Il monte sur la digue pour montrer la conduite qui relâche le sable à quelques dizaines de mètres de l’entrée du port. Une odeur nauséabonde se dégage de la bouche du tube. “La pompe recrache surtout de l’eau avec un peu de sable et beaucoup de vase. Il est compacté par la houle et très dur à aspirer. Mais il est surtout très pollué, car la vase s’est accumulée depuis des années et a ramassé toutes les cochonneries du port”, poursuit le pêcheur.
“On attend toujours l’eau et l’électricité”
Autour des bateaux en train d’être réparés, ils témoignent tous d’un port à moitié fini. “Il n’y a pas d’électricité, donc pas de lumière. Dès qu’on veut faire des gros travaux, il faut ramener un groupe”, peste un autre pêcheur. Pour l’eau, c’est plus aléatoire. Les fuites sont récurrentes, et les pêcheurs ont dû installer eux-mêmes une vanne pour éviter qu’une canalisation rejette des litres en pleine période de restrictions pour cause de sécheresse.
“Quand on demande des comptes, on nous répond qu’officiellement le port n’est pas encore livré. C’est quand ça les arrange, car ils demandent toujours de payer. Ils ont même rajouté une clause sur les contrats d’emplacement de non-responsabilité en cas de port ensablé. Pourtant, ils continuent à faire rentrer des bateaux. On a des collègues qui ont été obligés de déménager leur bateau au Port, mais le poisson est toujours dans le Nord. Alors ils doivent remonter toute la côte jusqu’ici”, s’agace l’un d’eux.
Comme dans tous les ports, la question des emplacements est une question délicate, mais ici c’est devenu une bataille rangée entre la régie et les pêcheurs. “Ils veulent déplacer les anciens vers les nouveaux anneaux. Sauf qu’ils sont mal conçus. Il y a déjà eu plusieurs accidents, alors même que c’étaient des gens expérimentés. En plus, les catways ne sont pas aux normes, impossible de charger ou de décharger du bateau. On ne peut juste pas travailler”, ajoute un pêcheur.
Réunis au sein de l’APPA (association des pêcheurs et plaisanciers des alizés), ils tentent également de faire reculer la régie sur sa nouvelle politique de tarification pour les réfractaires au déménagement. “Avant, on payait en fonction de la taille. 1000 euros pour un 5/6 mètres, et 1400 euros pour un 6/8 mètres. Mais si on refuse d’aller dans les nouveaux emplacements, on doit payer 1400, peu importe la taille”, explique un plaisancier.
Devant cette situation plus que conflictuelle, les membres de l’APPA demandent donc à la régie, et à la Cinor qui gère le port, quand l’infrastructure sera officiellement livrée. Et surtout, quand pourront-ils avoir un port fonctionnel pour reprendre une activité normale, après une année 2022 très compliquée.
Interrogée, la Cinor ne nous a pas fait parvenir de réponse à temps pour la parution de cet article.