Dans le premier tome, un nouveau virus a rétrogradé une partie de l’humanité aux premiers temps du genre humain, y compris pour leur apparence physique. Guerre des espèces humaines avec toutes les horreurs racistes que l’on devine. Les « sapiens » actuels l’ont emporté et après d’âpres discussions et engueulades, les ultra-radicaux se sont résolus à voir les milliers « d’érectus » restants à être parqués dans des réserves (!) réparties aux quatre coins de la planète. Comme des bêtes. Quand bien même ce sont d’anciens humains « normaux », juste victimes d’un virus effroyable.
Cette fois-ci, on s’aperçoit que le virus reste actif, que les « érectus » peuvent se reproduire, et qu’ils sont contagieux.
Regain d’espoir chez les ultra-radicaux racistes, ils vont tout mettre en oeuvre pour éliminer définitivement ces « érectus » si dangereux pour la sauvegarde du genre humain. Comme si ce dernier le méritait vraiment au vu de ce que cet humain est capable de commettre en matière d’horreurs de toutes sortes…
Conduites par des fous furieux, des troupes de « braconniers humains » s’insinuent dans les réserves où les humanoïdes ne menacent personne… et ne demandent rien à personne ! et entament, comme les chasseurs d’ivoire actuels, une série de massacres qui font horreur. Enfin… quand on voit ce que l’homme actuel est capable de faire, on se demande ce qui fait frémir le plus. Car… égorger des populations entières ou des enseignants, au nom d’un Dieu dont l’existence n’a jamais été prouvée, n’est pas plus excusable.
Avec un art consommé du suspense et de l’effroi, Müller nous fait suer d’horreur et de plaisir de la première à la dernière page. Ce qui n’a rien d’étonnant. Ce docteur en sciences-journaliste-écrivain connaît son sujet sur le bout de sa plume.
Entre les lignes, on sent nettement une préoccupation essentielle chez cet auteur hors du commun : le devenir de la planète en raison de ce qu’on en a fait depuis l’aube des temps. Tous les méfaits du genre humain à l’encontre de la Nature (autant humaine que géographique) sont ici évoqués en termes non-équivoques. Sans jamais citer la sixième extinction de masse, mur dans lequel on fonce gaillardement, Müller nous sensibilise avec un grand art de la mise en demeure : attention, danger imminent !
En fin de compte, ce thriller futuriste est une parabole du meilleur effet.
Au risque de me répéter : roman indispensable pour tous ceux qui croient encore qu’on peut réparer l’irréparable.
« Erectus, l’armée de Darwin »
De Xavier Müller
539 pages, en librairie