Revenir à la rubrique : Société

Vidéos – Maltraitance animale en série : Des Dionysiens excédés se mettent en danger

Face à de nombreux actes de maltraitance animale perpétrés dans différents quartiers de Saint-Denis par des groupes de jeunes, des habitants se mobilisent pour espérer faire cesser ces agissements. Un groupe Facebook dénonçant le manque de réaction des autorités a même été créé pour passer à l’action, quitte à "se mettre en danger".

Ecrit par zinfos974 – le vendredi 18 décembre 2020 à 06H41

Les témoignages se multiplient. Dans plusieurs quartiers de Saint-Denis, des habitants sont désemparés face à des actes de maltraitance perpétrés à répétition sur les animaux. Sur les réseaux sociaux et à la radio, les appels à l’aide foisonnent, et certains riverains n’hésitent pas à prendre des risques en se rendant sur les lieux pour tenter de leur porter secours.

Un groupe Facebook baptisé [Citoyens contre la torture de chiens]urlblank:https://www.facebook.com/groups/3259627980814555/ a même été créé pour rassembler ceux qui souhaitent passer à l’action et favoriser l’échange d’informations. « L’objectif est de venir en aide aux chiens attrapés, enfermés et torturés de Saint-Denis ou d’ailleurs. Les habitants ainsi que les médias ont alerté les autorités mais font face à un manque de réaction… À nous de se mettre en danger et agir nous-mêmes », peut-on lire en description. Le risque : que les choses tournent mal.

 

« Je ne peux pas rester passive »

Il faut dire que les riverains sont à bout. Nous avons recueilli plusieurs témoignages et tous tentent de trouver un moyen de faire cesser le calvaire. Les scènes se ressemblent. De petits groupes de jeunes (enfants ou jeunes adultes) appâtent des chiens pour se les approprier. Parfois en sifflant, avant de les attacher avec des bout de ficelle ou de corde. Certains finissent enfermés dans des maisons ou immeubles inoccupés. 

Premier exemple aux alentours de la Zac Finette. « Il y a un espèce de trafic de chiens dans le quartier, avec des jeunes qui vont et viennent. Ça fait trois soirs de suite quand je rentre, je vois les gars en train d’essayer d’appâter les chiens et ensuite j’entends hurler à la mort de chez moi », explique Marie (prénom d’emprunt). Déjà il y a plus d’un an, elle s’étonnait de voir des jeunes « fabriquer des colliers ». Avant de comprendre à quoi ils étaient destinés. « Je ne peux pas rester passive », explique-t-elle, désemparée.

« Deux chiens attachés ensemble, dont un décédé probablement étouffé »

 

Vidéo : Sur la voie publique, les jeunes appâtent et commencent à exciter les chiens.

« Pas une priorité »

Des preuves qu’une bénévole associative invite à faire parvenir à la [Daaf via son site internet]urlblank:http://daaf.reunion.agriculture.gouv.fr/Formulaire-de-contact-Alimentation?fbclid=IwAR2HN3JwB7WeZSQJYK5I41C9VLw6QcJiyqdqmPoNFi_pm4eFYCGzWe-GX44 . « Les signalements augmentent, c’est devenu un enjeu politique. Mais il y a une méconnaissance des procédures. Il faut que les forces de l’ordre aient une procédure à appliquer claire et précise, comme dans n’importe quel domaine », indique celle qui « espère qu’il y aura bientôt un système performant et uniforme sur toute l’île ». Car pour l’instant, cela semble être laissé au bon vouloir de l’agent qui prend le signalement.

Rappelons que ces agissements sont pourtant punis par la loi. Le fait d’exercer des sévices graves ou de commettre un acte de cruauté envers un animal est puni de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende. En outre, placer un animal dans des conditions non compatibles avec ses impératifs biologiques est passible de 750 euros d’amende. Encore faut-il que les auteurs soient interpellés et traduits en justice. 

Des brigades dédiées réclamées

La police nationale concède que les interventions pour maltraitance ne font « pas partie des priorités »,  tout en admettant son obligation d’intervention en cas d’actes de torture ou barbarie. La balle est renvoyée à la police municipale, qui peut intervenir en cas de flagrant-délit mais ne dispose pas de pouvoir d’enquête. Et la Daaf, qui s’est déclarée compétente en matière de maltraitance animale, ne dispose que de quatre agents de terrain.

Vu l’ampleur de la tâche, de nombreux acteurs associatifs réclament l’instauration de brigades dédiées, comme cela existe dans d’autres pays, en Norvège ou aux Etats-Unis. En France, en Haute-Garonne, une députée travaille sur la création d’une telle brigade. À Marseille, la police nationale a nommé 15 référents protection animale. Tout est question de volonté. 

