Deuxième et dernier jour de procès de vendredi. M.T et L.P accusés de viol par une jeune étudiante le 23 février 2018 au Tampon ont pu donner leurs versions aux magistrats de la cour criminelle. M.T le répète : il ne se souvient de rien. L.P le redit : "Je n’ai rien fait, ça ne me regarde pas". Dans cette affaire qui paraît pourtant complexe, les deux hommes d’une quarantaine d’années ont été condamnés à 12 ans de réclusion criminelle après seulement 10 minutes de délibéré.
La veille, c’est la plaignante qui a eu la parole. Une jeune femme plus intelligente que la moyenne mais avec une personnalité "borderline" qui a tendance à se mettre dans des situations dangereuses tout en consommant alcool et stupéfiants et qui aurait vécu un viol très similaire sept mois auparavant. L’avocate générale s’est dit déçue du procès : "J’avais espoir qu’il y ait une part de sincérité de la part des accusés". Car pour elle, leur culpabilité ne fait aucun doute : "Les éléments à charge sont nombreux, à commencer par les déclarations constantes de la victime". Les détails qui lui reviennent deux ans après les faits ? Les effets de la mémoire traumatique, selon l’expert psychiatre. Autres éléments : la téléphonie qui confirme, les traces sur le corps de la plaignante (hématomes, lésions au niveau du sexe), ADN en même quantité des deux accusés dans son vagin et l’absence de sperme à cause de sa chute et l’interruption d’un couple d’amis qui arrive.
"Une jeune femme qui aime sortir doit-elle vivre dans la peur ? Qu’on ait eu ce débat n’est pas normal"
Et pour l’avocate générale, l’examen de la crédibilité de la plaignante n’est pas juste. "Deux versions se sont affrontées frontalement tel un combat. Un combat pour faire entendre son récit face à notre culture qui remet tout en cause, jusqu’au plus petit détail, déclare-t-elle. Vous ne jugez pas le comportement de la plaignante mais les actions des accusés. Il ne faut pas déplacer les interrogations. J’ai eu la désagréable impression que la blâmait pour avoir suivi deux hommes et vouloir s’amuser. Une jeune femme qui aime sortir doit-elle vivre dans la peur ? Qu’on ait eu ce débat n’est pas normal". Et la réaction de la victime, qui affirme avoir voulu "gagner du temps et survivre", avait aussi posé problème. Après les faits, elle danse en effet avec M.T et sort dans le jardin avec L.P. "Quelle réaction après un viol est normale ? Toutes les réactions sont différentes".
L’avocat de la jeune femme, le bâtonnier Georges-André Hoarau peint l’image de ces deux hommes torse nu dans un "trou bébête" dans une maison qu’elle ne connaît pas. "Il était impossible pour elle de fuir". "Les preuves racontent la même chose que la plaignante. Preuves qu’elle n’avait pas eu lors du premier viol en 2017. "Combien les crimes de cette nature ne réveillent pas la conscience féministe ? Comportement euphorique qui ne justifie pas que 2 prédateurs se servent d’elle".
Place à la défense des deux hommes. M.T, homme à femmes avec un casier judiciaire contenant des condamnations pour violence, et L.P, oisif trafiquant de drogue avec une vision machiste, ont certains traits de caractère qui laissent à désirer. Mais les avocats de la défense ont attaqué les preuves et la version de la plaignante pour démontrer que malgré tout, si relation avec M.T il y a eu, elle a été consentie ; L.P quant à lui, n’aurait pas été présent dans la chambre. "Le fait de ne pas l’aimer remplace-t-il la faiblesse de l’accusation ?", demande l’avocat de L.P, Me Jean Christophe Molière.
Il rappelle que la présence de l’ADN des deux hommes au niveau du vagin de la plaignante aurait pu être le résultat d’un transfert d’ADN de L.P vers M.T avant qu’il n’entretienne de relation avec la jeune femme. « Une possibilité que l’expert n’a pas exclu », ajoute Me Molière.
Une témoin clé absente
Concernant M.T, son avocate Me Nathalie Pothin a soulevé les incohérences de la version de la plaignante. Il est possible qu’elle soit montée volontairement dans la chambre, l’hématome au niveau de l’arcade ne coïncide pas avec la chute décrite pendant le rapport et il y a cette histoire de textos. " "Je crois qu’ils vont me droguer", puis un deuxième : "Ils m’ont droguée", alors qu’elle a pris les cachets volontairement. Puis ce texto a 6h59 disant "Ils m’ont violée" alors qu’elle est encore à l’étage dans la chambre avec M.T, selon une témoin arrivée sur place à 7h02 qui les voient descendre 10 à 15 minutes plus tard, rappelle l'avocate.
Une témoin clé dont le témoignage est relu par la présidente mais qui ne se rendra pas à la cour criminelle pour être entendue.
Les deux hommes ont finalement écopé de 12 ans de réclusion criminelle, donnant raison à l’avocate générale qui avait expliqué que même si la victime avait été consentante juste avant les faits, son état et le fait qu’elle soit inconsciente caractérisent un viol : "Il faut apparenter l’acte à une tasse de thé. Si l’on propose une tasse de thé à quelqu’un qui accepte mais qui s’endort par la suite, vous n’allez pas forcer cette personne à boire le thé".
