Revenir à la rubrique : Politique

Vincent Defaud : « J’en ai marre que l’on me traite d’indépendantiste »

Vincent Defaud, 35 ans, professeur d'histoire géographie au lycée agricole de Sans-Souci à Saint-Paul a décidé de s'engager dans la course aux cantonales de mars prochain. Son terrain de jeu, l'Étang-Salé où il occupe le front de l'attaque de l'opposition au sein du conseil municipal et ce depuis 2008. Assurément, les dernières Régionales lui ont conféré une visibilité supplémentaire auprès de la population, loin, bien loin de l'image d'indépendantiste avec laquelle il veut mettre les choses au clair. Entretien avec Vincent Defaud.

Ecrit par Ludovic Grondin – le jeudi 06 janvier 2011 à 12H16


Zinfos : En quoi la campagne des Régionales vous a-t-elle été bénéfique ?

Vincent Defaud : J’ai pu constater que les gens ne votaient pas forcément sur un bilan.

Est-ce à dire que vous gratifiez la mandature Vergès d’un bon bilan ?

Sur l’Étang-Salé, il y a eu l’ouverture de la piste cyclable tout le long du littoral, c’était une bonne chose. Malheureusement il n’y a pas eu de prolongement vers l’Étang-Salé Les Hauts et vers les autres villes. Autrement s’il y a eu un gain de temps évident pour rejoindre Saint-Denis par la route des Tamarins je pense qu’ouvrir une route c’est augmenter la dépendance à l’automobile. L’empreinte écologique a plutôt augmenté sous sa présidence.

En postulant pour l’assemblée départementale vous avez forcément une idée sur le bilan de la majorité sortante du conseil général ?
Le Département c’est quoi ? C’est l’agriculture, l’eau mais c’est surtout l’action sociale qui fait la grande partie de son budget. Or, le bilan social du conseil général est désastreux et scandaleux. Voyez le désastre de l’Arast. Je n’ose même pas parler de cette majorité qui se qualifie de « droite sociale ».

Vous critiquez aujourd’hui ceux qui seront peut-être vos alliés de demain ?
Même s’il faudra peut-être composer avec eux, nous devons avant tout apporter nos convictions écologiques.

Serez-vous le premier écologiste à siéger au conseil général ?
Je le souhaite. Nous, à Europe Ecologie-Les Verts, nous souhaitons une nouvelle majorité éco-compatible de gauche au sein de l’assemblée départementale.

L’image d’indépendantiste vous a collé à la peau lors des Régionales. Est-ce justifié ?
Oui franchement, j’en ai marre que l’on me traite d’indépendantiste. J’ai vu encore ces derniers jours un courrier des lecteurs (publié dans la presse quotidienne et sur Zinfos d’ailleurs) en ce sens et ça m’agace profondément. Je veux en profiter pour mettre les choses au clair. Comment ça s’est passé en fait ? J’ai eu un déclic en 1999. A l’époque de la loi d’orientation pour l’outre-mer, les trois présidents de régions d’outre-mer que sont la Martinique, la Guadeloupe (avec Lucette Michaux-Chevry à l’époque) et la Guyane avaient demandé plus de responsabilités initié par le Mouvement indépendantiste martiniquais. Vergès n’avait pas signé cette proposition réclamant plus de responsabilités pour nos outre-mer. Cette plus grande responsabilité aurait permis une meilleure intégration de la Réunion dans la France et l’Europe, tout en gardant nos caractéristiques.

 


Mais cette étiquette vient sans doute d’un peu plus loin que cet événement ?

Lorsque j’étais étudiant à Rennes 2, j’étais membre de l’UNEF ID (ID pour indépendante et démocratique). La Bretagne connaît une identité propre qu’elle revendique mais sans plus. C’est une vision qui me plaisait. Et puis c’est en voyageant en Allemagne, en Italie et en Espagne – je suis allé en Catalogne – que j’ai pu constater du degré d’autonomie que des régions « fortes » pouvaient avoir, tout en restant fidèles à l’autorité étatique. A mon retour en 2001 à la Réunion, je n’ai pas poursuivi mon aventure avec le Parti radical de gauche. Dans le même temps je collaborais avec « Parnouminm ». En 2002 tout de même j’avais soutenu Christiane Taubira pour les présidentielles. De toute façon j’assume mon passé, je me bats toujours pour mes convictions.

