La situation est jugée critique par les agriculteurs qui attendent une signature pour démarrer la coupe de la canne d’ici la fin du mois. La Chambre d’agriculture est mobilisée aux côtés des planteurs. Mais son président, Frédéric Vienne, évoque déjà la nécessité d’une révolution dans la filière canne dans les cinq prochaines années : la mort de la production du sucre à La Réunion est évoquée.
Le président de la Chambre d’agriculture ne voit cependant pas les champs de canne être rasés du paysage de La Réunion : « La canne a toute sa place à La Réunion ! Mais est-ce que le sucre a encore sa place dans les industries ? » Il explique que la production locale ne fait pas le poids : « Le sucre, de par notre manque de compétitivité, est très concurrencé sur le marché européen. »
Frédéric Vienne propose donc de « trouver une alternative au sucre, dans le cadre d’une économie circulaire, tout en préservant la canne. » La Chambre verte pourrait donc aiguiller la filière canne vers d’autres productions : « Il y a énormément de dérivés possibles de la canne, comme les barquettes, l’éthanol ou le rhum de qualité« , liste le président de la Chambre d’agriculture.
Frédéric Vienne livre son analyse sur le bras de fer en cours entre les planteurs et les industriels : « Chaque négociation de la convention canne est compliquée et celle-là particulièrement dans le contexte dans lequel on est, notamment le contexte mondial dégradé après deux années de covid qui ont ralenti les activités commerciales. Cela explique que les coûts de production, des fertilisants, des engrais, des herbicides, ont augmenté de 100%. C’est ce que le gouvernement a compris tout de suite et qui a accompagné à hauteur de 14 millions supplémentaires la filière canne. »
Il pointe du doigt l’attitude des industriels pendant ces négociations : « Aujourd’hui, on demande aux industriels qui achètent nos cannes d’augmenter le prix à l’entrée de l’usine parce que c’est eux qui achètent. Il faut qu’ils montrent un signe d’engagement auprès des planteurs de canne. Il est inacceptable que les industriels ne se sentent pas concernés ! On est soi-disant des partenaires ! Il faut qu’ils fassent un geste, cela peut se faire par l’augmentation des recettes bagasse ou mélasse, la balle est dans leur camp. »