Officiellement, les Réunionnais sont soumis à un confinement « aménagé » depuis quelques jours.
Du lundi au samedi, leurs déplacements sont censés être limités à un rayon de 10 km autour de leur domicile. Au-delà, ils doivent produire un justificatif de déplacement pour aller d’un point A à un point B. Et les motifs d’exception sont normalement très encadrés.
Toujours autant d’embouteillages en ville
Ça, c’est la théorie.
Dans la pratique, il n’y a aucun changement ou presque.
Il y a toujours autant d’embouteillages en ville, preuve s’il en était besoin que les automobilistes continuent à circuler normalement.
Préserver à tout prix l’activité économique
Il faut dire que le gouvernement a souhaité préserver l’activité économique et permettre à tous les salariés de se rendre sur leurs lieux de travail et que les exceptions définies par la préfecture sont tellement floues et larges qu’ils permettent au citoyen lambda de facilement trouver une faille.
De nombreuses failles
Quand on regarde le document officiel téléchargé sur le site de la préfecture, on trouve comme exceptions :
1 ° Déplacements entre le domicile et le lieu d’exercice de l’activité professionnelle ou le lieu d’enseignement et de formation ;
2° Déplacements pour les consultations de soins ne pouvant être assurés à distance et ne pouvant être différés ou pour l’achat de produits de santé ;
3° Déplacements pour motif familial impérieux, pour l’assistance aux personnes vulnérables ou précaires ou pour la garde d’enfants ;
4° Déplacements des personnes en situation de handicap et de leur accompagnant ;
5° Déplacements pour répondre à une convocation judiciaire ou administrative ;
6° Déplacements pour participer à des missions d’intérêt général sur demande de l’autorité administrative ;
7 ° Déplacements liés à des transferts ou transits vers ou depuis les aéroports dans le cadre de déplacements de longue distance ;
8° Déplacements entre le domicile et le lieu d’exercice de l’activité sportive réservés uniquement aux sportifs de haut niveau, aux personnes en formation universitaire ou professionnelle aux métiers du sport, aux personnes disposant d’une prescription médicale d’activité physique adaptée, aux personnes en situation de handicap et de leur accompagnant et aux personnes assurant l’encadrement de ces publics.
9 ° Déplacements des élèves des établissements d’enseignement artistique spécialisés à l’exception de la danse et de l’art lyrique entre le domicile et le lieu d’enseignement
10° Besoins des animaux de compagnie dans un rayon de 1km autour du domicile
Rendre visite à la grand-mère malade
Dimanche dernier, j’ai plusieurs amis qui sont malgré tout allés à la plage à Saint-Gilles, alors qu’ils habitent dans le Nord. Quand je leur ai demandé s’ils n’avaient pas peur, ils m’ont répondu en rigolant : « Pas du tout. On a bien rempli l’attestation. On a coché la case « déplacement pour motif impérieux ». Je vais dire que je vais rendre visite à ma grand-mère qui habite à Saint-Gilles et qui est malade. Les policiers n’ont aucun moyen de vérifier« .
A leur retour de la plage, ils ont en plus ironisé sur le fait qu’il n’y avait eu aucun contrôle… Etonnez-vous ensuite qu’il y ait des embouteillages sur la route…
Plutôt que d’instaurer un confinement que personne ne respecte, peut-être aurait-il été plus judicieux de ne rien instaurer du tout. Il n’y a rien de mieux pour décrédibiliser la parole publique qu’une mesure qu’on n’applique pas.
La chasse aux soirées privées
Cela étant, la principale crainte du préfet semble être les soirées privées entre jeunes et les repas familiaux. Et là, les contrôles sont bien présents pour faire respecter le couvre-feu de 18h. Après avoir laissé une demi-heure aux automobilistes qui auraient eu un imprévu, les policiers effectuent des contrôles tous les soirs depuis lundi soir.
On verra s’il y en aura toujours autant vendredi et samedi soirs.
Mais les jeunes, qui sont aujourd’hui les principaux diffuseurs de l’épidémie, ont plus d’un tour dans leur sac. Comme par exemple d’arriver avant 18h chez un copain avec une grande villa, de faire la fête toute la nuit et de ne reprendre la route que le lendemain matin, quand le couvre-feu est levé et qu’on peut à nouveau circuler en invoquant une grand-mère très malade…
Et voilà comment les clusters impliquant des jeunes se multiplient !