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Visite présidentielle: Cyrille Melchior « Alon Met’ Ansamb »

Maintenant que la visite présidentielle est derrière nous, que les remous de son actualité se sont apaisés, il est possible d’examiner sereinement les annonces d’Emmanuel Macron et leurs implications si l’on veut qu’elles deviennent des réalités, conformément à la volonté du Président et aux nécessités du développement de La Réunion. Par le passé, à l’occasion […]

Ecrit par Zinfos 974 – le samedi 02 novembre 2019 à 11H43
Maintenant que la visite présidentielle est derrière nous, que les remous de son actualité se sont apaisés, il est possible d’examiner sereinement les annonces d’Emmanuel Macron et leurs implications si l’on veut qu’elles deviennent des réalités, conformément à la volonté du Président et aux nécessités du développement de La Réunion.

Par le passé, à l’occasion d’autres visites officielles, trop de déclarations toutes plus solennelles les unes que les autres n’ont pas eu les résultats escomptés, faute de suivi, faute de volonté politique, faute de méthode adéquate. Il faut rompre avec cette fâcheuse habitude et il nous appartient de faire en sorte que ça marche. Ensemble, le Gouvernement, les Collectivités locales, tous ceux qui sont aux commandes doivent décliner les orientations présidentielles afin qu’elles se concrétisent pour le mieux-être de nos compatriotes et pour le développement de La Réunion. Et cela, même s’il est nécessaire d’aller plus loin.

Au cours de son déplacement à La Réunion, le Président de la République a, en effet, avancé de nombreuses annonces, concernant aussi bien les urgences auxquelles il faut répondre que des orientations fortes pour l’avenir. Le Président a montré qu’il faisait siennes les préoccupations des Réunionnais et a tenté d’y apporter des réponses. Il l’a fait plus particulièrement dans trois domaines : l’agriculture, la vie chère et l’emploi.

Les annonces ont été fortes dans le domaine agricole, qui est de la compétence du Département. Emmanuel Macron s’est engagé sur le devenir de la filière canne à sucre, sur la leucose bovine, sur la nécessité de développer de nouvelles filières (café, thé, cacao, plantes médicinales…) et a annoncé un fonds d’aide à l’agriculture portant les crédits dédiés à 45 millions d’euros.

La question de la vie chère a été abordée à plusieurs reprises. En ce domaine, diverses mesures ont été mises en œuvre par le passé avec des résultats mitigés. Se refusant à réglementer les prix, le Président s’en remet à la concurrence et a dit sa volonté de la favoriser dans les secteurs (aérien, distribution, production locale…) où des situations de monopole, ou des ententes, maintiennent des niveaux de prix anormalement élevés.

Un des axes forts des déclarations présidentielles a trait à l’insertion, à la formation et à la lutte contre le chômage qui sont au cœur même de notre malaise social. 700 millions d’euros sur 3 ans sont consacrés à la formation et à l’emploi. Parmi les nouveautés, l’extension à l’ensemble de l’île des emplois francs comportant une prime aux employeurs de chômeurs de longue durée, l’autorisation du cumul du RSA, cumul RSA / formation et de l’emploi à temps partiel, la garantie de 12 000 emplois aidés par an et une exonération des charges patronales jusqu’à deux fois le SMIC dans certains secteurs…

On peut toujours objecter que ce n’est pas suffisant, mais l’objectivité amène à reconnaître que certaines mesures (emplois francs, cumul RSA / emploi partiel) constituent de vraies avancées, autant de réponses à des préoccupations maintes fois exprimées… Le Département se réjouit tout particulièrement que le RSA, jusqu’ici à sa charge, soit à partir du 1er janvier 2020 payé par l’Etat. Notre collectivité départementale aura davantage de marges de manœuvre pour agir plus en faveur des publics les plus vulnérables. Ce que le Département n’aura plus à payer pour la gestion du RSA sera autant de moyens et d’argent à investir pour l’Homme réunionnais.

Le Président a abordé bien d’autres questions, au fil des demandes ou des interpellations, montrant qu’il est au fait de nos problèmes, ce que chacun a reconnu, mais en évitant, avec raison, de multiplier les annonces. Par le passé, en effet, des catalogues entiers de mesures étaient établis mais entraient rarement dans les faits, formant un ensemble peu cohérent d’où rien ne ressortait. Le Président Emmanuel Macron s’en est tenu à l’essentiel.

Le Président ne s’est pas contenté de traiter des défis du présent, lesquels remontent souvent à des décennies. Il a aussi tracé des perspectives d’avenir, ouvrant de nouveaux horizons, même si dans certains cas, quasiment tout reste à faire.

Chacun a été frappé par l’important discours de la NORDEV sur la nécessité de l’ouverture de La Réunion au monde. Le Président y a évoqué le rôle de la France dans la région Indopacifique, vaste zone stratégique englobant les océans Indien et Pacifique, allant de la côte orientale de l’Afrique jusqu’à la côte occidentale des Amériques, dominée par la compétition Etats-Unis / Chine.

