« Dès son arrivée au club, il y a trois ans, j’ai tout de suite remarqué que William était le plus régulier aux entraînements« . Pour nous parler de l’une de ses graines de champion, Grégory Lefebvre commence par évoquer son tempérament.
« Il en a envie » poursuit le coach. Il faut dire que la discipline ne permet que très peu d’écarts. Le menu type d’une semaine d’un nageur du Natation Saint-Denis Réunion (NSDR) est pour le moins chargé. « Une séance de midi à 13h, plus une autre de 17h à 20h, du lundi au vendredi« . « Le week-end, il pratique son golf » en rigole l’entraîneur, certain qu’il ne faut pas cloisonner les loisirs d’un jeune de son âge.
En dehors des bassins, les jeunes du club de Saint-Denis sont également encadrés sur des exercices de PPG (pour préparation physique générale). pas question ici de musculation aveugle mais plutôt d’un suivi avec un kiné deux fois par semaine. Du fit-ball, de l’élastique, du gainage, du travail sur les lombaires… Chaque plongée est précédée d’une heure de préparation physique.
Ne pas partir trop tôt en métropole
« Il ne s’agit pas de briser la croissance des jeunes qui peuvent progresser en sprint jusqu’à l’âge de 27, 28 voire 31 ans ». A 13 ans, William Moulon est très loin de ces préoccupations. Il n’en est pas moins attentif. Pourra-t-il marcher dans les pas d’un Franck Schott ou d’un Boris Steinmetz ? Là-dessus Grégory Lefebvre, ex-nageur « de niveau modeste » dit-il en souriant, reste prudent : « Aujourd’hui, il a envie. Il s’en donne les moyens. Il est premier de sa classe. Au bout d’un moment il va falloir qu’il parte« .
Et justement, l’entraîneur a sa petite idée. « Il y a trop de jeunes locaux qui partent trop tôt en métropole. Il faut à mon avis, pour un jeune réunionnais qui quitte sa famille, s’installer dans un club du Sud de la France. Qu’il continue de voire la mer !« .
L’entraîneur du NSDR éviterait à ce titre d’envoyer un de ses gamins vers le centre pourtant réputé de Font-Romeu, situé dans les Pyrénées. « A côte de la natation, il n’y a rien. A cet âge, il faut aussi qu’ils sortent un peu de la natation. Mais avant de l’envoyer directement dans un club, je privilégierai un stage de quinze jours pour que le gamin prennent ses repères« .
Déjà des performances références
Aussi éloigné de la métropole et des pointures de la discipline, la natation réunionnaise n’est pas aidée selon Grégory Lefebvre par le peu de financements permettant d’emmener le plus de nageurs locaux sur des compétitions nationales. Un état de fait dommageable qu’il compare facilement aux sommes plus conséquentes investies dans le football local par les municipalités, et ce pour des résultats sans doute moins flatteurs que la natation.
En 2010, William s’est déjà fait remarquer en métropole. « Il a été le premier Réunionnais à s’imposer au Trophée Lucien Zins de Tarbes« . Une certaine Laure Manaudou s’y était imposée avant d’exploser aux J.O.
Ce matin, le jeune William a avalé sa série du 200 4 nages en 2’23″45. Il finit troisième de sa série. Sa journée continue cet après-midi avec les finales. Hier, il a réalisé la meilleure performance française en 2×100 papillon de sa catégorie d’âge. En 400m krawl, il était à 3 secondes de la meilleure performance chez les 13 ans. La voie semble toute tracée…