Elle tient à témoigner de son expérience « pour qu’aucun patron ne se croie au dessus des lois« . Sarah* exerçait dans la communication et le marketing quand elle a fait la rencontre de ses futurs employeurs. Ces derniers lui proposent de se réorienter et de venir travailler pour leur centre de beauté spécialisé dans l’épilation définitive à la lumière pulsée.
Séduite, la jeune femme qui n’a aucune expérience dans l’esthétique accepte et signe son contrat, un CDI en tant que technico-commerciale en juin 2015, étant entendu entre les deux parties que Sarah, après avoir suivi ses formations obligatoires, serait également amenée à « effectuer des cabines« .
En France, l’utilisation de la technique en centre de beauté a déjà pu faire l’objet de polémiques par le passé, des centres de dépilation ayant été condamnés pour pratique illégale de la médecine. La technique en effet peut s’avérer dangereuse sur les peaux mates ou bronzées et doit être utilisée avec une grande prudence. Les esthéticiennes doivent donc, non seulement être formées à l’utilisation de la technologie, mais aussi durant deux jours, faire valider leurs connaissances auprès d’un médecin agréé.
« J’avais l’impression de trahir la confiance des clients »
Problème, quelques semaines après avoir suivi une rapide formation auprès de la directrice d’un centre franchisé à La Réunion, Sarah se retrouve à officier sur ses premiers clients. Elle n’en blessera aucun mais d’autres clients pris en charge par une collègue ont été sérieusement brulés sous ses yeux.
« Ce travail de soin se fait dans l’intimité. Je me sentais vraiment mal, j’avais l’impression de trahir la confiance des clients« , raconte la nouvelle recrue, lancée dans ses fonctions sans validation de sa formation express. Et selon Sarah, elle ne serait pas la première ni la dernière à avoir pratiqué sans diplôme. « Nous avons joué avec la santé des gens« , déplore-t-elle. La jeune femme n’a reçu son certificat qu’en janvier 2016, soit sept mois après avoir commencé à pratiquer.
Consciente de l’illégalité de ces pratiques, elle en a référé à de nombreuses reprises à sa direction et au siège de la franchise en métropole. La première, excédée par ses demandes de mise en conformité, l’a poussée vers la sortie tandis que la seconde, la direction de cette célèbre franchise de métropole, n’a pas souhaité donner suite à ses signaux d’alerte.
Il ne faut pas hésiter à demander le certificat délivré par le médecin
« Mon objectif n’est pas de faire un procès sur la technique de la lumière pulsée mais de porter au grand jour des pratiques non conformes » dans certains centres de beauté, assure-t-elle. « Pour garantir leur sécurité, les clients ont la possibilité de demander à voir le certificat médecin« , ajoute la jeune femme.
Le cas de Sarah n’est pas isolé. Lors de son expérience dans cette entreprise disposant de nombreux salons de soins, l’ex-employée a croisé la route d’autres salariées sans diplôme pour ce genre de pratiques. Mais ces dernières ont préféré garder le silence pour continuer à simplement travailler.
En avril, Sarah a accepté la rupture conventionnelle proposée. Elle compte porter devant les prud’hommes « ces pratiques non conformes pour qu’ils cessent d’avoir cette attitude envers leurs employés. En un an, je suis juste la huitième personne à partir ! »
* prénom d’emprunt