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Zinfosblog de Robert Gauvin : Jouer à se tenir par la barbichette

Quand les édiles de Saint-Denis et l’Architecte des Bâtiments de France ôtent toute crédibilité à leur projet de faire de notre chef-lieu une ville d’art et d’histoire…

Ecrit par Ange Amadat – le mercredi 27 avril 2011 à 20H57

Naguère les édiles de Saint-Denis et l’ABF firent donner la grosse caisse, embouchèrent trompettes et clairons pour faire assavoir au bon peuple qu’on allait voir ce qu’on allait voir : ils allaient faire taire les chicaneurs, les rodeurs de boute et autres râleurs de comptes en matière de respect du patrimoine. Ouvrez le ban ! On allait faire les choses en grand, car On oeuvrait à faire de Saint-Denis une ville au statut prestigieux de ville d’art et d’histoire… fermez le ban !…
Il nous semblait dans notre grande naïveté que l’une des premières étapes à observer sinon la première était de préserver le centre historique de Saint-Denis, de restaurer le patrimoine existant, de mettre en valeur le charme des cases créoles, de rechercher l’authenticité… Voyons en fait comment cela se passe sur le terrain …
Dans un passé récent (mais est-ce bien le passé ?) nous avons vu comment on rasait allègrement case et jardin créoles pour élever au premier plan un modèle réduit de case n’arrivant pas à dissimuler l’immeuble qu’on édifiait à l’arrière. On bétonnait sol, sous-sol et étage, sans compter la voie menant au garage…D’espace arboré, de cour fleurie, il n’en restait plus guère. Allez donc voir près de l’angle des rues Sainte-Anne et Juliette Dodu comment l’on a procédé. On a remplacé cour et jardin par deux minuscules pelouses, genre mouchoir de poche. En lieu et place des arbres on a placé sur le côté quelques buissons étiques, tout esquichés contre le mur … C’est ainsi que l’on bétonne un maximum et qu’on fait semblant de respecter case et jardin créoles. Aux yeux de qui pense-t-on ainsi faire illusion ? [(Voir le lien suivant: Le manguier du 141 de la rue Juliette Dodu a des états d’âme… (REEDITION) )]url:http://dpr974.wordpress.com/2011/03/05/le-manguier-du-141-de-la-rue-juliette-dodu-a-des-etats-d%E2%80%99ame%E2%80%A6-reedition/

Une technique un peu différente a été mise en œuvre rue de Paris dans le cas de la Maison de Boisvilliers qui était jusqu’alors un bâtiment inscrit sur la liste supplémentaire des monuments de France (excusez du peu !) : on a changé la répartition intérieure, on a modifié la forme du toit, on a construit un étage à l’arrière. En quoi, dites moi, cette maison est-elle encore un monument historique ? … Vous donnez votre langue au chat ? Eh bien, l’on a gardé la façade… !!! C’est là que réside toute l’astuce : c’est le triomphe de l’apparence, du trompe-l’œil, du faux semblant… C’est ainsi que procèdent l’ A.B.F et les responsables de la mairie de Saint-Denis : eux qui devraient protéger les cases créoles vont au-devant des désirs des promoteurs. [(Voir le lien suivant: MAISON DE BOISVILLIERS : EST-CE AINSI QU’ON RESPECTE L’HISTOIRE ? )]url:http://dpr974.wordpress.com/2010/09/14/maison-de-boisvilliers-est-ce-ainsi-qu%E2%80%99on-respecte-l%E2%80%99histoire/

Dans ce même ordre d’idées un lecteur vient de nous signaler un projet concernant une maison au 3 rue général de Gaulle à Saint-Denis, pas un palace, non certes, mais une case créole avec sa varangue, ses lambrequins, son jardin fleuri, sa terrasse, son letchi majestueux où la famille et les amis se réunissaient pour discuter, jouer aux cartes et boire le café…Pas un palais, mais un havre de paix, uneoasis sur laquelle le regard du passant, l’appareil-photo du touriste avaient plaisir à s’attarder. C’était une démonstration vivante de l’art de vivre créole.
L’ancien propriétaire est-il parti pour des cieux plus cléments ? Je l’ignore. Toujours est-il que le barreau est à présent clos en permanence, que les mauvaises herbes ont envahi le jardin et l’allée, que la clôture a été renforcée par des barbelés et qu’un panneau de permis de construire a été affiché.

Cette maison, il faut le savoir, est répertoriée sur la « carte des sites et secteurs à protéger » accompagnant le PLU, le Plan Local d’Urbanisme. Le fait qu’elle figure en jaune sur cette carte signifie qu’il s’agit d’un « immeuble à conserver, car c’est un bâtiment d’intérêt architectural voire de grand intérêt architectural ». Que va-t-il se passer ? Le panneau de permis de construire ne parle absolument pas de restauration, mais d’une nouvelle construction, d’un logement individuel et de bureaux. La hauteur du bâtiment sera modifiée, laissant supposer la construction d’un étage au moins… Le bâtiment changera donc d’aspect…S’il y a des bureaux il faudra aussi des parkings ; on peut donc s’attendre à voir le jardin pour l’essentiel disparaître sous le béton…
Nous allons, disaient ils, faire de Saint-Denis une ville d’art et d’histoire ; en fait les édiles de Saint-Denis, l’ABF et les promoteurs se tiennent par la barbichette pour effacer, à quelques exceptions près, ce que l’histoire nous a légué et qui fait le charme de notre ville. Allons–nous permettre encore longtemps que ce vandalisme se développe sous nos yeux ?

[Plus d’articles sur le Zinfosblog de Robert Gauvin]url:http://www.zinfos974.com/robertgauvin/

 

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