Revenir à la rubrique : Société

Paul Watson : « Tuer les requins, c’est tuer nos enfants »

L’ONG Sea Shepherd commente les derniers événements de la crise requin réunionnaise. « Les requins tués seront irrémédiablement remplacés par d’autres… jusqu’à ce qu’il n’y en ait plus », insiste Paul Watson, son fondateur, qui parle une nouvelle fois de la nécessité de préservation de la nature pour les générations futures. Il s'exprime dans une tribune libre.

Ecrit par zinfos974 – le jeudi 23 avril 2015 à 06H47

« Il faut que les tueurs de requins de la Réunion se décident : ou bien ils veulent un océan sain et la biodiversité marine, ou bien ils préfèrent un égout sans vie, avec des vagues stériles où ils puissent surfer.

Il faut qu’ils décident si leurs enfants auront un océan qui leur permettra de vivre, ou bien un océan qui viendra lécher les rivages de leur mort prématurée.

Il y a sur toute la planète une culture du surf qui respecte l’écologie marine et qui reconnaît que les surfeurs font partie de cet océan vivant et magnifique.

Une petite poignée de surfeurs de la Réunion ainsi que la Fédération Française de surf sont en train de salir la réputation des surfeurs du monde entier en lançant un pogrom absurde contre les requins.

Appeler à l’élimination des requins, c’est comme appeler à l’élimination des arbres. Qu’il s’agisse de perdre des requins ou de perdre des arbres, les deux ont des conséquences extrêmement sérieuses.

Les requins, en tant que super prédateurs, ont modelé l’évolution dans les mers depuis plus de 400 millions d’années. Chaque poisson dans la mer a vu sa vitesse, son comportement, son camouflage,  façonnés par les requins. Eliminer les requins dans la mer, ce serait comme éliminer les abeilles dans les champs, ou les éléphants dans la savane.

La solution aux attaques de requins est simple. Si vous avez peur des requins, n’allez pas dans des eaux où l’on sait que vivent des requins. C’est chez eux, pas chez nous.

Il serait aussi avisé d’éviter les plages où ont été placés des panneaux d’avertissement sur les dangers liés à la présence de requins.

Si quelqu’un va se promener dans la jungle du Belize et qu’il se fait attaquer par un jaguar, est-ce pour cela qu’il faudra abattre tous les jaguars ?

Chaque année, il y a plus d’accidents mortels dus à des hippopotames, à des éléphants, à des crocodiles, à des autruches. Est-ce une raison suffisante pour tuer ces animaux ?

Et maintenant, la réserve marine nationale de la Réunion est menacée. Un cocktail molotov a été placé devant les bureaux de la Réserve, ses employés sont menacés, harcelés par les mêmes personnes qui détestent les requins. Ils exigent que le gouvernement français ferme la réserve marine et réduise à néant plus de trente ans de travail de protection des écosystèmes récifaux et la seule chance de retrouver un jour un équilibre avec un retour à une vie récifale normale, seule garantie de maintenir à distance des requins bouledogue qui autrement continueront de venir du large.

Car faut il le rappeler, la Réunion est une île ouverte sur l’océan indien et les requins tués seront irrémédiablement remplacés par d’autres… jusqu’à ce qu’il n’y en ait plus. Est ce là que nous allons en arriver ?  

La conséquence directe de l’élimination des requins, c’est la réduction de la biodiversité, et la réduction de l’interdépendance a pour conséquence la limitation de la capacité de charge, entraînant à son tour une altération de l’écosystème océanique partout où l’on élimine les requins. Il y a tout un enchaînement de stades qui conduisent à la mort de l’océan, et ce n’est pas l’héritage que nous devrions laisser à nos enfants pour la simple raison qu’un petit groupe de personnes à la pensée purement anthropocentrique craint les requins et veut les détruire.

J’espère que le gouvernement français ne cèdera pas à des exigences d’un tel degré d’hystérie. La France s’est engagée pour l’avenir de notre planète et pour la protection des écosystèmes marins, qui dépassent largement les exigences de groupes d’intérêts particuliers.

Je compte parmi mes amis quelques-uns des plus grands surfeurs du monde, des hommes comme Kelly Slater, David Rastovich et Laird Hamilton, et des femmes comme Stephanie Gilmore. J’ai nagé, surfé et plongé avec les requins toute ma vie durant, qu’il s’agisse de requins tigres, de requins marteaux ou de grands blancs. Chaque grand surfeur que j’ai rencontré respecte les requins en tant qu’habitants estimés de l’environnement où naissent les vagues magiques que nous surfons.

L’océan appartient aux requins, aux tortues, aux dauphins et aux poissons. Nous sommes leurs hôtes, et lorsque nous leur rendons visite c’est à nous de nous adapter à eux. C’est ainsi que nous préservons la nature, et en préservant la nature, nous préservons l’humanité.

Nous ne pouvons pas vivre sur une planète dont l’océan est mort, et éliminer les requins met en branle toute une série de conséquences qui ne laissent rien présager de bon pour notre avenir.

Les requins abattus la semaine dernière lors d’une tuerie revancharde n’avaient fait de mal à personne. Tuer au hasard n’est pas la réponse. Un océan où les hommes seraient pleinement en sécurité est un océan stérile et aucun des vrais surfeurs que je connais ne surferait la vague d’un océan qui se meurt. »
 

 

Thèmes :
Message fin article

Avez-vous aimé cet article ?

Partagez-le sans tarder sur les réseaux sociaux, abonnez-vous à notre Newsletter,
et restez à l'affût de nos dernières actualités en nous suivant sur Google Actualités.

Pour accéder à nos articles en continu, voici notre flux RSS : https://www.zinfos974.com/feed
Une meilleure expérience de lecture !
nous suggérons l'utilisation de Feedly.

S’abonner
Notification pour
0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires

Dans la même rubrique

Secteur 410 enchaîne les tubes

Depuis son retour sur le devant de la scène en fin d’année dernière, le groupe Secteur 410 multiplie les succès musicaux. « Heritaz », sorti le 19 avril, compte plus d’un demi-million de vues en l’espace de deux semaines.

La Réunion a rendez-vous au Zénith de Paris le 19 mai

La deuxième édition du festival Fé Bougé l’océan Indien se déroulera le dimanche 19 mai au Zénith de Paris-La Vilette. De très nombreux artistes réunionnais sont attendus tout comme des chanteurs des autres îles de l’océan Indien et un invité très apprécié de tous venu des Antilles.

Sista Lova monte le son

La chanteuse Sista Lova a mis en ligne le clip de sa nouvelle chanson, « Monte le son », au début du mois de mai.

Plaines des Cafres : La 27e messe des motards fait le plein

L’édition 2024 de la traditionnelle messe des motards a été un franc succès. Le soleil a brillé dans les hauts du tampon pour la bénédiction des amoureux de la moto. Présidée par l’évêque de La Réunion, Mgr Chane-Teng, près de 7000 personnes se sont réunies sur le site de Miel Vert.