Une évidence pour les magistrats de la cour criminelle manifestement, qui n’ont pris que 10 minutes pour délibérer et condamner les accusés dans cette affaire complexe aux yeux de tous. Me Jean Christophe Molière a manifesté son intérêt de faire appel de la décision.
En vidéo, interview du Bâtonnier Georges-André Hoarau :
La veille, c’est la plaignante qui a eu la parole. Une jeune femme plus intelligente que la moyenne mais avec une personnalité "borderline" qui a tendance à se mettre dans des situations dangereuses tout en consommant alcool et stupéfiants et qui aurait vécu un viol très similaire sept mois auparavant. L’avocate générale s’est dit déçue du procès : "J’avais espoir qu’il y ait une part de sincérité de la part des accusés". Car pour elle, leur culpabilité ne fait aucun doute : "Les éléments à charge sont nombreux, à commencer par les déclarations constantes de la victime". Les détails qui lui reviennent deux ans après les faits ? Les effets de la mémoire traumatique, selon l’expert psychiatre. Autres éléments : la téléphonie qui confirme, les traces sur le corps de la plaignante (hématomes, lésions au niveau du sexe), ADN en même quantité des deux accusés dans son vagin et l’absence de sperme à cause de sa chute et l’interruption d’un couple d’amis qui arrive.
"Une jeune femme qui aime sortir doit-elle vivre dans la peur ? Qu’on ait eu ce débat n’est pas normal"
Et pour l’avocate générale, l’examen de la crédibilité de la plaignante n’est pas juste. "Deux versions se sont affrontées frontalement tel un combat. Un combat pour faire entendre son récit face à notre culture qui remet tout en cause, jusqu’au plus petit détail, déclare-t-elle. Vous ne jugez pas le comportement de la plaignante mais les actions des accusés. Il ne faut pas déplacer les interrogations. J’ai eu la désagréable impression que la blâmait pour avoir suivi deux hommes et vouloir s’amuser. Une jeune femme qui aime sortir doit-elle vivre dans la peur ? Qu’on ait eu ce débat n’est pas normal". Et la réaction de la victime, qui affirme avoir voulu "gagner du temps et survivre", avait aussi posé problème. Après les faits, elle danse en effet avec M.T et sort dans le jardin avec L.P. "Quelle réaction après un viol est normale ? Toutes les réactions sont différentes".
L’avocat de la jeune femme, le bâtonnier Georges-André Hoarau peint l’image de ces deux hommes torse nu dans un "trou bébête" dans une maison qu’elle ne connaît pas. "Il était impossible pour elle de fuir". "Les preuves racontent la même chose que la plaignante. Preuves qu’elle n’avait pas eu lors du premier viol en 2017. "Combien les crimes de cette nature ne réveillent pas la conscience féministe ? Comportement euphorique qui ne justifie pas que 2 prédateurs se servent d’elle".
Place à la défense des deux hommes. M.T, homme à femmes avec un casier judiciaire contenant des condamnations pour violence, et L.P, oisif trafiquant de drogue avec une vision machiste, ont certains traits de caractère qui laissent à désirer. Mais les avocats de la défense ont attaqué les preuves et la version de la plaignante pour démontrer que malgré tout, si relation avec M.T il y a eu, elle a été consentie ; L.P quant à lui, n’aurait pas été présent dans la chambre. "Le fait de ne pas l’aimer remplace-t-il la faiblesse de l’accusation ?", demande l’avocat de L.P, Me Jean Christophe Molière.
Il rappelle que la présence de l’ADN des deux hommes au niveau du vagin de la plaignante aurait pu être le résultat d’un transfert d’ADN de L.P vers M.T avant qu’il n’entretienne de relation avec la jeune femme. « Une possibilité que l’expert n’a pas exclu », ajoute Me Molière.
Une témoin clé absente
Concernant M.T, son avocate Me Nathalie Pothin a soulevé les incohérences de la version de la plaignante. Il est possible qu’elle soit montée volontairement dans la chambre, l’hématome au niveau de l’arcade ne coïncide pas avec la chute décrite pendant le rapport et il y a cette histoire de textos. " "Je crois qu’ils vont me droguer", puis un deuxième : "Ils m’ont droguée", alors qu’elle a pris les cachets volontairement. Puis ce texto a 6h59 disant "Ils m’ont violée" alors qu’elle est encore à l’étage dans la chambre avec M.T, selon une témoin arrivée sur place à 7h02 qui les voient descendre 10 à 15 minutes plus tard, rappelle l'avocate.
Une témoin clé dont le témoignage est relu par la présidente mais qui ne se rendra pas à la cour criminelle pour être entendue.
Les deux hommes ont finalement écopé de 12 ans de réclusion criminelle, donnant raison à l’avocate générale qui avait expliqué que même si la victime avait été consentante juste avant les faits, son état et le fait qu’elle soit inconsciente caractérisent un viol : "Il faut apparenter l’acte à une tasse de thé. Si l’on propose une tasse de thé à quelqu’un qui accepte mais qui s’endort par la suite, vous n’allez pas forcer cette personne à boire le thé".
Une évidence pour les magistrats de la cour criminelle manifestement, qui n’ont pris que 10 minutes pour délibérer et condamner les accusés dans cette affaire complexe aux yeux de tous. Me Jean Christophe Molière a manifesté son intérêt de faire appel de la décision.
En vidéo, interview du Bâtonnier Georges-André Hoarau :