Revenir à la rubrique : Faits divers

Vie Chère et Carburant : Retour sur une semaine de haute tension à la Réunion

Retour sur une semaine de violences urbaines à la Réunion. Un conflit qui couvait et a débuté mardi dernier, après le blocage pendant deux jours de la SRPP. Des émeutes qui ont concerné plusieurs communes de l'île jusqu'à ce soir. Retour sur cette semaine sociale agitée dans notre île.

Ecrit par zinfos974 – le dimanche 26 février 2012 à 07H18

b[Lundi 20 février ]b

Les transporteurs passent à l’action et installent des barrages filtrants aux quatre coins de l’île. Des barrages filtrants rapidement levés pour être déplacés vers la SRPP. Objectif affiché par les transporteurs, ne pas pénaliser la population, mais bloquer l’économie de l’île. Conséquence, aucun camion de carburant ne peut sortir ou rentrer.

« i[A 10h15, toutes les rues menant vers la société ont été prises d’assaut. Les camions barrent la route depuis, narguant un barrage de gendarmes mobiles posté juste devant le dernière rue menant vers la SRPP. Le leader du mouvement, Jean-Bernard Caroupaye, est présent sur place. Sa requête est simple: « Nous demandons à la SRPP de nous rendre ce qu’elle nous vole]i ».

« i[Le blocage de la société réunionnaise des produits pétroliers se poursuit. Les manoeuvres matinales ont cependant laissé place à un sitting bon enfant. Au compte goutte, d’autres camionneurs arrivent sur site peu à peu. On pouvait entendre dans les rangs des transporteurs une immense satisfaction d’avoir pu déjouer la vigilance des forces de l’ordre]i »

 

b[Mardi 21 février ]b

La situation se tend aux abords de la SRPP : « i[Quatre camions remplis de gendarmes équipés de leurs équipements de protection sont sur le point d’intervenir pour déloger les camionneurs qui bloquent l’entrée de la SRPP.]i » En signe de protestation, Jean-Bernard Caroupaye et ses hommes laissent leur camion sur place et partent à quelques 200 mètres de là, vers le silo de Holcim. « i[Puis, tout à coup, devant Thomas Campeaux, le sous-préfet de Saint-Paul, Jean-Bernard Caroupaye, le président de la FNTR (Fédération Nationale des Transporteurs Routiers), s’est allongé par terre et sur le dos au milieu du carrefour en criant: « Venez nous abattre alors ! ». Le sous-préfet de Saint-Paul lui a alors demandé d’arrêter son « cinéma]i ».

 

i[« Arrivé quelques minutes plus tôt sur les lieux, Thierry Robert, le maire de Saint-Leu, qui a annoncé hier qu’il allait porter plainte contre la SRPP, a tenu un discours face aux manifestants, à la presse et aux gendarmes en demandant que « le monopole de la SRPP soit cassé… pour en finir avec le temps de la colonie ». Alors que les gendarmes se parent un peu plus loin de leur bouclier anti projectile, Thierry Robert et Jean-Bernard Caroupaye sont allés discuter avec les représentants du Préfet. « Allons discuter tout de suite. Mais je vous préviens, la Réunion va s’enflammer, ce sera le Préfet le seul responsable », a lancé le maire de Saint-Leu. »]i

 

Après de longues heures d’attentes et de discussions, le préfet de la Réunion, Michel Lalande, se rend au Port pour discuter avec les transporteurs. Une négociation qui va durer plusieurs heures pour s’achever à 20 heures.

« i[Jean-Bernard Caroupaye, le président de la FNTR, est retourné devant la SRPP afin de livrer les grandes lignes de sa réunion privée avec le Préfet, Michel Lalande, qui aura duré plus de trois heures. Face à plusieurs centaines de personnes, il a ainsi fait part de la proposition du Préfet d’organiser une réunion ce vendredi à 15h, autour des prix des carburants, en présence de tous les acteurs concernés. Les manifestants sur place regrettent qu’il faille attendre la fin de la semaine… Jean-Bernard Caroupaye a annoncé la levée des barrages à la SRPP, au Port. Les manifestants insatisfaits, refusent de lever le barrage, la situation reste conflictuelle…]i »

Après cette annonce, les premiers débordements vont éclater au Port et les affrontements entre manifestants et force de l’ordre vont se propager un peu partout à la Réunion…

 

A 23 heures, les forces de l’ordre et les délinquants s’opposent à Saint-Denis, le Chaudron et le Port s’embrasent. « i[Des délinquants n’ont eu de cesse de leur donner du fil à retordre en vandalisant, cassant, incendiant et pillant. Un déchaînement de violence qui n’a pas de fondement puisque ces actes sont à dissocier totalement des manifestations contre la vie chère les jours précédents. Du côté du Port aussi, des dégradations sont à déplorer. Hormis quelques jets de galets et poubelles incendiées, un camion situé dans la cour de la société Le Capricorne, importateur de riz, a été incendié dans la nuit.]i », en tout vingt tonnes riz partent en fumée au cours de cette première nuit d’émeutes.

