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Crise requin: Les causes scientifiques sous les projecteurs de la revue « Nature »

Une étude intitulée "Facteurs environnementaux et anthropiques affectant la hausse des interactions entre les humains et les requins sur une île au développement grandissant" vient d’être publiée dans la revue scientifique de référence "Nature". Voici un extrait des thèses développées dans cet article :

Ecrit par zinfos974 – le jeudi 01 mars 2018 à 16H55
Sur notre île, « le taux annuel de morsure de requin fait partie des plus élevés au monde, avec une morsure toutes les 24.000 heures de pratique du surf » révèle ainsi l’étude (*) dans son introduction.
 
« Le pic de morsures le plus élevé apparaît pendant la période d’hiver et en après-midi, et a dramatiquement explosé dans les milieux coralliens à partir des années 2000. »
 
L’article présente un travail interdisciplinaire, qui a pour but de « mener à une meilleure compréhension des interactions entre requins et humains », présentant des pistes de réflexion sur l’adaptation des usagers de l’océan face à l’augmentation du risque-requin.
 
Plus il y a d’usagers de la mer, plus le risque de morsure est grand
 
L’étude souligne également « une tendance mondiale à la hausse des attaques de requins sur des humains ». « Sachant que la probabilité d’une morsure de requin est directement influencée par le nombre de personnes à l’eau, il est nécessaire de standardiser ce taux, plutôt que de parler de nombre de morsures dans l’absolu ».
 
« Pour rappel, entre 2010 et 2017, 23 morsures de requins sont à déplorer sur La Réunion, dont 9 fatales. »
 
« Pendant la période allant des années 1980 à 2016, La Réunion figurait déjà dans le top 6 des spots mondiaux comptant le taux le plus élevé de morsures de requins non-provoquées. »
 
« Le nombre grandissant d’usagers de l’océan (en particulier les surfeurs) est probablement un des moteurs de l’augmentation du nombre de morsures de requins à La Réunion, pendant la période 1988-2016. En fait, un plus grand nombre de morsures de requins arrive pendant les périodes de vacances ou de week-ends, lorsque les usagers sont nombreux. »

 
Avant 2005, les surfeurs ont appris à éviter les zones à risque
 
« Entre 1988 et 2005, le taux d’attaques décroît. Une des explications possibles concernant cette baisse pourrait être que pendant cette période, les surfeurs ont appris, par tâtonnements, à éviter les zones de concentration à hauts risques-requins. » « Dans une seconde phase, entre 2005 et 2016, le taux de morsure a augmenté rapidement, dépassant le taux d’adaptation des usagers de l’océan, qui font face à un risque élevé et  sans précédent de morsure. Le pic a été atteint en 2011, avec 5 morsures de requins. »
 
Les requins se sont déplacés vers l’Ouest
 
« Le déplacement spatial des évènements de morsures de requins d’un habitat de substrats mixtes vers les récifs coralliens est certainement dû à la désertion des surfeurs de la côte au vent au milieu des années 1990, combiné au regroupement des requins sur des spots de surfs coralliens situés sur la côte sous le vent et à une abondance de requins potentiellement dangereux sur la zone dans les années 2010. »
 
« La saisonnalité des attaques, allant de mars à août, est cohérente avec le résultat d’études récentes sur le mouvement des requins-bouledogue dans les eaux côtières situées sous le vent. Le plus grand risque de morsure est lié à une présence accrue de requins-bouledogue pendant l’hiver austral dans cette zone. »
 
Basculement des eaux, surpêche, eaux usées : des facteurs possibles
 
« Un des facteurs ayant pu contribuer à la prolifération des requins peut être expliquée par des changements biologiques, qui ont altéré les habitats marins et côtiers, la qualité de l’eau, et la répartition ainsi que l’abondance d’espèces proies (notamment celles qui sont pêchées à des fins commerciales).
 
L’écosystème côtier a été fortement altéré par les activités humaines ces dernières décennies à la Réunion. Les stocks de poissons côtiers et de fond ont été considérablement surexploités depuis le début des années 2000, cela ayant eu un impact sur l’abondance des proies de requins.
 
Il est également possible que des changements au niveau de l’écosystème sur la côte Ouest de La Réunion aient créé un habitat favorable pour les requins-bouledogue, augmentant leur nombre et le risque d’interactions avec des humains proches des plages.
 
Les ports et les canaux de déversement des eaux usées, construits sur la côte Ouest pendant les 40 dernières années constituent un habitat favorable pour les requins-bouledogue, en particulier les juvéniles, de plus en plus observés en eaux peu profondes et dans les embouchures.
 
Le transfert d’Est en Ouest de 15 millions de m3 d’eaux douces par an depuis 1999 peut également avoir contribué à l’augmentation du ruissèlement d’eaux douces, modifiant ainsi les propriétés physicochimiques de la masse d’eau côtière. »

 
Une grande partie de ces eaux étant utilisées pour l’agriculture, « il a été également démontré qu’un déversement plus important d’eaux souterraines pouvait provoquer une baisse de la salinité des eaux côtières ».
 
« Malheureusement, le manque de données à long terme sur la présence de requins sur les côtes de La Réunion rendent quasiment impossible d’attribuer les causes imputables à un seul facteur. »
 
L’étude conclut ainsi que « dans une situation où les décideurs ont tendance à vouloir gérer les émotions du public, plutôt que le danger en lui-même, la gestion efficace d’une interaction négative entre les humains et la vie sauvage doit être basée sur des preuves scientifiques ».
 
[« Environmental and anthropogenic factors affecting the increasing occurrence of shark-human interactions around a fast-developing Indian Ocean island »]urlblank:https://www.nature.com/articles/s41598-018-21553-0#author-information , Erwann Lagabrielle, Agathe Allibert, Jeremy J. Kiszka, Nicolas loiseau, James P. Kilfoil & Anne Lemathieu publié dans la revue « Nature » le 27 février 2018.

 

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