Le risque de se retrouver « sans le sous du jour au lendemain » serait nul pour les clients des banques réunionnaises selon Xavier de Mascarel, directeur commercial à la BFC: « Evitons de faire du catastrophisme! Les clients de nos banques, que ce soit les particuliers ou les professionnels, n’ont rien à craindre. »
Pour le directeur de la BFC, ce sont surtout les actionnaires qui sont aujourd’hui en mauvaise posture, vu qu’un actif peut perdre en ce moment jusqu’à 50% de sa valeur. Xavier de Mascarel remarque qu’il y a en vérité plusieurs crises : « Tout est parti des Etats-Unis avec l’effondrement du marché des prêts immobiliers et hypothécaires à haut risque, à savoir les « subprimes », au second semestre de l’année dernière« .
La situation se complique sérieusement le 15 septembre dernier, à la suite d’un communiqué de la banque américaines Lehman Brothers, l’un des fleurons de Wall Street, qui se déclare en faillite, notamment pour protéger ses actifs. Depuis le début de la crise des subprimes, les actifs de la banque ont fondu de plus de 13 milliards de dollars…
Très vite après ce dépôt de bilan, la filiale britannique du groupe, le HBOS (Halifax-Bank of Scotland) est à son tour dans la tourmente boursière. Elle est vite placée en redressement judiciaire, afin de bénéficier, tout comme la banque mère, du plan administratif contre la faillite.
Ces événements ont eu pour effet d’accélérer la crise de l’immobilier aux Etats-Unis. Un grand nombre de banques américaines vont se retrouver à court de liquidité: en temps normal, les banques s’entraident en se prêtant mutuellement de l’argent. Mais les banques sont refroidies par la crise immobilière, et elles vont se crisper.
Cela engendre une seconde crise: la crise de confiance. Comme l’interconnexion des banques est aujourd’hui plus que jamais d’envergure internationale, le comportement des uns se répercute sur les autres. Les banques ne veulent plus se prêter leurs dépôts: c’est donc là le début d’une crise de confiance entre les banques.
Cette crise de confiance entraîne une crise de liquidité. Cette série d’évènement va rapidement engendrer une crise financière globale.
La conséquence est lourde: les bourses européennes chutent violemment.
Le président Nicolas Sarkozy, qui est à la présidence de l’Europe, prend les devants en décidant cette semaine de faire intervenir la BCE (Banque Centrale Européenne) en tant que régulateur du manque de liquidité. Celle-ci demande aux banques créditrices de lui transférer l’argent disponible, afin qu’elle-même puisse le réinjecter aux banques qui sont en difficulté.
Xavier de Mascarel note que certaines banques européennes qui sont encore « sur les rails » aujourd’hui ont le bon réflexe de s’approprier les banques en faillite, comme l’a fait par exemple la BNP Paribas en rachetant la Banque belge Fortis.
Etant donné l’urgence, le gouvernement français a décidé un plan de sauvetage de dernière minute: nationaliser partiellement les plus grandes banques. Ce qui ne va pas tout à fait dans le sens de la politique du gouvernement actuel… Mais « à la guerre comme à la guerre« .
Xavier De Mascarel pense que le fond du problème est l’absence d’une volonté de gouvernement unique des nations européennes : « Il faut une politique économique commune« . On peut toujours rêver… Ceci dit, on parle aujourd’hui de « plan européen de finance »!
Quoi qu’il en soit, souligne Xavier de Mascarel, les trois prochaines années risquent fort d’être compliquées. La croissance économique sera encore très faible voir nulle: « Nous sommes sans conteste dans une phase de récession pour l’ensemble des premières puissances économiques. »
Avec les pays producteurs tels que la Chine qui avancent pas mal de dépôts aux Etats-Unis ces derniers temps, on assiste probablement a une profonde modification de la carte économique mondiale.