 

Vie Chère et Carburant : Retour sur une semaine de haute tension à la RéunionVie Chère et Carburant : Retour sur une semaine de haute tension à la Réunionb[Mercredi 22 février]b

Les habitants des communes de Saint-Denis et du Port de la Réunion se réveillent avec la tête des mauvais jours. Le Chaudron a été particulièrement touché par les émeutes, le mobilier urbain dégradé et des commerces vandalisés et pillés. « i[Les services techniques, de nettoyage et la police municipale sont sur place à la mairie annexe pour une réunion de crise afin d’évaluer les dégâts et la situation générale, avant une rencontre avec les riverains.]i »

Au Port, La Soboriz-Capricorne se remet tout doucement des événements de la nuit. Malgré le décor d’un camion incendié dans la cour de l’entrepôt et la présence des pompiers, les employés de la société continuent de travailler comme d’habitude, ou presque.

 

Le soir, les violences urbaines reprennent et touchent de nouvelles communes à la Réunion. « i[L’arrière du case du Chaudron est en feu. Une épaisse fumée est visible dans les quartiers environnants de Saint-Denis. Plusieurs voitures sont incendiées. Au Port, des feux de poubelles et de voitures sont aussi observés du côté de la gare routière. A Saint-Benoît, un barrage a été érigé au niveau du rond-point de Bras Canot. Galets et branchages jonchent le sol.]i »

 

b[Jeudi 23 février ]b

Une nouvelle fois, les appels au calme n’ont pas été entendus et les violences urbaines ont été particulièrement marquées au Chaudron et au Port. « i[Malgré les appels au calme de la population, les violences ont de nouveau frappé plusieurs communes de la Réunion. A Saint-Denis, dans le quartier du Chaudron, ainsi qu’au Port et à Saint-Benoît, aucun blessé grave n’est à déplorer, mais encore ce matin, ce sont des images de désolation que les riverains et les services de nettoyage vont découvrir. Toute la nuit, avec des périodes parfois plus tendues que d’autres, les provocations et affrontements avec les forces de l’ordre n’ont cessé. Incendies de mobilier urbain et de voitures, voiries dégradées et bouchées, magasins vandalisés et pillés… Les émeutiers ont causé beaucoup de dégâts.]i »

Au Port, une concession automobile a été la cible des casseurs : « i[Il est 21h30 quand des individus commencent à arracher une portion de grillage de la concession Peugeot de la Rivière des Galets. Les deux vigiles tenteront de défendre tant bien que mal la centaine de véhicules du site.]i »

 

Après cette nouvelle nuit de violence au Chaudron, le maire de Saint-Denis, Gilbert Annette, se rend à la rencontre de la population. Il est accueilli violemment par certains habitants. Une réunion improvisée se tient au CCAS (Centre communal d’actions sociales) afin d’entendre les doléances des Chaudronnais mais elle se termine dans la confusion générale.

 

Le soir même, la tension est de nouveau « palpable » dans plusieurs quartiers de l’île. « i[Saint-Benoît, Salazie, Saint-André, Sainte-Suzanne, Sainte-Marie, Saint-Denis, Le Port, l’Etang-Salé, Saint-Louis et Saint-Pierre. Toutes ces villes sont actuellement concernées par des violences urbaines, de plus ou moins grande ampleur. Poubelles incendiées, voitures brûlées, barrages, mobiliers urbains détériorés… Ici et là, sur toute l’île, des émeutiers se déchaînent.]i »

 

« i[Le sud de l’île s’est a son tour embrasé, en commençant par Saint-Louis où les violences ont débuté à proximité de la gare routière. Les forces de l’ordre ont eu beaucoup de difficultés à repousser les émeutiers afin que les pompiers puissent accéder aux premiers feux de voitures.]i »

 

b[Vendredi 24 février ]b

Une nouvelle fois le réveil est très difficile pour les habitants des quartiers concernés par les violences urbaines, mais également pour certains commerçants qui ont vu leur commerce vandalisé. « i[La chaussée au Chaudron est encore une fois jonchée de débris et les feux tricolores à nouveau saccagés.]i ».

