’est elle qui les a fournis. Même remarque du conseil concernant les recherches dans les gabiers de St-Gilles. « Les enquêteurs étaient convaincus d’avoir sous la main les deux coupables. Ils ont fait les choses dans ce sens« . Et, s’adressant aux jurés : « Vous, vous ne savez pas« . 

« Elle a des défauts mais elle est pas attachée à l’argent. Jamais elle n’a donné l’ordre de voler de l’argent de son frère », poursuit Me Monneris plaidant l’acquittement. Concernant la séquestration, il n’y avait aucun plan préalable,« M’Barki allait juste défendre sa femme et engueuler Nicolas Lemerle au sujet du passé. La théorie du doigt coupé ne tient pas la route. Ce qu’elle a fait n’est pas moral mais ce n’est pas une infraction qui peut lui être reprochée« .

« Quant aux violences, la question à se poser, est de savoir si insulter son compagnon parce qu’on souhaite qu’il se positionne, c’est être complice ? » détaille la robe noire pour qui, même sur ce dernier délit, il y’a lieu de relaxer Madame Lemerle. Ainsi l’acquittement pour les faits criminels et la relaxe pour les délits sont plaidés par l’avocat de l’accusée. 

Comme toujours, les derniers mots reviennent aux accusés : « Je souhaite rentrer chez moi voir ma mère et suis désolée pour la victime » conclut Omar M’Barki. « Je ne mérite pas de continuer à mourir à petit feu en prison » dit Vanessa Lemerle intimant les jurés à prendre leur décision en leur âme et conscience. 

Après délibération, Vanessa Lemerle et Omar M’Barki sont  tous deux condamnés à 7 ans de réclusion criminelle. Tous les faits qui leur étaient reprochés ont été retenus par les jurés de la cour d’assises.
Concernant les intérêts civils, Me Tragin, avocat de la victime, sollicite une expertise psychiatrique et psychologique pour Nicolas Lemerle afin qu’un expert puisse se pencher sur des séquelles « irrémédiables ». Me Tragin demande également, pour le préjudice matériel, le remboursement d’une montre de valeur ainsi que le règlement des frais d’expertise par les condamnés. Il sollicite une provision de 20.000 euros et, pour les frais de justice, la somme de 30.000 euros. 

Après en avoir délibéré, la présidente accorde l’expertise médico légale de Nicolas Lemerle, ainsi qu’une avance sur provision de 800 euros. Pour les frais d’avocat, que la cour juge exorbitants, elle demande que les factures soient fournies. La cour statuera à ce moment là. 

Sur le même sujet :
25 octobre : [Vanessa Lemerle et son compagnon devant les assises: Une avalanche de mensonges et de contre-vérités]urlblank:https://www.zinfos974.com/Vanessa-Lemerle-et-son-compagnon-devant-les-assises-Une-avalanche-de-mensonges-et-de-contre-verites_a174765.html
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27 octobre : [Procès d’assises: Au jeu du poker menteur, Vanessa Lemerle risque gros]urlblank:https://www.zinfos974.com/Proces-d-assises-Au-jeu-du-poker-menteur-Vanessa-Lemerle-risque-gros_a174856.html

 

 

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