Arrêter la viande, le poisson, les œufs, le lait, le fromage, le miel, le cuir, les balades à cheval, les cirques… Arrêter tout ça pour abolir l’exploitation animale de sa vie et améliorer sa santé, respecter la vie des animaux et sauver la planète. C’est le message que cherche à transmettre la Société végane Réunion créée en mai dernier.
Si aucun recensement n’a encore été réalisé, l’association estime le nombre de véganes sur l’île à plus de 100. « Et il y en a de plus en plus, affirme Harris Kalidas, le président de la Société végane Réunion. « On cherche à se faire connaître auprès de cette communauté, même si les non-véganes qui soutiennent le principe sont aussi les bienvenus au sein de l’association ».
Avant toute chose, Harris Kalidas explique la différence entre être « végétalien », c’est-à-dire le fait de ne compter aucun produit d’origine animale dans son alimentation, et « végane », qui consiste à refuser toute exploitation animale, quelle qu’elle soit. Car selon les véganes, cette exploitation n’est en aucun cas nécessaire.
« Le plat traditionnel créole est végétalien »
A ceux qui pensent qu’un régime végétalien rime avec manque de protéines, Harris Kalidas répond : « La première erreur est de penser que les protéines se trouvent seulement dans les produits d’origine animale car on trouve toutes les protéines nécessaires dans les céréales et les légumes ». Il en est de même pour le calcium que l’on trouverait dans les végétaux, l’eau minérale et les choux. « Un litre d’eau minérale par jour suffit à apporter le calcium nécessaire, surtout pour une personne qui ne consomme pas de grandes quantités de protéines », ajoute-t-il. En effet, il explique qu’une consommation importante de protéines nécessite une digestion plus acide et pour rééquilibrer les taux d’acidité, le corps puise dans les os, ce qui peut entraîner une perte de calcium.
1000 milliards d’animaux tués par an
Si bon nombre de végétaliens le sont devenus pour des raisons de santé, le président de l’association fait partie de ceux dont l’éthique a poussé à totalement changer de vie.
« Il n’est pas question de mettre la survie d’une espèce avant une autre, tient-il à préciser, mais si la souffrance animale est inutile à notre bien-être, il faut l’abolir ».
Il évoque les vaches laitières inséminées chaque année, pour voir leurs veaux mâles retirés, engrossés puis abattus pour leur viande au bout de six mois ; ou encore les poules pondeuses qui n’ont jamais vu la lumière du jour et dont les poussins mâles sont broyés vivants, et la pêche intensive qui déstabilise l’écosystème marin et qui cause la mort d’innombrables animaux protégés.
Chaque année, 60 milliards d’animaux terrestres sont tués et si on y ajoute les animaux marins, ce sont 1000 milliards… « C’est le pire massacre qui ait jamais existé », s’indigne Harris Kalidas.
Le véganisme : le prochain grand mouvement social?
Mais comment nourrir les sept milliards d’habitants de la terre? « Il faut que chacun change ses habitudes. La première empreinte de chacun sur notre planète passe par notre alimentation, affirme-t-il. L’élevage est le premier facteur du gaz à effet de serre, de la déforestation et de la pollution de l’eau… et ce n’est même pas nécessaire ».
Mais l’Homme le réalisera, il en est persuadé. Comme l’abolition de l’esclavage ou les droits des femmes, le véganisme progressera à son tour, selon lui, d’ici une cinquantaine d’années. « On a fait beaucoup de progrès dans tous les domaines, donc peut-être que le progrès du passé permettra une accélération de ce mouvement-là pour que le véganisme devienne la norme », espère-t-il.
« C’est un mouvement qui n’a ni politique ni religion, seulement du cœur et de la raison », termine-t-il.
Rendez-vous le 1er novembre, Journée mondiale du véganisme, à la Trinité pour un pique-nique de 9h à 18h organisé par la Société végane Réunion.
Certaines études ont en effet établi qu’un excès de consommation de produits d’origine animale est un facteur important de maladies telles que le diabète, le cancer ou les pathologies cardio-vasculaires.
Autre inquiétude : le fer. « On trouve également tout le fer nécessaire dans les végétaux et son absorption est facilité grâce à la vitamine C », assure-t-il.
Il n’y aurait donc aucune protéine ni vitamine que l’on ne peut trouver dans un régime végétalien… sauf la B12. « Cette vitamine est stockée chez les animaux mais ils n’en sont pas la source, précise le président. La seule source connue pour le moment sont des bactéries et cela a été découvert en 1948. Donc depuis 1948, on peut être réellement végétalien et ne manquer de rien, grâce aux compléments alimentaires de B12 ».
Harris Kalidas rappelle enfin que le plat traditionnel créole est végétalien : riz (céréales), grains et rougail (légumes). « C’est comme ça que mangeaient nos grands-parents ».