On ne dira jamais assez combien il peut être dangereux parfois d’écouter des émissions de radio.
Ainsi l’autre matin j’écoutais tranquillement France Inter quand Xavier Bertrand m’a tuer. D’ailleurs un ministre des ses amis aurait déclaré un jour que « c’était le pire assassin en politique« . À la question du journaliste lui demandant ce qu’il pensait de la fiscalisation des accidents du travail il répondit (je cite de mémoire) : « J’ai des enfants et avec les déficits qui filent, j’ai peur pour eux, je ne veux pas qu’ils en souffrent« . Aussitôt une émotion telle m’envahit en pensant à ces malheureux que je succombais sur le champ. Cette petite mort étant éphémère, à mon retour dans le monde réel tout allait bien.
Mais tout de même, depuis le 6 mai 2002 la France est gouvernée par un gouvernement de droite (RPR, UMP) avec Raffarin, Villepin, Fillon et les déficits n’ont jamais filé autant. À croire que Xavier Bertrand dormait pendant tout ce temps et qu’il ne s’est aperçu de rien. Heureusement qu’il se réveille enfin. Déficit public prévu à 140 milliards pour 2009, déficit budgétaire réévalué à 79 milliards cette année contre 57,6 initialement prévus, déficit de la Sécu prévu à 30 milliards voire même 35 pour 2010 après 24 milliards cette année. On a trouvé un paquet pognon pour sauver les banques, 15 milliards pour le bouclier fiscal, 1 million pour le concert de Johnny le 14 juillet. On aura une perte de 2,5 millions de recette fiscale en baissant la TVA pour les restaurateurs. Et comme cela ne suffisait pas on nous promet un emprunt public qui coûtera plus cher à l’Etat qu’un emprunt sur les marchés à terme. Les exemples ne manquent pas : rente Pinay, indexée sur l’or, exonération totale, pas de droits de succession et coût de plus de 50% pour le Trésor obligé de rembourser par anticipation en 1973 ; emprunt Giscard, indexée sur le cours du lingot d’or coté en Bourse, 76,7 milliards de francs remboursés pour 6,5 récoltés ; emprunt Barre, 21 milliards récoltés pour un coût de plus de 50% ; emprunt Balladur, 110 milliards récoltés pour une facture estimée à plus de 180 milliards. Tous ces emprunts ont enrichi les riches bien sûr mais pour réduire le déficit de la Sécu on va fiscaliser les accidents du travail !
Petit rappel : l’indemnité journalière est égale à 60% du salaire journalier de référence pendant les 28 premiers jours d’arrêt, 80% au 29ème jour. À partir du 3ème mois le montant peut (appréciez ce verbe !) être valorisé. Bien entendu ces indemnités sont soumises à la CSG au taux de 6,2% et à la CRDS au taux de 0,5%.
Alors quand je vois dans la presse le procès en appel d’un accident du travail à la centrale de Bois Rouge en 2006, mon sang ne fait qu’un tour (en pensant aux enfants de Xavier Bertrand) car deux mécréants, en ne montrant pas une « marque visible de leur présence » dans une tour réfrigérante en maintenance ont causé un accident du travail susceptible de creuser encore plus le déficit de la Sécu. Ils ont de la chance dans leur malheur, si je puis dire, car si c’était arrivé après ce que nous mijote ce gouvernement ils se seraient mangé, en plus d’une baisse de revenu, une fiscalisation sur les indemnités. Et pour le blessé qui a dû faire un séjour à l’hosto, 18 €uros de forfait hospitalier par jour. Elle est pas belle la France !
Heureusement comme dit un personnage de l’humoriste Pancho : « Avec la montée du chômage il y aura moins d’accidents du travail« . En même temps il y aura moins de cotisations aussi, mais avec toutes les exonérations qui courent ça ne changera pas grand chose.
Quel facétieux ce gentil Xavier Bertrand ! Le voilà qui vole au secours de Jean, le fils de Nicolas, en précisant qu’il « tient sa légitimité de son élection » pour diriger le quartier d’affaires de la Défense (EPAD). Bien sûr qu’à 23 ans et deux années de droit c’est l’homme providentiel. Il sera peut-être un homme politique à la Coluche, deux années de droit et tout le reste de travers.
Pour en finir avec le président de l’UMP, il déclare sur le site de ce parti que la meilleure façon de redonner confiance dans la politique c’est déjà de tenir ses engagements. Encore une fois il devait dormir quand Sarkozy a prononcé cette phrase célèbre : « Il n’y aura pas de privatisation d’EDF et de Gaz de France. C’est clair, c’est net, c’est précis« . Sur un site flagorneur (TF1) il est le ministre de la Santé qui a réglé le problème du chikungunya à la Réunion. J’en ris encore.
Claude POTHIN
