Pour appuyer son propos, le Conseiller technique régional de la Ligue réunionnaise de football (LRF) rappelle que « l’on n’a jamais eu de garçon en Coupe du monde, mais on a eu Valérie Gauvin en 2019. Ça fait un changement important à souligner pour le plus haut-niveau ». Une évolution du regard sur les femmes dans le foot qui se fait autant dans l’île que sur le plan national.
Car ce changement s’imprègne de plus en plus au sein des amateurs de foot en France. Depuis le succès de la Coupe du monde féminine organisée en France en 2019, les femmes prennent de plus en plus de place dans ce sport longtemps considéré comme machiste. L’Europe a sur ce point un retard sur les États-Unis, qui considère ce sport avant tout comme féminin et dont les structures professionnelles sont en place depuis plusieurs décennies.
Aujourd’hui, les amateurs de ballon rond savent tous qui sont Wendie Renard, Amandine Henry, Marie-Antoinette Katoto ou Eugénie Le Sommer. Comme pour ses homologues masculins, Corinne Diacre suscite les mêmes débats sur sa légitimité à la tête des Bleues. Les journalistes et consultantes comme Laure Boulleau, Anne-Laure Bonnet, Estelle Denis, Carine Galli, Marie Portolano, Fransceca Antoniotti, Nathalie Ianetta et la précurseuse Marianne Mako font autant partie du paysage audiovisuel et sont souvent plus pertinentes que certains de leurs confrères.
De même, le football féminin commence à avoir ses frasques qui, ironiquement, contribuent à sa popularité. La sordide affaire opposant les joueuses du PSG Kheira Hamraoui et Aminata Diallo, soupçonnées d’avoir fait agresser la première, suscite un intérêt médiatique et un engouement des fans tant les rebondissements semblent tirés d’une série Netflix.
Et parmi ceux qui ont contribué à cet essor du football féminin, on retrouve l’exubérant président de l’Olympique Lyonnais. Alors que dans les années 2000 son équipe vit son âge d’or chez les hommes, Jean-Michel Aulas décide en 2004 de fonder la section féminine du club avec une ambition : tout gagner. Depuis, les Lyonnaises comptent 15 titres de championnes de France, 9 coupes de France, 2 trophées des championnes et surtout 8 Ligues des Champions. Le club rhodanien a entraîné dans son sillage le reste du championnat français.
Aujourd’hui, l’OL féminin est le club français avec le plus de titres, tous sports et genre confondus. Seul le Real Madrid chez les hommes peut se targuer de faire mieux. Et pour continuer à gagner, Jean-Michel Aulas a misé sur un talent de La Réunion.
Le 22 novembre dernier, Melvine Malard signait une prolongation de contrat avec l’Olympique Lyonnais, preuve de l’espoir placé en elle. Née en 2000, la Dionysienne a tout pour devenir la légende du football réunionnais. Formé au Saint-Denis FC, elle rejoint le centre de formation de l’Olympique Lyonnais à 14 ans. Conscients d’avoir déniché une pépite, les dirigeants lui font signer son premier contrat pro à 17 ans.
Elle fait ses débuts lors de la saison 2017-2018, mais ne joue que deux matchs sur les deux saisons suivant sa signature. Afin de ne pas ralentir sa progression face à la rude concurrence de l’effectif lyonnais, Melvine est prêtée en 2019 au FC Fleury 91 pour gagner en expérience et ne laisse pas passer l’occasion de se montrer. Elle est alors appelée en équipe de France des moins de 19 ans avec qui elle remporte le Championnat d’Europe et le titre de meilleure buteuse de la compétition.
Elle revient la saison suivante à l’OL pour jouer les doublures, mais les déesses du football en ont décidé autrement. La ballon d’or Ada Hegerberg et l’attaquante de l’équipe de France, Eugénie Le Sommer, se blessent et lui laisse le champ libre. Si lors de cette saison, elle ne marque pas en championnat, elle s’illustre en Ligue des Champions avec 4 buts et une passe décisive.
De quoi se faire remarquer par Corinne Diacre qui la convoque en équipe de France. La saison suivante, elle confirme avec 8 buts en championnat et 3 en Ligue des Champions. Elle est donc appelée pour l’Euro 2021, où elle inscrit un but contre l’Islande. L’aventure se termine en demi-finale face aux Allemandes, mais le rendez-vous est pris pour le mondial de l’année prochaine.
Côté palmarès, son armoire à trophée est déjà bien remplie. Deux fois championnes de France, une Coupe de France et surtout 4 Ligues des Champions pour celle qui n’a pas encore soufflé ses 23 bougies.
Si le sud est le principal pourvoyeur de footballeur ayant eu une carrière nationale, Saint-Denis semble être le « cheffe-lieu » du football péi. Née à Sainte-Clotilde en 1996, Valérie Gauvin intègre le centre de formation du Toulouse FC à l’âge de 12 ans. C’est en 2012 qu’elle débute chez les pros avec son club formateur en 2e division. En deux saisons, elle inscrit 33 buts en 31 rencontres, le tout avant ses 18 ans.
Le Montpellier HSC la recrute et c’est là qu’elle va exploser. Durant six saisons, elle inscrit la bagatelle de 65 buts. De quoi lui ouvrir les portes de l’équipe de France en 2015. Quatre ans plus tard, elle est la titulaire des Bleues lors du Mondial 2019 et devient au passage la première personne née à La Réunion à participer à une Coupe du monde. Malheureusement, l’aventure s’arrête en 1/4 de finale face aux futures gagnantes américaines.
En 2020, Valérie Gauvin s’engage à Everton dans le championnat anglais. Après une première saison réussie, elle se blesse et ne parvient pas inscrire le moindre but durant son deuxième exercice. Faute de temps de jeu, elle décide de tenter l’aventure américaine en rejoignant les North Carolina Courage en mars dernier. Là encore, des pépins physiques ne lui permettent pas de jouer la moindre minute.
Elle est transférée à Houston Dash en août dernier. Encore une fois, elle a du mal à s’intégrer à sa nouvelle équipe et ne joue que trois petits bouts de match, sans inscrire le moindre but. Néanmoins, elle va participer aux premiers playoffs de son équipe. Si elle vit une période difficile, Valérie Gauvin n’a que 26 ans et a les moyens de se relancer.
Melvine Malard et Valérie Gauvin peuvent inspirer les futures générations qui rêvent d’excellence. Pour cela, la LRN fait son possible pour former les champions de demain, comme nous le verrons dans le prochain article.