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Le Débarcadère de Sainte-Rose

Le patrimoine maritime de Sainte Rose est multiple, le débarcadère, la Batterie, la Marine, le Monument Corbett. Il faut préciser la part de l’Histoire qui leur est due. Située à l’entrée de la ville, la Marine rapproche les pêcheurs et plaisanciers.

Ecrit par Sabine Thirel – le samedi 13 décembre 2008 à 08H01

L’histoire de ce lieu commence en 1671, (l’île est habitée depuis 1665). Le Gouverneur Jacob de la Haye y débarque en compagnie de  Monsieur Caron, qui donne son nom à l’endroit. L’ancrage de Port Caron  est très fréquenté. Le paysage accidenté de l’île limite les déplacements d’un quartier à l’autre. Au fil des années, isolée des zones habitées par les rivières de Bonne Espérance et de l’Est qu’il faut passer à gué, Sainte-Rose échange par voie de mer. 

L’île ne bénéficie d’aucun équipement portuaire avant la fin du  XIXe siècle, aussi plusieurs  entreprises de batelage s’installent sur le pourtour de l’île. Leurs structures se situent dans les marines et se composent essentiellement de petites embarcations comme des chaloupes ou des pirogues, mais également de magasins où sont entreposées les marchandises. Toute la région au vent utilise  les débarcadères fixes ou flottants, amarrés à terre à des piliers en moellons et en  maçonnerie. A l’extrémité de ces ponts de bois ou de fer,  des poulies et des mâts permettent aux nombreux ouvriers de charger ou de décharger les denrées. Les travailleurs se composent parfois de charpentiers marins, de flibustiers repentis, de libres de couleurs et aussi de Blancs pauvres.

 

Le débarcadère est alors un passage obligé pour l’entrée des marchandises et aussi pour leur sortie du Port Caron devenu « Quai La Rose », et en 1790 Sainte-Rose. Les productions essentiellement agricoles café, maïs, Riz et sucre se transportent grâce à des petites embarcations. Mais ce trafic ne concerne pas uniquement les marchandises. Les hommes et les produits de première nécessité y transitent également. Des petits bateaux rejoignent des bâtiments plus grands (chasse-marées, bricks, goélettes, lougres) ancrés au large qui se déplacent de marines en débarcadères gravitant autour de l’île. Ce moyen de communiquer d’une région à l’autre de ce territoire au relief inhospitalier s’appelle le « bornage ». Les échanges de plus en plus nombreux nécessitent l’implantation d’un phare à Sainte Suzanne mis en action en 1846. Bien situé sur la côte Est, il assiste les nombreux navires  du bornage lors de leurs déplacements d’une marine à l’autre. Le phare  évite aux navires locaux ainsi qu’à ceux qui empruntent  la route des Indes, de s’échouer sur les récifs des environs. (cf. Le Phare de Bel Air Ste Suzanne du 24/11/2008).


 

Le « batelage » est une autre façon d’opérer après que les marchandises soient regroupées dans des vastes entrepôts. Il permet  aux nombreuses embarcations (pirogues péniches, chaloupes) de charger des denrées  pour l’Europe sur des navires à gros tonnages avant leur appareillage en mer. 

La Compagnie des Indes Orientales édifie des fortins (île de France(Maurice)), des batteries et des canons chargés de protéger les côtes des Mascareignes des attaques ennemies.  

Installée à Sainte-Rose, une batterie de 3 canons orientés vers la mer, est chargée de défendre les navires ancrés au large et de garantir l’île d’attaques et de débarquement éventuels. (1 canon est Anglais).  Plusieurs autres batteries sont installées tout autour de Bourbon (La Réunion) et de l’île de France dans le même dessein. Il résulte cependant que ces équipements ne sont pas suffisants, tout comme l’armement des milices et des soldats affectés sur les lieux.

 

En guerre contre la France de Napoléon Bonaparte, les navires de la marine Anglaise sont maîtres des  mers.
La preuve en est lors de l’attaque anglaise avant la prise de possession de l’île Bonaparte (île Bourbon), Sainte-Rose est la seule ville à refouler des anglais.
 En réalité,  Les Anglais assurent le blocus sur l’île de France en 1806. La Réunion sous surveillance  est isolée des autres îles des Mascareignes. Trois fois attaquée depuis 1806, Ste Rose  est sujette  à des manœuvres de diversion, qui permettent à l’ennemi de  repérer les positions françaises et l’équipement militaire dont elle dispose. En 1809, les anglais attaquent les navires et les positions françaises autour de l’île et  débarquent à Sainte-Rose et Saint-Paul.

(à suivre) Batailles de Sainte-Rose.

 

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