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Législatives 2022 : Johnny Payet va-t-il rompre la malédiction du RN à La Réunion ?

Le Rassemblement national a fait de très grands scores à La Réunion lors de la dernière présidentielle. Mais le parti n'a jamais réussi à s'ancrer localement. Le maire de La Plaine-des-Palmistes, Johnny Payet, fait partie de ceux qui veulent rompre la malédiction du parti d'extrême droite lors des scrutins locaux. Il sera l'un des architectes de la campagne du RN pour les élections législatives.

Ecrit par Samuel Irlepenne – le lundi 23 mai 2022 à 11H48

Lors des législatives 2017, l’ex Front national n’avait pas su capitaliser sur le score réalisé par Marine Le Pen dans l’île au second tour de la présidentielle (39,75% des voix). Pour le scrutin législatif, tous les candidats soutenus par le parti lepeniste dans les circonscriptions où ils étaient engagés n’avaient pas dépassé les 10% des voix. Seul Jean-Yves Lebian avait dépassé la barre des 7%, dans la 3e circonscription.

Suite à ces déroutes, le Front national local avait fait table rasé du passé. L’emblématique voix du parti dans l’île jusque-là, Jean-Claude Otto-Bruc, avait été poussé vers la sortie au détriment d’Elodie Martin-Charron, non sans quelques péripéties. En effet, la nouvelle secrétaire départementale du Front National 974 d’alors avait déposé une plainte pour le vol sans effraction de trois ordinateurs à l’ancien siège du FN 974. Jean-Claude Otto-Bruc répliquera dans la foulée, accusant cette dernière d’avoir été imposée par les instances parisiennes du mouvement.

Alors que le parti a été rebaptisé Rassemblement National le 1er juin 2018, l’antenne locale ne retrouvera la sérénité qu’à l’arrivée de Joseph Rivière, qui succèdera à Elodie Martin-Charron. Une réorganisation qui a semble-t-il redonné un second souffle au RN 974, qui frappera un grand coup lors des élections européennes 2019, en arrivant largement en tête de ce scrutin, avant une nouvelle déconvenue lors d’une élection locale, à savoir les municipales de 2020. Mais la présidentielle 2022 a semble-t-il remis le RN au centre du jeu, aidé pour cela par le travail engagé par le secrétaire départemental Joseph Rivière, rejoint par Johnny Payet, un soutien de longue date de la candidate du Rassemblement National. Le travail de terrain engagé par le maire de la Plaine-des-Palmistes, premier élu de premier plan à afficher clairement ses affinités avec MLP, a permis à cette dernière de faire un carton plein dans les 24 communes de l’île.

Johnny Payet va-t-il apporter une stabilité au mouvement ? Qui seront les alliés du Rassemblement National pour les élections législatives ? Le maire de La Plaine des Palmistes lève le voile sur une partie de la stratégie du RN en vue des élections législatives.

Passé cette présidentielle et avec le score réalisé par Marine Le Pen dans l’île, comment surfer sur cette vague bleue marine pour implanter durablement le Rassemblement National dans le paysage politique local ? Comme dans l’Hexagone, le parti réalise des scores historiques concernant les scrutins nationaux mais pèche encore lorsqu’il s’agit de scrutins locaux. Quelles sont les erreurs à ne plus réitérer ?

L’erreur du passé a été corrigée : aujourd’hui, la population, qu’elle soit réunionnaise ou métropolitaine, a compris qu’elle devait voter en son âme et conscience. Avant les gens allaient voter soit pour leur maire ou pour leur parti. Mais cette élection présidentielle 2022 a démontré que les électeurs commençaient à réfléchir d’une autre manière. Et ça c’est excellent pour l’avenir de la France. La population va continuer à voter pour Marine pour les élections législatives sans écouter leur mentor dans la ville. Une liberté d’expression est en train de se mettre en place aussi bien ici qu’en métropole. Les mentors n’ont plus de pouvoir sur leurs électeurs et c’est tant mieux.

Qu’est-ce qui selon-vous a séduit de nombreux électeurs pour que ces derniers soient de plus en plus nombreux à adhérer aux idées du RN ?

