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Harcèlement sexuel au collège Lacaussade : « Ce sont des menteuses »

Une cabale, un ramassis de mensonges, une instrumentalisation du rectorat, telles ont été les explications de l'ancien principal du collège Lacaussade à Salazie, poursuivi en appel pour harcèlement sexuel et agression sexuelle par d'anciennes collaboratrices. Le nombre de ces dernières a largement diminué depuis le début d'une procédure bien trop longue qui est le reflet de la difficulté qu'ont les femmes à libérer leur parole et obtenir justice.

Ecrit par Isabelle Serre – le vendredi 22 septembre 2023 à 12H13, mis à jour le dimanche 24 septembre 2023 à 07H28

« Vous êtes un petit dictateur, un obsédé du sexe, vous exploitez les failles de vos collaboratrices selon un mode opératoire. Vous étiez un chef d’établissement, vous vous êtes présenté aux élections municipales et vous avez cru que tout était permis ». Le ton du procès en appel de Jean-Leu Elnivent est donné par le ministère public ce jeudi matin dans le prétoire de la rue Juliette Dodu. L’ancien principal du collège Lacaussade à Salazie est rejugé à sa demande pour harcèlement sexuel et agression sexuelle sur trois de ses anciennes collaboratrices.

Cheveux rasés, pantalon brun et chemise blanche, l’homme est droit dans ses bottes à la barre de la cour. Comme lors de son premier procès en août 2022, le quinquagénaire réfute tous les faits qui lui sont reprochés et indique que ses multiples partenaires étaient consentantes. Et s’il a fait certains aveux au cours de sa garde à vue en 2018, c’était  » pour qu’on le laisse tranquille, car il était fatigué ». Alors qu’une des avocates des parties civiles, Me Mareva Fornes-Marin, souligne avec brio le courage de ces femmes pour dénoncer ce qu’elles ont subi et pour faire entendre leur voix, l’ancien numéro un de l’établissement évoquant la thèse d’un complot, d’une cabale et expliquant que « toutes sont des menteuses ».

« Monsieur Elnivent a choisi intelligemment des femmes vulnérables à qui il a imposé ses exigences sexuelles en les agressant, les humiliant, les dégradant, profitant de son ascendant pour les forcer à faire ce qu’il voulait. En aucun cas elles n’étaient consentantes », poursuit le conseil, suivi par Mes Marie Briot et Anne Maurin qui plaident les blessures profondes de leur cliente.

Ce dossier est le reflet du combat actuel sur le consentement. Car en effet, « c’est toute la difficulté de ce dossier » ainsi que l’a souligné le président de l’audience en préambule. D’un côté, une dizaine de femmes au départ qui ont porté plainte pour du harcèlement sexuel, du harcèlement moral et des agressions sexuelles et de l’autre côté, la justice qui a besoin de preuves alors que tout le monde sait à quel point il est difficile de prouver de tels faits qui se produisent généralement dans un huis clos.

C’est notamment ce que plaide l’avocat du prévenu, Me Iqbal Akhoun, qui n’hésite évidemment pas à rappeler que s’il y avait beaucoup de victimes au départ, il n’y en a plus que trois pour cette audience d’appel. La robe noire fustige « la version caricaturale » du parquet général et insiste sur les dix relaxes prononcées en première instance. « Les faits reprochés sont similaires. Donc soit on condamne pour tous ces faits, soit on relaxe », tonne le conseil qui souhaite que son client soit blanchi et pointe « des allégations plutôt que des preuves ». Une fois encore, le conseil met en exergue « un camouflet pour Francis Fonderflick » (secrétaire général de la région académique de la Réunion à l’époque, N.D.L.R) dans cette affaire et l’instrumentalisation du rectorat. Il indique en outre que « toutes les plaignantes ont bénéficié d’une promotion à l’issue de leur dépôt de plainte ».

Muté en 2020 au collège de Saint-André en tant que principal adjoint, Jean Leu Elnivent n’a toujours pas pu faire son retour dans l’Education nationale, « l’accès à l’établissement lui ayant été refusé », explique-t-il à la cour, alors que l’avocat général a requis la même peine qu’en première instance, 18 mois de prison avec sursis probatoire assortis d’une interdiction définitive d’exercer dans l’Education nationale.

Cette procédure judiciaire particulièrement longue illustre la triple peine vécue par ces femmes qui, pour celles qui n’ont pas laissé tomber, attendent d’être reconnues victime pour tenter de relever la tête et se remettre de leur traumatisme. Un parcours de combattantes où il aura fallu affronter l’opinion publique et supporter le temps judiciaire et ses aléas. En attendant la décision de la cour, le 30 novembre prochain, elles espèrent ne jamais avoir à dire « tout ça pour ça ».

 

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Anathème
2 mois il y a

Mme SERRE êtes-vous journaliste ?
Votre parti pris évident dans cette article semble aller à l’encontre du devoir d’impartialité… un vrai torchon.

