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Menus végétariens dans les cantines: Les communes changent leurs habitudes

À compter du 1er novembre prochain, toutes les cantines scolaires devront proposer un menu végétarien chaque semaine. Une mesure prévue par la loi Egalim, qui vise à promouvoir une alimentation saine, durable, et le respect du bien-être animal. À La Réunion, certaines municipalités ont anticipé l’obligation, d’autres se préparent à introduire de nouveaux menus.  Au Port, des repas […]

Ecrit par Marine Abat – le mercredi 30 octobre 2019 à 10H01
À compter du 1er novembre prochain, toutes les cantines scolaires devront proposer un menu végétarien chaque semaine. Une mesure prévue par la loi Egalim, qui vise à promouvoir une alimentation saine, durable, et le respect du bien-être animal. À La Réunion, certaines municipalités ont anticipé l’obligation, d’autres se préparent à introduire de nouveaux menus. 

Au Port, des repas végétariens sont proposés depuis plusieurs années déjà, toutes les 2 ou 3 semaines. Depuis la rentrée d’août, le nouveau rythme a été mis en place. Une augmentation de fréquence qui a été l’occasion pour la commune de « proposer de nouvelles recettes qui ont eu un franc succès auprès des enfants ». Le gratin de macaroni à la provençale ou le riz frit à l’orientale, par exemple.

« Il ne s’agit pas vraiment de remplacer la viande ou le poisson, mais de construire différemment les cycles de menus en utilisant des œufs, des produits laitiers, des légumes secs et légumineuses, des céréales, des légumes frais », indique la municipalité, qui précise : « L’équilibre alimentaire et les apports nutritionnels sont établis et calculés sur 20 menus consécutifs et l’introduction de 5 repas sans viande et sans poisson sur 20 n’implique aucunement une quelconque carence ni un déséquilibre dans les apports ».

« Le travail d’explication est difficile »
 
Au Tampon, c’est un repas végétarien par mois depuis plusieurs années, et la municipalité de fait pas état de remarques particulières de la part des parents ou enfants. « Il est vrai qu’il est plus facile de faire goûter et manger « des steaks de tofu » aux élèves de la maternelle que de l’élémentaire. En termes de goût, cela ne fait pas encore partie des références du grand public, ce n’est pas connu de tous. Il y a encore beaucoup de communication à faire… ». D’où le choix de varier les menus et ne pas servir uniquement des steaks végétariens : « Nous proposons également des omelettes aux fines herbes, au fromage ou encore aux champignons, du riz cantonnais sans viande ainsi que des sautés de légumes, des pâtes, semoule, etc. »
 

À Saint-Leu, la mise en place de cette mesure depuis la rentrée d’août a été un peu plus compliquée. « Les habitudes alimentaires ont changé depuis une vingtaine d’années. Les parents ont pris l’habitude de manger de la viande ou du poisson à tous les repas. Cette obligation réglementaire est difficile à accepter (…); beaucoup considèrent qu’un repas végétarien n’est pas suffisamment nourrissant et équilibré », indique la mairie. « Cela fait partie des a priori contre lesquels il faut lutter. Le travail d’explication est difficile dans ce domaine. La communication est nécessaire ».

À l’Etang-Salé, c’est depuis le 1er octobre que les marmailles ont droit à un repas végétarien par semaine. « Au préalable, une campagne d’information (sur internet et par voie d’affichage) a permis d’informer les parents et le corps enseignant de cette nouvelle mesure. Cette décision émane d’une volonté d’habituer les enfants à consommer un peu plus de fruits et de légumes. Cela permet aussi de diversifier les repas en proposant des menus à base de fruits et de légumes tout en privilégiant des circuits courts et en favorisant les producteurs locaux. La viande et le poisson sont remplacés par des fruits et légumes et aussi des protéines végétales comme le soja (tofu) », est-il indiqué.

À Cilaos aussi, la démarche du repas végétarien a été entamée, mais de manière plus timide : une à deux fois au cours du 1er semestre. « Ce genre de menus est plutôt bien accueilli que ce soit de la part des enfants ou des parents », commente la municipalité.

Une expérimentation qui fait l’objet d’une évaluation
 

Si certaines ont pris de l’avance, d’autres attendent l’entrée en vigueur de la mesure pour introduire les repas végétariens dans les cantines. C’est le cas à Saint-Philippe. « On a fait une affiche expliquant la démarche », fait savoir Jany Hoareau, chef de pôle mairie de Saint-Philippe. Tout le défi est désormais de « trouver des recettes qui plaisent aux enfants ». 

Quoi qu’il en soit, cette expérimentation fait l’objet d’une évaluation, notamment de son impact sur le gaspillage alimentaire, sur les taux de fréquentation et sur le coût des repas, dont les résultats doivent être transmis au Parlement au plus tard six mois avant son terme (dans deux ans). 

Bien que GreenPeace préconise l’instauration de deux repas végétariens par semaine, il n’en est pour l’instant pas question dans les communes qui ont commencé à mettre en place les repas végétariens hebdomadaires. « Nous avions proposé deux repas végétariens durant deux semaines en août et septembre, mais cela a été mal accueilli par les parents. Nous ne souhaitons pas tout bouleverser, mais plutôt accompagner au changement des habitudes alimentaires », explique ainsi la commune de Saint-Leu.

Vers plus de bio

Si augmenter le nombre de repas végétariens ne figure pas dans la loi, de nouvelles dispositions entreront toutefois en vigueur au 1er janvier 2022, à savoir l’obligation de servir des repas qui comprennent une part au moins égale à 50% de produits bénéficiant de labels ou issus des circuits courts et au moins 20% de produits issus de l’agriculture biologique.

Là aussi, certaines municipalités anticipent.« Les produits bio seront régulièrement introduits à compter de janvier 2020. Suivant la volonté de la municipalité et en fonction de la fructuosité de l’appel d’offres en cours, les repas végétariens seront principalement à base de produits issus de l’agriculture biologique à compter de l’année prochaine », indique par exemple Saint-Leu.

Même chose au Port : « Localement, nous contribuons avec la DAAF à l’adaptation des dispositions réglementaires aux réalités de la production bio locale qui est loin d’être en capacité de répondre à la demande ; ceci afin d’éviter, sous prétexte d’utilisation de produits bio, une importation massive de produits bio avec une empreinte carbone importante à l’encontre même de l’esprit de la loi ». 

 

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