Carl B. ne voit pas trop l’intérêt de la liberté. Sans travail et sans logement, ce SDF cherche un moyen d’être hébergé et nourri gratuitement. Certains se diront qu’il n’a pas tort. Mais à défaut de pouvoir se payer un hôtel cinq étoiles, Carl B. se contente de quelques étoiles de moins : la prison.
Jeudi dernier, le jeune homme entrait dans la gendarmerie de Saint-Benoît pour demander à être incarcéré. « Pas possible », lui répondent évidemment les gendarmes. Le lendemain il se rend donc au Jumbo Score de Sainte-Marie où il vole une barre chocolatée et une bouteille de Bourbognac. Il est arrêté sur place et embarqué par la police. « Je sais pas quoi faire, je veux retourner en prison », affirme-t-il. Mais pourquoi ? Se demandent les juges du tribunal correctionnel de Champ Fleuri, la procureure et même son avocate. « Pour me refaire un peu, me reposer, juste un mois », explique-t-il. Pourquoi ne pas aller dans les refuges ? « Il y a trop de SDF là dedans ».
« Je crains qu’il ne devienne de plus en plus violent »
Si cette histoire paraît d’abord comique, il n’y a, au final, rien de drôle. Carl B., originaire de Sainte-Suzanne, a 18 ans. Depuis deux ans, il n’a pas vu ses parents et sombre dans l’alcool. Et depuis mars 2017, il accumule les condamnations pour vol : d’abord du sursis, puis de la prison ferme. Sorti depuis le 25 novembre, il ne s’en sort pas : « J’ai hâte de rentrer en prison ; qu’on me prépare ma cellule », aurait-il déclaré aux policiers.
Que faire ? Se plier à sa demande ? La procureure demande une peine de prison ferme. Son avocate, un peu désemparée, s’inquiète de ce qui pourrait arriver : « Il a annoncé que s’il ne repartait pas en prison, il ferait pire. Je crains qu’il ne devienne de plus en plus violent ». Il a donc été condamné à 5 semaines de prison avec examen psychiatrique. Il sera jugé à nouveau le 14 janvier.