Les scientifiques s’intéressent à la biodiversité des vanilliers à travers le projet Vabiome, un programme européen dont l ‘objectif est de préserver et valoriser les différentes espèces de vanilliers dans les régions tropicales. Depuis trois jours les équipes de Tahiti, de Guadeloupe, de Guyane, de la Réunion, de Mayotte et de Paris, s’étaient rassemblées, pour la première fois, afin de présenter leurs savoir-faire et démarrer leur travail.
Seules trois espèces sur 110 sont cultivées dans le monde
Parmi les 110 espèces de vanilliers recensées dans le monde, seules trois espèces sont effectivement cultivées : Vanilla planifolia, celle que nous cultivons à La Réunion, et Vanilla tahitensis (vanille de Tahiti) sont les deux principales. Une troisième espèce, la Vanilla pompona, aussi appelé « Vanillon » aux Antilles est également cultivée mais de façon beaucoup plus marginale. Les scientifiques s’y intéressent néanmoins car elle présente des caractéristiques de résistance face au Fusarium, un champignon qui donne du fil à retordre aux cultivateurs car il s’attaque aux lianes des vanillers.
« Le vanillier est une plante fragile car c’est une plante clonale, c’est à dire que toutes les plantations du monde entier sont issues du même individu. Si cet individu est sensible à une maladie, tous les vanilliers de son espèce peuvent être décimés. D’où l’intérêt de diversifier la vanille et d’apporter de nouveaux gènes et de la vigueur dans les plantations. » , explique Pascale Besse, enseignant-chercheur à l’Université de la Réunion qui chapeaute le projet Vabiome.
Une espèce endémique en danger d’extinction à Mayotte
« A travers ce projet, nos objectifs sont multiples : d’une part protéger les espèces de vanillier sauvages et voir si elles sont exploitables commercialement. D’autre part, aller plus loin en explorant des voies pour l’amélioration du vanillier, par croisements entre vanilliers cultivés et vanilliers sauvages de manière à créer des vanilliers plus résistants ou de meilleure qualité.
Un des aspects concerne directement le territoire de Mayotte afin de mettre en place un plan de préservation de l’espèce Vanilla humblotii, qui est en danger d’extinction. C’est une espèce un peu bizarre qui n’a pas de feuille et qui présente des caractéristiques intéressantes d’adaptation à la sécheresse, un aspect intéressant dans le contexte de changement climatique » conclut Pascale Besse.