Pour rappel, cette zone représente 22 000 milliards de dollars de PIB. A titre de comparaison, le PIB de la France atteint 2 583 milliards de dollars. Les terres françaises semblent bien marginales dans cet ensemble, mais le Président a insisté sur la nécessité d’agir pour la stabilité, la sécurité et le développement du Sud-Ouest de l’océan Indien en leur demandant de s’appuyer sur le Mozambique, Madagascar, l’Afrique du Sud et l’Inde. Il a souligné le rôle des échanges avec l’environnement régional dans la lutte contre la vie chère ou dans le développement des entreprises, La Réunion devant devenir une terre d’investissements.

Le Président s’est fait aussi le chantre du développement des filières locales, visant notamment l’autosuffisance alimentaire à l’horizon 2030 et l’exportation de produits de qualité. C’est le plan « AgriPéi 2030 ». Celui-ci s’inscrit dans le cadre plus général d’un développement économique plus endogène, tel que le préconise le nouveau livre blanc de la production locale intitulé « Produire l’avenir » dans lequel industriels, éleveurs, fruitiers, maraîchers, pêcheurs, aquaculteurs, coopératives, indépendants et sucriers veulent « produire pour donner un avenir durable à La Réunion ».

C’est un moyen de créer des emplois et des richesses et d’aller vers une plus grande sécurité alimentaire, le cas échéant en complémentarité avec les pays de l’Indianocéanie, dans le prolongement de programmes menés par la Commission de l’océan Indien avec des financements européens et internationaux.

Enfin, avec l’annonce des mesures concernant l’emploi et la formation, ou encore de la recentralisation du RSA, les conditions sont réunies pour la mise en œuvre d’une politique plus efficace d’inclusion sociale et professionnelle des trop nombreux laissés-pour-compte de notre modèle socioéconomique.

Le Président a ainsi ouvert des pistes, annoncé des mesures, sans doute perfectibles, mais « allant dans le bon sens » pour la majorité de nos concitoyens, il a montré un cap. Pour autant, face à la situation sociale « hors-normes » de La Réunion et devant la relative impuissance des politiques publiques constatée depuis des décennies, il est « normal » pour certains d’être sceptiques, de voir le verre plutôt à moitié vide qu’à moitié plein, de craindre que ces annonces, pas plus que les autres antérieurement, ne soient guère suivies d’effet. Mais jusqu’à quand va-t-on se dire que « les choses ne changeront jamais »?

La Réunion doit sortir de la délectation morose où elle se complait trop souvent et saisir, sans hésiter, les perches tendues par le Président. Ce que je retiens de cette nouvelle façon de faire de la politique, c’est cet appel à nous, acteurs locaux, citoyens, corps intermédiaires, chefs d’entreprises, élus, à faire ensemble, à travailler ensemble, à écrire ensemble un nouveau modèle pour La Réunion. Mais pour y arriver, il est temps je le crois en conscience pour l’ensemble de la société réunionnaise, au-delà des dogmes, des ambitions personnelles, des questions d’égo d’agir dans le même sens, d’avancer au service de l’intérêt général car plus celui-ci sera porté solidairement par les forces vives de La Réunion plus notre île avancera dans son siècle.

Au Gouvernement de « décliner » en mesures stratégiques ou opérationnelles les orientations présidentielles. A nos parlementaires de veiller à leur mise en œuvre par le Gouvernement. Aux Collectivités locales de proposer des actions dans le domaine de leurs compétences. A la société civile de se saisir de toutes les possibilités offertes… Nous sommes collectivement responsables du devenir de notre île. Sans doute le temps est-il venu de mettre les choses à plat, de comprendre comment on en est arrivé là, de tirer les leçons des réussites comme des échecs. Et de repartir sur de nouvelles bases, avec un nouvel esprit, en changeant, si nécessaire, de logiciel.

Une visite, des déclarations ou des annonces présidentielles ne suffisent évidemment pas à résoudre des problèmes qui durent depuis des décennies. On peut aussi juger que les mesures annoncées – souvent critiquées avant même d’avoir été analysées – ne sont pas à la hauteur des problèmes posés. On peut même regretter que la nécessité d’un projet réunionnais basé sur les spécificités de La Réunion et sur la culture locale n’ait pas été plus clairement affirmée et prise en compte. Mais le Président a montré qu’il savait faire preuve d’écoute. En conclusion, je voudrais lancer un appel solennel afin que nous puissions changer de logiciel. Sortons de cet esprit de division qui nous fragilise.

Retrouvons cette fierté réunionnaise pour que La Réunion devienne la lumière de l’archipel France, en élaborant avec l’ensemble des forces vives de notre belle île, le projet de La Réunion du 21ème siècle. A nous de comprendre et de faire comprendre nos réalités, d’avancer sans attendre sur les pistes ouvertes par le chef de l’Etat et d’incarner nous-mêmes ce projet réunionnais porteur de sens et d’avenir.

Le Président a proposé de « tend’ la main », moi, je réponds « alon met’ ansamb! »

 

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