En moins d’un quart de siècle, deux émeutes ont secoué la Réunion, l’une en 1991 et l’autre en 2012. Est-ce pour les mêmes raisons ? De la réponse dépend la solution à la dernière. Il y a là matière à une investigation.
Le 24 Février 1991, c’est la saisie des émetteurs de Freedom qui mit le feu aux poudres. Pourquoi ? Camille Sudre avait créé illégalement, une chaine de Télévision, qui, par la diversité de ses programmes, parfois légers, avait pénétré dans tous les foyers et s’y était installé. En cassant Télé-Freedom, par la saisie susdite, le Préfet s’exposait à une accusation grave. Celle de détruire une télévision gratuite, pour faire place à une autre, que la rumeur disait imminente et qui serait payante. L’effet fut celui d’une bombe. Immédiatement Camille Sudre a réagi. Il se fit accusateur et se donna la stature d’un défenseur de « la liberté des Réunionnais ». En lançant un appel public à manifester, il était sûr d’être entendu, car le peuple s’était approprié « TéléFreedom ». Cette télé était devenue sa chose, son bien. Sa réaction à la suppression de Freedom fut celle d’un enfant à qui on arrache son jouet préféré. L’idole ayant donné le ton, c’est au cri de « liberté » que des milliers de personnes se sont rassemblées dans la rue, pour défendre ensemble « téléFreedom », leur bien à tous. La suite est connue : routes barrées, magasins incendiés, pillage, 9 morts… Les instincts excités s’étaient déchaînés. Paris s’en était ému. Et le 27 Février, Le Ministre Le Pensec arriva dans l’île par avion spécial. Il fut un peu perdu, il ne savait pas trop quoi faire. Satisfaire les émeutiers en autorisant Freedom à reprendre ses émissions, c’était sortir de l’Etat de Droit. Mais avec le temps, vu l’étendue des dégâts et le nombre de victimes, la tension baissa. Une échappatoire se présenta : Le dialogue avec les associations, déplaça les causes de l’émeute de Freedom vers le mal vivre, le manque d’emploi, les bas-revenus… Lesquels resurgiront avec force en 2012 sous le vocable « pouvoir d’achat ». La voie à un rétablissement de la paix était ouverte. Le retour de téléFreedom restait promis par les « Sudre », et le Ministre Le Pensec annonça 18 mesures d’ordre économique et social. Un Comité de suivi regroupant élus locaux et éventuellement des ministres fut mis en place. Effectivement le dit Comité s’est réuni une ou deux fois à Paris et des ministres y étaient. Puis, tout tomba dans l’oubli. Oubliés l’émeute et les émeutiers. Cela pour deux raisons, en 1993, une grave affaire de corruption, qui mit en cause, successivement, et le Conseil général et la Mairie socialiste de Saint-Denis capta l’attention des médias et de la classe politique ébranlée, tandis que se produisit l’alternance au sommet de l’Etat (1995). Oublié fut le peuple à qui on semble avoir dit une fois de plus « le fort fait ses évènements, le faible subit ceux que sa destinée lui impose ». La situation empira : chômage en hausse, population en hausse, manque de logements sociaux…
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