Zinfos974 : Le conflit s’éternise et la population s’agace des blocages, pensez-vous que d’autres moyens d’actions seraient possibles ?
L’heure est la recherche de solutions pour une issue au conflit. Chacun a bien compris la colère légitime des planteurs, mais c’est dans un climat d’apaisement et dans la rationalité que les solutions se dessineront et que les décisions doivent être prises. Je pense que le point d’équilibre d’un bon accord se trouve dans une augmentation sensible des revenus des planteurs, mais qu’il doit être soutenable pour l’industrie sucrière dans un contexte dominé par la disparition des quotas sucriers et une concurrence accrue sur le marché mondiale et européen de plus en plus sauvage. Nul ne peut s’extraire de cette double exigence et de cette réalité. Il revient à présent aux planteurs et à eux seuls d’apprécier la situation, de procéder à un examen attentif des avancées, qui bien qu’incomplètes, ont été obtenues.
Rappelons que la proposition de départ de Tereos était une augmentation de 49 centimes sur le prix de base, et que la négociation a permis d’atteindre 2,5 euros et même 3 euros pour 2016 et 2017. Il appartient aux planteurs, en responsabilité, de décider ce qu’il convient de faire. Existe-t-il encore des marges de manœuvre pour améliorer ces avancées ? C’est la question que les parlementaires poseront au Ministre de l’agriculture puisque l’Etat est en discussion avec Tereos.
Mais si l’on se situe dans une option psychologique dans laquelle soit Tereos gagnera contre les planteurs, soit ce sont les planteurs qui gagneront contre Tereos, alors nous sommes sûrs d’échouer pour une issue de conflit gagnante pour toute la filière et la Réunion. Une fois que nous aurons compris que Tereos n’est pas une association de philanthropie sociale, alors nous aurons compris quels sont les moyens d’actions les plus pertinents pour l’avenir.
Terreos n’a pas communiqué ses comptes de résultats, est-il normal en ce cas que l’État lui verse des subventions ?
C’est une question qu’il faut poser à l’État. L’objectivité oblige cependant à dire que tous les élus se sont mobilisés pour que ces subventions soient obtenues. Mais il faut bien comprendre que pour les élus lorsque des subventions sont allouées à Tereos elles ont pour objectif de consolider la filière canne-sucre et de permettre un meilleur revenu pour les planteurs. C’est ce que j’ai expliqué à Tereos.
À terme les subventions européennes vont s’arrêter, quel avenir voyez-vous pour la canne ?
La disparition des quotas sucriers et la multiplication des accords de libre-échange sont une chose, les subventions européennes pour l’industrie sucrière et les planteurs en sont une autre. Les aides de l’Union européenne inscrites dans le POSEI ont vocation à perdurer, elles ne sont pas remises en cause. De même que le soutien de l’Europe aux planteurs à travers le FEADER se poursuivra. Si des interrogations existent dans le monde entier et à la Réunion en particulier sur l’avenir de la canne c’est bien du fait de la réforme de l’organisation du marché du sucre. Celle-ci a été décidée en 2005, dix ans ont été perdus pour se poser les bonnes questions, les quotas seront supprimés en octobre de cette année, nous n’avons plus le temps d’attendre pour nous réinterroger, non pas sur la canne, mais sur tout le modèle agricole et économique de notre île.