Ils ont étudié tout son programme qui est adapté à la France de demain que nous attendons depuis longtemps. Je prends le cas d’Emmanuel Macron, qui n’a pas de bilan ! On est descendu dans la rue pendant 5 ans et ce que Marine dit, c’est « plus jamais de grève ni des gens dans les rues ». Aujourd’hui, on prend des décisions sans prendre la température du côté des électeurs et ces derniers, mécontents, ce qui est compréhensible, manifestent ensuite. Avant d’arriver dans la rue, le problème doit être réglé en amont. Ici comme ailleurs, la population réunionnaise ne veut plus souffrir avec ces grèves ou blocages de route.

Parlons à présent des élections législatives. Comment allez-vous capitaliser sur le score obtenu par Marine Le Pen dans l’île. Du changement est-il à prévoir au sein du RN 974 ?

En deux mots, je n’irai personnellement pas à ces législatives. Je me suis engagé pour 6 ans auprès de la population de la Plaine-des-Palmistes et je suis par ailleurs conseiller régional et communautaire à la Cirest, ce qui est largement suffisant. Je garde et je maintiens ce que j’ai dit dès le départ, un homme un mandat jusqu’à la fin. Je chapeauterais avec Joseph Rivière (NDLR : le délégué départemental du parti) les binômes qui seront retenus dans les 7 circonscriptions.

Justement, parmi les candidats retenus, ces derniers devront-ils obligatoirement être encartés RN ou bien des alliances seront-elles possibles avec des personnes proches du mouvement ?

On aimerait bien, c’est ce qui a été demandé et c’est ce que moi je souhaite, à savoir que toutes les personnes qui ont travaillé pour le RN et qui s’y sont engagés depuis X années auront la priorité. Dans le cas où nous n’aurions pas assez de candidats, ces législatives sont un énorme challenge pour nous, bien sûr que nous répondrons aux appels de celles et ceux qui voudront travailler avec nous demain.

Avez-vous déjà des noms en tête ? On sait qu’un Jean-Luc Poudroux a par exemple appelé à voter pour Marine Le Pen au second tour de cette présidentielle…

On va s’allier demain avec toutes les personnes compatibles RN mais pas avec ceux qui feront Macron.

C’est quoi être compatible avec le Rassemblement National ?

Déjà quand on parle de Mélenchon, quand on regarde son programme, il n’y a pas énormément de différences avec celui de Marine. Compatible pour mener le combat contre Macron ! Et on sait bien qu’aussi bien Jean-Luc Mélenchon que ses électeurs sont contre ce dernier. Ils (NDLR : La France insoumise à La Réunion) n’ont même pas dit de voter contre Marine Le Pen à La Réunion au second tour. Je salue donc les personnes qui n’ont pas donné de consigne de vote et c’est agréable à entendre, ce sont des personnes neutres qui laissent la population décider.

Justement, depuis dimanche dernier, avez-vous reçu des appels du pied de certaines personnalités politiques locales ?

(Rires) Non non pas vraiment pour travailler avec mais pour des félicitations. Par exemple dans l’Est, nous sommes tous des camarades, on travaille ensemble tout le temps. Mais bon, pas vraiment pour travailler ensemble. Mais je pense que ça va venir, je ne vais pas parler pour les autres (sourires). Je tiens tout de même à dire à tous mes amis élus : écoutez la population. On est là pour représenter la population. Ce que cette dernière a exprimé dimanche dernier, il faut l’écouter tout simplement !

Quelle est votre ambition avec le Rassemblement National passé cette élection présidentielle. Allez-vous prendre votre carte au RN et continuer de grimper dans la hiérarchie du parti au vu de votre proximité avec Marine Le Pen ?

Je n’ai pas d’ambition personnelle. Ensuite si le RN, représenté par Marine aujourd’hui, me demande d’être porte-parole ou représentant, je pourrai le faire. Demain, si Marine quitte le parti, je vous avouerais que je ne pense pas continuer avec d’autres personnes. Moi je n’ai pas de carte aujourd’hui, je veux rester libre de mes actes et de mes décisions. RN aujourd’hui oui parce que c’est Marine qui représente le RN. J’ai besoin aussi de parler avec les gens, de savoir qui ils sont avant de les suivre.

Il y aurait-il des personnes au sein du RN national avec qui vous ne pourriez pas travailler ?

Non je ne sais pas car je ne les connais pas. Je ne juge pas, je travaille sur des constats. On va travailler, un constat sera fait et je me positionnerai en fonction.

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