Feu Grégeois
Répondre à  Anathème
2 mois il y a

Anathème… vous avez l’air de bien porter votre nom, à croire que c’est l’accusé qui à rédigé ce commentaire. D’abord votre attaque Ad Hominem est tout à votre honneur et montre la vacuité de vos arguments sur le fond. Ensuite l’impartialité : Les journalistes ont toujours donné leurs avis, le journalisme est critique et se doit d’être cela n’invalide en rien l’impartialité des faits mentionnés (ce qui se passe au tribunal est publique quel intérêt de mentir ?). A croire que c’est la première fois que vous lisez un article de journal… Quand à votre empressement à défendre un infâme personnage… Il en dit long sur qui est le véritable torchon ici.

viande roger
2 mois il y a

Je trouve dommage que le journaliste donne son avis sur cette affaire.

Vous avez évoqué à de nombreuses reprises les arguments des victimes, si vous donnez la parole à la défense, pourquoi ne pas donner ses arguments, sans les réfuter en filigrane.

Non pas que je veuille défendre ce boug qui m’apparait antipathique, mais le journaliste n’est pas juge, n’a pas de formation pour cela, et ne connait surement pas tout le dossier, et devrait donc s’abstenir.

Par exemple cette phrase est orientée : « le début d’une procédure bien trop longue qui est le reflet de la difficulté qu’ont les femmes à libérer leur parole et obtenir justice. »

BoeufCarotte
Répondre à  viande roger
2 mois il y a

Les journalistes donnent toujours leur avis on est pas en corée du Nord…. Une phrase orientée : vous trouvez que 5 ans de procédure c’est pas long ? Essayez de mettre la même energie à comprendre ce que peuvent vivre les victimes plutôt qu’à remettre en cause la parole de journaliste qui ont suivi cette affaire tout au long de son déroulement et à défendre les agresseurs… Drôle de commentaire qui remet en cause les compétence de professionel, à croire que vos intérêts sont du côté de l’accusé…

jeanbaiselarak
2 mois il y a

Toutes on eu une promotion l’année suivant la condamnation.
Ok tout est dit.

bastos974
Répondre à  jeanbaiselarak
2 mois il y a

Pourquoi répandez vous des fake news ? Quelles sont vos sources ? Quels sont vos intérêts à défendre un agresseur ? Solidarité ?

babafigue
2 mois il y a

Il n’y a pas de fumée sans feu, ni de brume sans nuage hahaha

candide
2 mois il y a

Question : les victimes qui se sont « rétractées », où travaillent elles actuellement ? S’il n’y a que trois victimes, n’est-ce pas déjà suffisant pour avoir de forts doutes ?

voltaire
Répondre à  candide
2 mois il y a

Vous n’avez pas l’air de comprendre qu’une procédure s’étalant sur plusieurs années peut profondement marquer les victimes. Les raisons peuvent être multiples, vous avez l’air bien prompt à remettre la pariole des victimes en cause en ignorant ce qui a été dit par la justice, une enquête a été menée. Vous deployez une énergie douteuse pour défendre un affreux personnage, remettez vous en question.

candide
Répondre à  voltaire
2 mois il y a

Je ne remets rien en cause…vous n’avez pas compris ce que j’ai écrit, relisez donc !

Mat
2 mois il y a

Forcées..??
Toutes..??
… même si ce type est un pauvre mammifère en constante rute… j’y vois tout de même pas mal de légèreté de la part de ces femmes…

pktudefendlespointeurs?
Répondre à  Mat
2 mois il y a

Légéreté ? vous comprenez pas quoi dans les termes harcèlement et agression ? Il s’agirait de lire avec ses yeux et non avec son …
Si toutefois vous avez des limites cognitives qui vous empêchent une compréhension normale vous pouvez toujours vous rendre au tribunal pour y faire constatation en personne des faits et de l’enquête menée.
A moins que vous n’y aviez été durant toute la procédure…. Dans le box des accusés.

pktudefendlespointeurs?
Répondre à  Mat
2 mois il y a

Dis donc toi, pourquoi tu remets en cause la parole des victimes ? Si tu doutes de leur témoignage pourquoi tu ne vas au tribunal le dire en personne plutôt que de répandre des fake news sous pseudo ?

La justice et les enquêteurs ont fait leur travail alors pourquoi défendre un infâme personnage ? Il fallait aller au tribunal pour assister à la procédure à moins que vous n’y étiez déjà…. Dans le box des accusés.

Schneider
Répondre à  Mat
2 mois il y a

En voilà une logique bien tordue !
Insinuer que les propos des victimes sont sans doute exagérés juste parce qu’il est impensable que l’accusé en ait manipulé un si grand nombre… on croit rêver ! Cette « légèreté » que vous évoquez représente bien tout le mépris que vous avez à l’égard des victimes, et c’est navrant de bêtise. Tout ceci n’est pas un jeu, et les victimes ne portent pas de telles accusations par simple « légèreté ». Vous en seriez du moins convaincu si votre fille, votre epouse ou toute autre femme de votre entourage vous rapportait des faits similaires 😉 Plutot que de vous faire douter de la parole des victimes, le grand nombre de témoignages devrait au contraire vous faire vous interroger sur l’accusé. C’est une logique qui paraît du moins plus cohérente…

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