Revenir à la rubrique : Faits divers

Violences conjugales : « Il nous faut plus de moyens », réclament les procureurs

"La lutte contre les violences conjugales est une priorité nationale, elle est une priorité de tout le ministère public du ressort : du procureur général, des 2 procureurs de la République de la Réunion et des magistrats de leurs parquets", expriment Caroline Calbo et Eric Tufféry. Leur communiqué :

Ecrit par N.P – le lundi 07 juin 2021 à 18H12

Depuis le Grenelle contre les violences conjugales, beaucoup d’efforts ont été faits pour renforcer et coordonner les savoir-faire et les ressources entre l’institution judiciaire (magistrats, SPIP, établissements pénitentiaires,…), les services de l’État, les associations (Réseau-VIF, ARAJUFA, SCJE,…), les structures d’accueil et de soin (CHU, médecins du réseau de proximité), les avocats, les collectivités territoriales etc.

La lutte contre les violences conjugales passe en effet par la mobilisation générale de l’ensemble des acteurs concernés, dont l’action conjuguée permet chaque jour de mettre en oeuvre différentes mesures pour protéger les victimes de violences, harcèlement, menaces, faire cesser ces divers infractions et les faire sanctionner par des réponses pénales adaptées, d’une part à la nature et à la gravité des actes, et d’autre part à la personnalité du mis en cause.

Si la survenance de chaque drame conjugal donne lieu à de légitimes interrogations voire à des inspections afin de rechercher d’éventuelles failles dans la prise en compte des situations concernées, les procureurs de la République, qui se retrouvent en première ligne dans cette recherche de responsabilité, tiennent à rappeler que le responsable d’un crime ou d’un délit est avant tout son auteur, et que la justice et ses partenaires ne peuvent pas, à eux-seuls, résoudre la problématique des violences conjugales, qui représentent un phénomène de société beaucoup plus large.

Repérer et protéger les victimes de ces violences, construire une procédure permettant de sanctionner les auteurs des faits par des réponses adaptées à la gravité de leurs actes et à leur personnalité, suivre l’exécution des mesures prononcées et veiller à leur effectivité, nécessite de la part des services de police et de gendarmerie, de la part du parquet et de la part des services d’insertion et de probation toujours plus d’investissement humain. Il nous faut des enquêteurs et des magistrats bien formés et en nombre suffisant, ainsi qu’un service d’insertion et de probation suffisamment étoffé et disponible.

Chaque jour, les magistrats du parquet traite, le plus souvent dans l’urgence, des centaines de procédures, 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24, certaines de faible intensité et d’autres d’une extrême gravité, le plus souvent sur la base de comptes-rendus des services de police et de gendarmerie et de signalements institutionnels. Parfois aussi le courrier d’un particulier, parmi les dizaines qui arrivent chaque jour au parquet, recèle toutes les caractéristiques d’une situation de danger et appelle le déclenchement immédiat d’une enquête.

Concrètement, les parquets de la Réunion ont développé ces dernières années de multiples actions dans ce domaine, notamment :

– renforcement du dispositif d’évaluation des victimes en temps réel et du soutien psychologique et social – renforcement de la prise en charge médico-judiciaire des victimes 

– développement du TGD – suivi resserré des dossiers préoccupants notamment des mis en cause placés sous contrôle judiciaire dans l’attente de leur audience

– développement du recours au stage de sensibilisation sur les violences au sein du couple

– défèrement des auteurs de violence les plus graves et placement sous contrôle judiciaire de ceux demeurant libres

Par le présent communiqué, les procureurs de la Réunion entendent relayer localement l’appel de la conférence nationale des procureurs de la République (CNPR) et rappeler que les parquets, destinataires, de 47 circulaires depuis janvier 2021 dont 10 en matière de violences conjugales depuis février 2020, ne pourront mettre en oeuvre toutes ces préconisations sans moyens dédiés supplémentaires tant pour les différents acteurs avec lesquels ils travaillent que pour les parquets eux-mêmes.

Pour mettre en œuvre la justice de proximité fin 2020, nous avons reçu très rapidement des moyens nouveaux fléchés, et les avons immédiatement utilisés pour développer de nouvelles actions. Il faut faire la même chose en matière de lutte contre les violences conjugales, en dotant chaque parquet d’assistants dédiés spécifiquement à cette grande cause nationale.

Caroline Calbo
procureure de la République procureur de la République
tribunal judiciaire de St Pierre tribunal judiciaire de St Denis

Eric Tuffery
procureur de la République
tribunal judiciaire de St Denis

 

Thèmes :
Message fin article

Avez-vous aimé cet article ?

Partagez-le sans tarder sur les réseaux sociaux, abonnez-vous à notre Newsletter,
et restez à l'affût de nos dernières actualités en nous suivant sur Google Actualités.

Pour accéder à nos articles en continu, voici notre flux RSS : https://www.zinfos974.com/feed
Une meilleure expérience de lecture !
nous suggérons l'utilisation de Feedly.

S’abonner
Notification pour
0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires

Dans la même rubrique

Soupçons d’emplois illégaux à la Région : « La fin ne saurait justifier les moyens »

La procureure de la République Véronique Denizot a demandé la condamnation des 11 prévenus de l’affaire des emplois présumés illégaux de la Région, ce jeudi lors de la quatrième journée du procès, une peine de 5 ans d’inéligibilité étant notamment requise pour l’ancien président Didier Robert, visé pour prise illégale d’intérêts et détournement de fonds . L’actuelle mandature de la Région, partie civile du procès, a demandé un préjudice à hauteur de 1,5 million correspondant à la somme des salaires versés aux huit conseillers techniques poursuivis pour recel.

Soupçons d’emplois illégaux à la Région : « Nous étions des facilitateurs »

Au troisième jour du procès sur les emplois présumés fictifs à la Région sous les mandats de Didier Robert, six prévenus ont témoigné, affirmant leur engagement et leur innocence. Yves Ferrières, Sabrina Ramin, Yannick Gironcel, Jean-Charles Maroudé, Ravy Vellayoudom, et Yoland Velleyen ont décrit leurs rôles sans pour certains fournir cependant des détails concrets sur leurs missions. Le procès continue aujourd’hui avec les dépositions attendues de Vincent Bègue et Didier Robert et les réquisitions du parquet qui permettront sans doute d’en savoir plus sur ce qu’a révélé l’enquête menée par les policiers parisiens.

Un incendie se déclare dans un immeuble SIDR à Saint-Denis

Ce mercredi peu avant 19 heures, un appartement situé au 1er étage de la résidence SIDR Camp Jacquot situé à l’angle de la rue Camp Jacquot et général de Gaulle à Saint-Denis a pris feu. Les sapeurs pompiers ont déployé la grande échelle pour accéder à l’appartement en proie aux flammes. Fort heureusement, il n’y a pas de blessés à déplorer. Par mesure de précaution, l’ensemble de l’immeuble a été évacué.