Est-ce que, selon vous, l’alternance si chère aux français va jouer une nouvelle fois ?

Soit les cantonales sont la confirmation des élections municipales de 2008 avec une vague « rouge et rose », soit les cantonales qui nous préoccupent pour cette année sont la confirmation de la vague de renouvellement de la classe politique amenée par Didier Robert (Régionales 2010).

Pensez vous justement vous retrouver face à plusieurs candidats de droite ?
Lacouture sera sans doute le candidat d’Objectif Réunion car il est proche de Didier Robert. Dans son équipe municipale il a Yolaine Costes, conseillère régionale, et proche du président.

Quel rôle comptez-vous jouer entre UMP, PS et Alliance notamment ?
L’idée c’est que les forces progressistes l’emportent. Il faudra imposer un second tour de toutes les manières, mais j’espère être de ce deuxième tour.

 

La liste écologique avait réalisé quel score en 2010 ?
En mars dernier, nous avions réalisé 8% sur l’Etang-Salé. Mais la force d’Europe Ecologie Les Verts c’est que nous sommes des personnes avec des parcours riches et variés. Je pense que j’incarne aussi cette diversité.

Comment se porte l’entente au sein d’Europe Ecologie Les Verts ?
Je ne dirai pas un mot sur les personnes qui se disent d’Europe Ecologie Les Verts alors qu’ils n’en sont plus. Moi je suis au service de mon parti.

Vos propositions pour l’Etang-Salé ?
Je propose qu’il soit créé immédiatement un grand nombre d’emplois verts dans notre grande forêt domaniale…

Et l’on reparle des emplois aidés…

Oui, mais l’emploi aidé, malheureusement est un matelas sur lequel on est obligé de se reposer. Mais le recrutement doit être impartial et axé sur les compétences de la personne afin de déboucher sur un emploi durable.

On en revient à vos idées pour votre canton…

De la même façon, il est possible de mettre en place toute une chaîne de production de biens et de services qui découlerait de l’agriculture biologique locale. La lutte pour la sauvegarde du pouvoir d’achat nécessite un encouragement plus soutenu à la réduction de la facture énergétique. Ceci peut être réalisé à partir de mesures faciles à mettre en œuvre comme l’isolation par exemple. Enfin, il nous faut adapter le plan local d’urbanisme et « écologiser » l’architecture de nos constructions. L’autre problématique concernant le Conseil général est celle de la dépendance. Va-t-on choisir d’aller vers un système privatisé ou au contraire favoriser le principe de la République solidaire. Comme dirait Daniel Cohn Bendit (je crois), « nous avons deux angoisses, la fin du mois et la fin du Monde ».

 

Thèmes :
Message fin article

Avez-vous aimé cet article ?

Partagez-le sans tarder sur les réseaux sociaux, abonnez-vous à notre Newsletter,
et restez à l'affût de nos dernières actualités en nous suivant sur Google Actualités.

Pour accéder à nos articles en continu, voici notre flux RSS : https://www.zinfos974.com/feed
Une meilleure expérience de lecture !
nous suggérons l'utilisation de Feedly.

S’abonner
Notification pour
0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires

Dans la même rubrique

Pas de remise gracieuse pour les 477.885 euros réclamés à l’ancien comptable public de la Région

L’affaire a semé le trouble chez les élus de la Région, ce jeudi matin. Alors que la majorité régionale avait choisi de s’abstenir, deux seules voix de l’opposition ont suffi pour faire échec à la demande de remise gracieuse de l’ancien payeur régional Ahmed Abdallah. Le frère de l’ancien DGS de la Région Mohamed Ahmed devra donc bien s’acquitter de la somme de 477.885 euros réclamée par la Cour des comptes.

« Tu ne tueras point »

Le Mouvement Réunionnais Pour La Paix s’exprime en prévision de la semaine de la conscience et de la paix.