« Ces chiffres montrent l’ampleur du chemin qu’il reste à parcourir pour éradiquer les violences faites aux femmes » conclut le préfet de La Réunion Amory de Saint-Quentin. Un chemin qui semble sans fin tant la situation est grave. Si depuis la campagne #MeToo sur les réseaux sociaux notamment, la parole des femmes s’est libérée, avec un plus grand nombre de déclarations de faits de violences; le nombre de ces mêmes faits, lui, reste stable voir augmente considérablement depuis 2002 en fonction de leur nature :
L’espace public réunionnais plus sexiste qu’en métropole
Plus d’une Réunionnaise sur trois déclare avoir subi au moins un fait de violence dans l’espace public au cours des 12 derniers mois, contre une femme sur 4 en métropole. Sur notre île, trois fois plus de femmes rapportent subir des propositions sexuelles insistantes malgré leur refus, et 2% d’entre elles ont subi des attouchements ou des baisers forcés.
Ces faits se sont majoritairement déroulés dans des lieux hautement fréquentés par les femmes (77%), tels que des centres commerciaux, des rues commerçantes ou des transports en commun, et le plus souvent en pleine journée (62%).
Ce sont les jeunes femmes qui ont entre 20 et 29 ans qui sont le plus souvent victimes d’insultes, de sifflements, d’interpellation sous un prétexte de drague, ou le plus souvent suivies par un individu. Et les auteurs de ces actes répugnants sont quasi exclusivement des hommes.
Une Réunionnaise sur 20 victime de harcèlement sexuel au travail
À La Réunion, une femme sur 20 rapporte des faits de harcèlement sexuel au travail contre une femme sur 30 en métropole. Ce chiffre a été multiplié par 5 depuis la dernière étude Enveff réalisée sur notre île en 2002. Une augmentation qui s’explique probablement d’abord par un nombre plus important de dénonciations qu’auparavant suite au mouvement #MeToo.
Encore une fois, les victimes sont principalement des jeunes femmes entre 20 et 29 ans (9%), mais le harcèlement sexuel au travail reste présent tout au long de la vie professionnelle des femmes réunionnaises.
Les cadres et les femmes des professions intermédiaires (infirmières, assistantes sociales etc.) sont les plus concernées par ces violences. Les femmes travaillant pour des associations ou pour l’État sont plus nombreuses à rapporter des faits de harcèlement sexuel que celles travaillant en entreprise.
Au-delà du harcèlement sexuel, c’est une Réunionnaise sur 4 qui déclare avoir subi des faits de violence sur son lieu de travail, tel que des insultes, des intimidations, brutalités ou menaces. Un phénomène qui touche également les hommes, 25% des interrogés ont également déclaré avoir subi au moins une fois ces violences au cours des 12 derniers mois.
Encore une fois, les auteurs de ces violences sont principalement des hommes.
Les violences faites aux femmes au sein du couple n’ont pas diminué depuis 2002
Quelles que soient les formes de violences déclarées, elles restent plus importantes qu’en métropole : les insultes notamment sont deux fois plus importantes chez les Réunionnaises interrogées.
Les femmes ayant quitté leur conjoint dans l’année déclarent des faits de violences plus graves et en plus grand nombre : 6% d’entre elles ont été menacées de mort et 3% ont été menacées avec une arme voire ont subi une tentative de meurtre.
« Les violences conjugales, ce n’est pas que l’image de la femme battue » explique l’INED, qui fait la lumière sur les violences psychologiques subies par une femme sur trois à La Réunion. Ces violences se traduisent par un contrôle de la personne, une dévalorisation, une atmosphère menaçante à la maison, empêcher l’accès à l’argent, ou encore des menaces sur les enfants.
Le principal sujet de dispute dans les relations conflictuelles concerne la répartition des tâches de la vie quotidienne (34%) et l’éducation des enfants (27%).
Enfin, si ces violences touchent toutes les catégories socioprofessionelles, les femmes sans activité ou sans emploi sont plus nombreuses à être victimes de violences dans le couple. Et plus elles ont d’enfants, plus elles déclarent de faits de violence.