Mais ce vendredi, une table ronde décisive à la préfecture est organisée pour régler le problème des carburants. Mais cette réunion, en début d’après-midi a mal débuté. Les acteurs de la lutte contre la vie chère n’étaient pas invités. Le premier refoulé devant les grilles, se nomme Thierry Robert, maire de Saint-Leu. Il faudra la pression des manifestants et la demande des transporteurs pour que le maire de Saint-Leu et Jean-Hugues Ratenon puissent participer à la table ronde. « i[Devant la pression, Benoit Hubert, directeur de cabinet du préfet, accepte de laisser rentrer les trois hommes avant un dernier ralé-poussé devant les grilles. Il est 15h20, la table ronde peut débuter. Tout le monde est là, collectivité, Etat, Observatoire des prix, pétroliers, représentant de la population et transporteurs. Une tables ronde jugée « cruciale » et qui pourrait durer plusieurs heures.]i »

 

Après plus de cinq heures de discussions et d’avancées à la préfecture de la Réunion sur la vie chère et le prix des carburants, les acteurs autour de la table ronde ont pu se mettre d’accord sur différentes mesures à savoir, une baisse de 8 centimes des prix sur tous les carburants et la volonté de baisser ou geler le prix d’une quarantaine de produits de première nécessité à partir du 1er mars.

« i[Toutes les annonces, ainsi que celle d’une baisse de 8 centimes sur le carburant, ont été huées et sifflées par ces personnes. Des appel à la démission du préfet, Michel Lalande, sont entendus ici et là, d’autres préconisent un durcissement du mouvement. Les esprits sont échauffés, c’est la cohue générale.]i »

La pression est une nouvelle fois constatée dans les différents quartiers de la Réunion, le Sud de l’île, notamment Saint-Pierre, va être particulièrement touché par les violences urbaines.

 

Vie Chère et Carburant : Retour sur une semaine de haute tension à la RéunionVie Chère et Carburant : Retour sur une semaine de haute tension à la Réunionb[Samedi 25 février ]b

Hier en début de soirée, les acteurs de la table ronde en préfecture se sont mis d’accord sur différentes mesures, notamment la baisse de 8 centimes sur le prix des carburants et la baisse ou le gel des prix sur 40 produits de première nécessité. Des annonces faites qui n’ont visiblement pas calmé les esprits. Devant la préfecture, la prise de parole de Jean-Hugues Ratenon, pour annoncer les avancées, est accueillie par les sifflets et les huées de la part des manifestants. La colère et la tension sont palpables.

Une heure plus tard, les violences urbaines ont commencé dans beaucoup de villes de la Réunion. A Saint-Denis, la nuit a été plus calme, mais les affrontements entre manifestants et force de l’ordre ont duré une bonne partie de la nuit. Au Port, les violences ont été moins marquées. Quelques feux de poubelles et des barrages ont été constatés dans le quartier Rico Carpaye. Dans l’Est, la soirée a également était plus tranquille pour les habitants de Saint-Benoit et Saint-André.

 

Mais les violences urbaines ont été très marquées dans le Sud de l’île. A Saint-Louis, les manifestants s’en sont pris au supermarché Leclerc. Les quartiers du Gol et de la Palissade ont été le théâtre de violences. C’est à Saint-Pierre que les dégâts sont les plus importants. Des groupes de casseurs ont joué à cache-cache avec les policiers. Dans la rue de Cayenne, de nombreux magasins ont été vandalisés, pillés et incendiés. Plusieurs véhicules ont été incendiés. Dans le courant de la nuit, les forces de l’ordre ont procédé à plusieurs interpellations.

De nouveau des appels au calme de la part de Gilbert Annette, maire de Saint-Denis, ou encore Jean-Hugues Ratenon, président de l’ARCP, sont lancés en ce samedi.

A Saint-Pierre, le maire prend un arrêté pour fermer tous les lieux de vies nocturnes à partir de 21 heures. La capitale du Sud est désertée. « i[La nuit a été relativement calme sur le front des violences urbaines à la Réunion. Les quartiers du Port et du Chaudron à Saint-Denis ont retrouvé un semblant de calme après quatre nuits d’émeutes. Il faut dire que les forces de l’ordre quadrillaient le terrain (…) Cette cinquième nuit a été relativement calme dans les différentes communes de l’île et seul le Sud, Saint-Louis et le Tampon, a connu quelques échauffourées.]i »

 

Thèmes :
Message fin article

Avez-vous aimé cet article ?

Partagez-le sans tarder sur les réseaux sociaux, abonnez-vous à notre Newsletter,
et restez à l'affût de nos dernières actualités en nous suivant sur Google Actualités.

Pour accéder à nos articles en continu, voici notre flux RSS : https://www.zinfos974.com/feed
Une meilleure expérience de lecture !
nous suggérons l'utilisation de Feedly.

S’abonner
Notification pour
0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires

Dans la même rubrique