En mars 1984, le Centre départemental de documentation pédagogique (CDDP) publie une étude pédagogique intitulée « Naissance et évolution d’un village des Hauts de la Réunion: La Chaloupe Saint-Leu ». Sont retenus pour publication des travaux qui doivent combiner le sérieux du travail et son exemplarité sur le plan pédagogique.
L’étude sur la Chaloupe avec ses 160 pages, dont 25 de photographies inédites provenant des archives privées de plusieurs familles du village, répond aux critères éditoriaux très stricts du CDDP.
Cette publication est le fruit d’un travail très complet sur la Chaloupe, son histoire, sa population et son évolution effectué dans le cadre du 25ème anniversaire du Collège de la Chaloupe Saint-Leu et mené sur l’année scolaire 1981/1982. Un travail effectué à la fois sur le terrain, c’est-à-dire auprès des familles des élèves et des habitants du village, jeunes encore scolarisés ou ayant quitté l’école, et adultes, en activité ou non, mais aussi aux Archives départementales et dans différentes administrations.
C’est ainsi qu’une chronologie rappelle « les principales réalisations, équipements, centres d’activité qui ont remodelé le village« , tout en renseignant sur l’avenir du géranium ou en informant par exemple que de 1962 à 1981, 222 jeunes de la Chaloupe ont été « acheminés en métropole par les soins et aux frais du Bumidom« .
Un homme modeste
C’est toute la mémoire collective de ce village dans ses mutations à travers les différentes périodes, des origines aux incertitudes du temps présent, dont rend compte ce travail. Y figure également l’histoire de la famille Marsilly Maunier sur plusieurs générations. Un éclairage saisissant.
Dans la préface qu’il accorde à la publication intitulée « la Chaloupe d’hier et d’aujourd’hui », le Principal de l’établissement rappelle les objectifs poursuivis par les élèves qui ont effectué le travail et leur dit sa satisfaction. Appréciation méritée, et qui est bien plus qu’un exercice convenu, mais nulle mention de celui qui a mené de bout en bout ce projet, coordonné l’équipe, encadré les élèves les familiarisant aux méthodologies d’enquête, supervisant la rédaction de l’étude et assurant le suivi éditorial de la publication…
Seul un « dévouement collectif » garantissant le succès du projet est salué par le Principal. Ce n’est qu’à la fin du document qu’apparait, au détour d’une phrase de remerciements en direction du lecteur, le nom de Bernard Marek et son adresse au Collège. Bernard Marek invite les lecteurs au cas où ils constateraient « des oublis ou des lacunes » à lui écrire afin « de perfectionner le présent ouvrage dans une autre édition« .
En menant cette aventure pédagogique, puis éditoriale, Bernard Mareck considérait qu’il ne faisait là que son travail de professeur d’histoire, l’ordinaire d’un enseignant pour sa discipline, ses élèves, leur village et leur île et que cela ne justifiait aucune gratification autre que celle du travail accompli. Tel était Bernard Marek.