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Vidéo – Les salariés de Soliha débrayent, des dossiers d’amélioration de l’habitat en souffrance

​Le personnel de l’association Soliha Réunion débraye depuis ce vendredi matin. Ils évoquent des dysfonctionnements au sein de la structure et font part également de la dégradation des conditions de travail. La collusion avec le monde politique est également pointée du doigt.

Ecrit par Sophie Fontaine - Ludovic Grondin – le vendredi 15 avril 2022 à 10H34

Ils débrayent depuis ce matin. Les salariés de Soliha mettent sur la place publique leur ressenti après avoir alerté les institutions partenaires de la structure dédiée à l’amélioration de l’habitat des personnes à mobilité réduite ou âgées. L’objectif étant d’améliorer leur cadre de vie afin de les maintenir le plus possible à leur domicile.

Soliha se présente ainsi comme le numéro 1 du département en matière d’intervenant pour l’amélioration de l’habitat en faveur des familles modestes. Sa mission s’effectue en lien avec des partenaires tels que l’Etat et son service de la DEAL, le Département, la CGSS et Réunion Habitat.

Ces salariés parlent aujourd’hui de dysfonctionnements qui peuvent entrainer des conséquences économiques malgré les alertes auprès de la direction et de la présidente. Ils font part également de la dégradation des conditions de travail. 

Les familles de personnes âgées ou à mobilité réduite poireautent

Les propres salariés de la structure parlent de dossiers pas ou mal traités avec pour résultat des familles en grande détresse. Ils ont également porté à la connaissance des institutionnels qui collaborent avec la structure que des dossiers ayant par exemple bénéficié d’un financement du Département à hauteur de 80% en 2020 demeurent encore dans l’attente de leur mise en chantier en 2022. 

Enfin, la venue d’employés devenus cadres en moins de deux, juste après les élections de 2020, finit par écœurer les plus anciens de l’association. 

« Des stagiaires, en même pas un an i passe cadre ! », critique Clara Derfla, présidente du syndicat Union Régionale 974. La syndicaliste poursuit sur la même tonalité en évoquant des embauches faites parce que « untel ou untel a été sur une liste aux municipales. Et pendant ce temps, on ne dit rien ? »

Autre curiosité à l’entendre, l’association aurait changé de notaire en juin 2021. Un notaire qui, comme par hasard, a été sur une liste électorale. « Pourquoi ? Oussa nou lé nou là ? », questionne-t-elle au nom des salariés qui attendent des réponses pour lever leur mouvement.

L’exemple de courrier adressé par un proche d’une personne qui a sollicité une aide pour l’amélioration de son habitat : 

Nicole Hoarau, chargée d’opération depuis 2020, mais qui est entrée chez PACT Réunion (devenu aujourd’hui Soliha) il y a 38 ans, livre son éclairage sur la situation. Pour elle, la structure va tout droit dans le mur. 

« Cette structure elle est en train de partir en péril parce que beaucoup d’embauches et beaucoup de nouveaux. Soliha a ses propres spécificités et les personnes qui arrivent sont en train de faire n’importe quoi », explique-t-elle en évoquant par ailleurs « des dossiers qui attendent et qui attendent » :

« Surpris » par le débrayage, le directeur général donne sa version

 “Nous avons été surpris, comme la majorité du personnel, de la déclaration du préavis de grève et du débrayage de ce jour, 15 avril 2022, émanant d’un syndicat du Sud de l’île”, confie de son côté Mickaël Sihou, le directeur général de Soliha Réunion, souhaitant répondre aux “interrogations et inquiétudes”.

La position de la direction générale :

> Choix stratégiques et modernisation des services

Même s’il est de mon devoir de répondre aux “interrogations et inquiétudes”, à ce jour, nous n’identifions pas de revendications claires et précises. Il est question, selon ce syndicat, “de dysfonctionnements au sein de l’entreprise pouvant entraîner des conséquences économiques malgré les alertes auprès de la direction et de la présidente”.

Je rappelle qu’à mon arrivée à Soliha fin 2019, j’ai repris les conclusions du commissaire aux comptes sur les dysfonctionnements préconisant une analyse et un contrôle analytique sur : la mise en place contrôle de gestion, la diversification des missions de SOLIHA, la mise en place des lignes d’accompagnement pour les RHI, le renforcement des équipes, la réorganisation structurelle et fonctionnelle.

Un audit général a été réalisé qui a abouti à des conclusions.

Des choix ont été opérés dans le cadre du projet d’entreprise CAP 2025, porté parla fédération auprès de toutes les entités Soliha de métropole et des régions ultra marines, avec l’assentiment de notre Présidente, Mme Viviane Payet-Ben Hamida et de son conseil d’administration, et, enfin du Département et de l’Etat qui déploient le Plan de Relance.

