Après près de 10 heures passées dans les locaux du palais de justice de Saint-Denis, le juge d’instruction, Hakim Karki, s’est vu notifié sa mise en examen dans le cadre de l’affaire de viol sur une jeune femme à Mayotte. La décision a été prise dans le bureau du juge d’instruction, Jean-Pierre Niel, suite à une délibération de trois juges d’instruction.
Et après plusieurs heures supplémentaires passées dans le bureau de la juge des libertés et de la détention, Hakim Karki s’est vu signifié son placement en détention provisoire.
Son avocat, Me Nicolas Normand, s’est exprimé à l’annonce de la décision. « Après un premier interrogatoire de première comparution devant trois juges d’instruction, qui eux-mêmes ont décidé que le contrôle judiciaire était suffisant, le parquet a décidé de passer outre et saisir comme il en a le droit pour insister sur la demande de placement en détention de M. Karki. Et il a eu gain de cause manifestement car le juge des libertés a suivi cette demande, notamment sur les risques de pression, car Hakim Karki est juge d’instruction« , explique Me Nicolas Normand (à retrouver en itw en vidéo ci-dessous).
Dans un communiqué adressé par le parquet de Saint-Denis, Emmanuelle Barre, procureur adjoint, explique les motivations pour la mise en détention du juge Karki. « Une plainte pour viols a été déposée auprès du commissariat de Mamoudzou à l’encontre de M. Karki exerçant les fonctions de Magistrat instructeur à Mayotte. Cette plainte a été aussitôt transmise au Procureur de Mamoudzou qui a sollicité et obtenu son dessaisissement au profit du TGI de Saint-Denis, seule juridiction légalement susceptible de reprendre l’enquête à ce stade de la procédure. A l’issue de l’audition de la victime et d’un examen médical qui a relevé des traces de violences récentes, plusieurs témoins ont été entendus« , peut-on lire dans le communiqué.
Le dossier devrait être dépaysé en métropole
« Il (Hakim Karki ndlr) a été déféré ce jour au parquet de Saint-Denis qui a ouvert à son encontre une information judiciaire du chef de viols et requis son placement en détention. Après avoir été entendu par les magistrats instructeurs, M. Karki a été mis en examen conformément aux réquisitions du parquet. Le Juge des libertés et de la détention l’a ensuite placé sous mandat de dépôt« , précise-t-on.
« M. Karki, sur lequel ont été constatées de multiples traces de violences et notamment des griffures, reconnait l’existence de relations sexuelles empreintes de violences, selon lui, demandées par la plaignante. Cette version des faits est formellement contestée par la victime. Le parquet de Saint-Denis rappelle qu’à ce stade de la procédure, Hakim Karki bénéficie, comme toute personne mise en examen, de la présomption d’innocence« , rappelle le parquet de Saint-Denis.
Depuis le début, les deux versions diffèrent. La victime assure avoir subi un viol et avoir reçu plusieurs coups. Quant au juge d’instruction, il explique avoir eu une relation consentante avec la jeune femme.
L’instruction du dossier et l’enquête suivent son cours. Quant au dossier, il devrait être dépaysé en métropole dans les prochains semaines. « Compte tenu des fonctions exercées par M. Karki dans le ressort de la Cour d’Appel de Saint-Denis, le Procureur Général a, dans l’intérêt d’une bonne administration de la justice et par souci d’impartialité, sollicité dès ce jour le dessaisissement du Tribunal de Grande Instance de Saint-Denis au profit d’une autre juridiction« , conclut le parquet.