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Notes de lecture de Jules Bénard : « Anatomie de l’horreur » (Stephen King)

Strictement réservé à ceux et celles qui aiment vraiment lire ; et, il faut le dire, à ceux et celles ne considérant pas la littérature et le film d'horreur comme des sous-genres.

Ecrit par – le vendredi 22 janvier 2021 à 10H51

Il s’agit d’une réédition d’un ouvrage de 1981, revu, corrigé et augmenté (sacrément augmenté : presque 900 pages, ouf !) Ce n’est pas un roman ; plutôt la dissection en règle d’un des genres les plus controversés de la littérature mondiale ; encore plus critiqué que le roman dit « à l’eau-de-rose » ou les mangas que les soi-disant « beaux esprits » évoquent avec mépris sinon dérision.

Stephen King entreprend de débiter en menues pièces tous les accessoires, les motivations, les philosophies, les mérites et défauts, comme les désirs avoués et inavoués de tous les auteurs (c’est quasi-exhaustif) sévissant dans un genre qui a toujours eu les faveurs d’un très large public de « lecteurs tous azimuts ». Un à un, King passe en revue les livres et leurs dérivés, BD, films de télé ou de grand écran, accordant à chacun ses bons ou mauvais points. De Bradbury et Lovecraft, de Bram Stocker (Dracula) et Mary Shelley (Frankenstein) à nos jours, la somme est totale et, dans ses critiques, Stephen King ne s’épargne pas. Il s’égratigne même férocement. 

Pour les amateurs du cinéma d’horreur, King évoque aussi les grands noms de l’écran, Boris Karloff, Bela Lugosi, Vincent Price, mon préféré avec Christopher Lee… ainsi que les grands réalisateurs de films d’épouvante, Cronenberg, Argento and so on…

Les notes de bas de pages, parfois surdéveloppées, les appendices, les digressions au besoin, sont là pour éclairer le propos. Cela dit, le propos de King est limpide et, ce qui est jouissif, l’auteur use souvent d’humour, de malice, de moucatage.

Les critiques professionnels, ces pseudo-intellectuels qui n’y connaissent rien et n’écrivent qu’à l’usage des salons dits littéraires de Greenwich Village ou Montparnasse, n’échappent jamais à sa vindicte. Il insiste, par des voies souvent détournées, sur le fait qu’il n’existe pas de petite ou de grande littérature ; comme il n’y a pas de petite ou de grande musique. Il y a des arts qui s’appellent littérature ou musique, au sein desquels il existe une foule de genres très différents. Wagner n’est pas plus « grand » que Chuck Berry.

Bien qu’il ne s’agisse pas d’un roman, ce malicieux bonhomme réussit quand même à nous flanquer souvent une sérieuse trouille, juste à coups de citation et sans déflorer les très nombreux chefs-d’oeuvre dont il est question ici.

J’avais déjà lu « Carrie » (son premier roman), « Cujo », « Shining », « Dead zone » (une merveille littéraire et cinématographique) et bien d’autres ; je dois avouer que cette étude au coeur de l’horreur m’a plus que séduit. Ça se lit d’ailleurs comme un roman… avec de la patience et du temps car, ainsi que le disait un critique plus avisé que les autres : « C’est délicieusement interminable comme un roman russe ». J.B.

Anatomie de l’horreur
De Stephen King
Livre de poche, en librairie.

 

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