L’objectif est de doubler le nombre de dossiers. A cet effet le département nous a demandé de renforcer nos équipes sur les trois prochaines années. Ainsi notre souhait est de réduire les délais de traitement et soutenir les artisans qui ont adhéré au changement. C’est un travail partenarial que nous menons aujourd’hui depuis mon arrivée à Soliha. Ainsi, depuis deux ans, un comité de pilotage a été mis en place avec Département et la DEAL -qui se réunit une fois par trimestre- pour avancer et trouver les freins aux différents dispositifs et identifier de nouveaux projets.

> Séminaires du personnel et audits

Nos choix visent à répondre aux objectifs de nos financeurs, à savoir une modernisation des services et une réponse en performances en termes de délai de traitement des dossiers et l’augmentation des dossiers.

Nous en avons discuté avec le personnel en initiant en 2021, un audit opérationnel et fonctionnel.

Cela a été réalisé en lien direct avec le personnel au travers de trois séminaires où la démarche et les conclusions relevées ont été jugées “très positives” à une écrasante majorité. Ces rencontres, et la mise en avant des enjeux, nous ont ainsi amené à ajuster pour le présent et à anticiper pour l’avenir, avec l’accompagnement de la fédération, nos ressources humaines et techniques.

J’en déduis à ce jour qu’une partie de ce personnel est réfractaire au changement et il va falloir en tenir compte et les rencontrer à nouveau. Ma porte reste grande ouverte.

> Soutien au personnel

S’agissant du “mal être au travail, j’ai lancé dès mon arrivée une démarche réglementaire de Document unique d’évaluation des risques professionnels1T2. Nous avons suivi d’emblée les préconisations de notre consultant à savoir le changement en urgence de nos locaux devenus insalubres.

Nous avons ainsi déménagé des Deux-Canons (où nous étions depuis 40 ans, sans aménagement) vers la ZAC Foucherolles pour les locaux plus spacieux et aérés. Un choix identique a été réalisé à Saint-Pierre lors d’une visite sur site avec l’accord du CSE, de la présidente et de l’équipe de l’antenne sud.

Sur le plan de la formation, avec la fédération, nous mettons en place un nouveau logiciel métier permettant une efficience et une montée en performance sur le travail et le développement du traitement des dossiers.

En partenariat avec la Chambre des Métiers, nous mettons en place une formation continue et certifiante pour le personnel de Soliha, ainsi que pour les partenaires des entreprises agrées, avec label.

> Retards de dossiers

S’agissant de la problématique des retards de dossiers (“et de la souffrance des familles”) elle est généralisée à tousles opérateurs (associatif, privés et institutionnel) et résultent en partie aux séquences “Gilets jaunes”, COVID 19, aux dossiers du traitement de l’amiante et maintenant à la “guerre” Ukraine/Russie.

Des réunions de travail ont été mis en place régulièrement avec le Département ainsi que l’ensemble des opérateurs pour débloquer les situations. Nous pensons que le Département communiquera rapidement en ce sens.

J’ai lu que « des subventions du Département avaient déjà payées depuis deux ou trois ans pour des chantiers, mais dont les travaux n’ont pas encore été réalisés », ce n’est pas vrai. Ces fonds figurent sur des comptes dédiés au Département et ne sont accessibles qu’à l’ouverture des chantiers. Ces règles comptables sont strictes, validées et suivies par le commissaire aux comptes

> Le cadre financier

Sur le plan financier, en plus des dispositifs de contrôles locaux, il faut savoir que nos comptes sont transmis à la fédération chaque année dans le cadre de la campagne de prévention financière et de l’accompagnement financier de la fédération.

Cette démarche vise à appréhender la santé financière globale du réseau, mais aussi à sensibiliser les adhérents sur les enjeux économiques et financières. Une copie de ces documents financiers sont transférés chaque année au Département. De même, la DEAL a réalisé chez nous un audit financier afin de nous accompagner dans le cadre de notre développement

> Accompagnement des artisans

Soucieux de la difficulté de nos entreprises depuis l’épisode COVID, un travail a été engagé à notre initiative auprès du Département et de la DEAL depuis l’année dernière pour aller vers la révision du bordereau des prix. Ces nouveaux tarifs viennent d’être validés le 13 avril dernier. Cette démarche a été menée en même temps que la refonte de l’agrément de Soliha qui n’avait plus été révisée depuis 1993. Cette mise aux normes, avec l’accompagnement de nos artisans, porte sur les dispositifs RGE, amiante, travail en milieu habité, PMR.

> Séminaire des Outre Mer de Soliha en mai 2022

J’ajoute enfin que, témoignage de sa confiance, la fédération a choisi d’organiser, pour la première fois, son séminaire des Outre Mer de Soliha à La Réunion du 2 au 6 mai 2022, en se reposant en partie sur compétences. Deux journées de travail entières seront consacrées à nos agents et aux enjeux futurs en termes notamment de finances et de diversification. Ce séminaire s’achèvera le 6 mai au siège du Département, Palais de la Source, par la “Conférence d’échanges sur les problématiques des Outre-Mer”.

Mickaël Sihou, directeur

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