Mardi matin, Gérald Darmanin a qualifié la LFI et le RN « d’ennemis », créant un tollé jusque dans les rangs de la majorité présidentielle. Le déplacement s’annonce donc difficile pour le ministre de l’Intérieur dans une île où ses ennemis sont ultra-majoritaires.
Depuis près de 2 semaines, les planteurs se mobilisent au sujet des négociations de la convention canne. Cet épineux dossier qui oppose les planteurs et les industriels a débordé le cadre des négociations pour se terminer dans la rue. Les agriculteurs ont organisé, depuis, plusieurs blocages sur les routes de l’île.
Mardi dernier, ils ont été rejoints par les transporteurs qui protestent, de leur côté, contre l’augmentation du prix des carburants. Ces derniers ont amené leurs camions aux côtés des tracteurs qui bloquaient le Barachois. Les professionnels de la route ont obtenu une rencontre avec le ministre délégué, ce qui a mis fin à leur mouvement. Ils rappellent toutefois que le mouvement pourrait reprendre s’ils ne se sentaient pas écoutés.
Les planteurs ont poursuivi le mouvement même si les syndicats ont appelé au calme en affirmant l’implication de l’État dans les négociations avec Téréos. Auront-ils droit à un entretien ?
Si les transporteurs ont bien obtenu un rendez-vous avec Jean-François Carenco, le reste de la population aura une oreille attentive sur l’issue des pourparlers. Le sujet des carburants est explosif dans l’île et mieux vaut ne pas se risquer à en être l’étincelle.
Mercredi, la Région et le Département ont annoncé une aide exceptionnelle pour ramener la bouteille de gaz à 15 euros jusqu’à la fin de l’année. Une mesure pansement dans l’espoir de mesures structurelles. Huguette Bello a également annoncé qu’elle demanderait aux ministres de maintenir le dispositif de remise de 15cts/litre.
Les prix du carburant ont atteint un record dans le département. Avec 1,94€/litre pour le sans-plomb et 1,64€/litre pour le gazole, le tout avec la remise gouvernementale de 15 centimes, jamais les Réunionnais n’ont eu à débourser autant après un passage à la pompe.
Si les prix restent plus bas qu’en métropole, utiliser cet argument pourrait très mal passer en raison du thème suivant.
En temps normal, vivre à La Réunion coûte 30% plus cher que vivre en métropole. Malheureusement, cela fait deux ans que le « temps normal » s’est arrêté. Avec la crise Covid et la guerre en Ukraine, le pays connaît une inflation historique qui se répercute à La Réunion. L’île enregistre une inflation de 3,8% cette année, du jamais vu depuis 20 ans.
Cette problématique qui touche l’ensemble des territoires ultramarins sera un dossier que Jean-François Carenco aura à traiter durant tout son mandat. Aura-t-il apporté des premières réponses dans ses valises ?
Comme en métropole, La Réunion connaît une reprise de l’épidémie. L’île a enregistré 2000 nouveaux cas cette semaine, mais pas de quoi mettre la pression sur le système hospitalier. Néanmoins, les ministres pourraient annoncer des mesures sur le sujet.
Lors des dernières élections présidentielles et législatives, La Réunion a clairement fait savoir au président de la République qu’elle ne lui était pas favorable. Un message envoyé par une majorité des Outre-mer qui lui ont historiquement préféré Marine Le Pen au second tour.
Un résultat électoral qui a probablement encouragé le déclassement du ministère des Outre-mer sous la tutelle de la place Beauvau. Ce choix de ne nommer qu’un ministre délégué aux territoires ultramarins sera fortement commenté et demandera des réponses de la part des ministres concernés.
Gérald Darmanin, qui n’est pas le ministre avec la meilleure côte de popularité, devra parvenir à convaincre des bonnes intentions du gouvernement pour l’Outre-mer. Une mission difficile qui pourrait avoir des conséquences en cas de faux pas.