 

Du côté de Montgaillard, même ambiance. « Presque tous les jours, je vois des groupes de jeunes (sans doute mineurs) qui trainent des chiens avec des bouts de fil ou des ceintures. Ils les exhibent comme des bêtes de foires. Ensuite ils les frappent pour les exciter. J’entends les chiens hurler », nous confiait Samantha (prénom d’emprunt) il y a quelques semaines. « Peut-être sont-ils entraînés pour des combats de chiens », suppose-t-elle. Beaucoup de royal bourbon, mais aussi des malinois, croisés husky, tout y passe. « Je ne sais pas ce qu’ils en font après. J’imagine qu’ils les enferment quelque part… En tout cas ils ne les ramènent pas chez eux ». 
 
Un autre témoignage nous emmène du côté du Chaudron. « Des collègues à moi ont retrouvé deux chiens attachés ensemble, dont un décédé, probablement étouffé, et l’autre dans un atroce état de maigreur », nous indique une autre Dionysienne. « On a retrouvé plusieurs chiens sous un bâtiment, tous maigres, déshydratés, apeurés. En tout, on a récupéré neufs chiens. Désormais, on n’en trouve plus. Ils ont dû les changer d’endroit », suppose-t-elle. Récemment, d’autres témoins déclarent avoir aperçu des « gamins » tentant de « lapider un chat ».

La Ravine Patates à Durand fait aussi partie des lieux choisis pour ces actes de maltraitances, comme cela avait été rapporté en Une du JIR en août dernier. Un jeune chien y a d’ailleurs été trouvé avec un fil de fer dans la patte. 

 

Des crânes fracturés

Exaspérés par des témoignages qui se ressemblent tristement, des bénévoles ont décidé de mener une opération sur le chef-lieu il y a quelques jours. Sur le sentier longeant la ravine, trois crânes de chien, quasiment côte à côte, ont été retrouvés dans un fossé. À proximité : une corde, des morceaux de vélos et un deux-roues rongé par la rouille. Difficile d’imaginer que les chiens soient arrivés là par hasard et morts naturellement.

Le corps d’un chaton avec une patte arrachée a également été aperçu. Un autre crâne a été retrouvé en face de la déchèterie, où une odeur de cadavre accompagne une montagne de détritus.« Trois des quatre crânes portent des signes de fractures, mais il est difficile de dire si c’est ante ou post-mortem », indique une vétérinaire.

Des actes prédicteurs de violences futures contre les personnes

Lors de cette même journée, deux chiens ont pu être délivrés d’endroits souillés d’excréments et autres détritus. Une chienne gestante avec la queue coupée, tout comme le bout de l’oreille, et une cicatrice sur le museau ; et un mâle terrorisé, retrouvé dans un autre quartier où la Daaf avait été informée il y a quelques mois des pratiques qui s’y perpétraient. Un cinquième crâne a d’ailleurs été aperçu dans la cour de cette maison abandonnée. Cette fois, heureusement, personne sur les lieux, et donc pas de risque d’altercation.
 

 

« Si aujourd’hui ces jeunes torturent les animaux, que feront-ils demain ? », s’inquiète une des bénévoles. « C’est très inquiétant », alarme une autre. Il ressort en effet de la littérature psychiatrique que la maltraitance animale constitue un prédicteur statistique de futures conduites antisociales, dont font partie les violences contre les personnes. C’est aussi un lien réciproque qui a été mis en avant entre la cruauté animale et les violences envers les humains. 

Le problème de l’errance

C’est d’autant plus inquiétant que ces témoignages ne sont pas les seuls qui sont en notre possession. Nous avons eu écho de maltraitances dans d’autres quartiers, notamment celui de la Trinité ou de la Chaumière. Il faut dire que l’errance animale, véritable fléau à l’échelle du département, est un vivier pour les trafiquants et adeptes de tortures ou de combats de chiens. Conséquences de stérilisations insuffisantes, les animaux prolifèrent et courent les rues ; ils n’ont plus qu’à se servir (même si des vols ne sont pas non plus exclus).

Il suffit parfois d’ouvrir l’œil pour repérer ces agissements. Le groupe « Citoyens contre les tortures de chiens » invite d’ailleurs les témoins à capturer quand c’est possible des images de ces situations qui se déroulent aussi bien en pleine journée qu’une fois la nuit tombée, histoire de compiler des preuves mais aussi de faciliter d’éventuelles actions (suite de l’article plus bas).

 

Thèmes :
Message fin article

Avez-vous aimé cet article ?

Partagez-le sans tarder sur les réseaux sociaux, abonnez-vous à notre Newsletter,
et restez à l'affût de nos dernières actualités en nous suivant sur Google Actualités.

Pour accéder à nos articles en continu, voici notre flux RSS : https://www.zinfos974.com/feed
Une meilleure expérience de lecture !
nous suggérons l'utilisation de Feedly.

S’abonner
Notification pour
0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires

Dans la même rubrique

Lutte contre la pollution : Opération « 100 km de littoral propre à La Réunion »

L’Observatoire Marin de La Réunion (OMAR) lance la grande opération participative « 100 km de littoral propre à La Réunion ». Objectif : mener des opérations pour nettoyer les déchets présents au total sur 100 km de littoral de notre île (sur les 220 km linéaires de côte actuels), trier les déchets (recyclables ou non) et les peser pour chaque action.