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Santé

Vidéo - Les médecins libéraux refusent d'être remplacés par des "infirmiers en pratique avancée"


"​Un mouvement historique". C’est comme cela qu’est présenté le mouvement de grève des médecins en ce 14 février 2023. Historique par son ampleur et par l’alignement de tous les syndicats malgré un froid plus ancien entre deux visions de la profession libérale.

Par Ludovic Grondin - Publié le Mardi 14 Février 2023 à 18:03

"C’est jamais arrivé", de mémoire de syndicaliste. En plus des organisations syndicales qui défendent la profession de médecin, "le conseil de l’ordre sera dans la rue à Paris dans quelques heures", entament à pleins poumons les représentants locaux pas peu fiers de la mobilisation. 

En plus du conseil de l’ordre, "les hospitaliers se joignent à nous", entonnent les protagonistes, preuve que l’"on est tous dans la même merde", s’autorise le Dr Romain Kohlmann, radiologue et représentant de l’UFML (l'Union Française pour une Médecine Libre). 

Pris dans leurs activités respectives, les médecins libéraux ont peu l'habitude de ces combats de corporation. La preuve en est avec le faible taux de syndicalisation dans la profession. Mais aujourd'hui, ils claironnent avec la même détermination contre la loi Rist, du nom de Stéphanie Rist, médecin rhumatologue et députée du Loiret membre de La République en marche. Une loi qui, selon eux, les conduit au démantèlement de la médecine libérale. 

"On a en face de nous des gens pervers" capables de faire payer à la médecine libérale "les problèmes d’accès aux soins que les politiques ont eux-mêmes créés il y a 20 ans", en est persuadé le généraliste Jean-François Boin de Médecins Pour Demain, une organisation créée en septembre dernier.

La loi Rist, dont le texte transite par le Sénat à compter de ce mardi, est "vraiment un gros problème qui va changer la médecine générale en France", s’accordent à dire tous les intervenants. 

Si elle passe, elle va dessaisir les médecins de nombreux actes "supposés simples", raillent-ils, au profit des "infirmiers en pratique avancée". Les "IPA" cliniciens et les IPA spécialistes s’intercaleraient alors entre l’infirmier et le médecin. Les infirmiers ayant au moins 3 ans d’expérience pourront passer la formation d’IPA qui se déroule en deux ans "où il n’est question nulle part de médecine", soulève d’ailleurs l’un des intervenants en partageant à l’assistance les modules prévus dans la formation de ces "sous-médecins" en quelque sorte. Cette formation passée avec succès leur conférera un diplôme d’Etat. Comble pour les médecins aux 8 années - minimum - de doctorat, l’acquis de l’expérience des infirmiers pourra également compter s’ils veulent devenir IPA. 

Une conférence dans l'ouest, une conférence dans le nord

5 filières sont pour l’instant ouvertes* à cette profession créée par une loi de 2016 et dont les formations ont commencé en 2018. Quelques IPA exercent déjà, principalement à l’hôpital et aussi en libéral, mais toujours sous la coupe d’une équipe de soins coordonnée par un médecin et dans le cadre du suivi des maladies chroniques. Avec la loi Rist, un pas supplémentaire sera donc franchi.

La création de ces infirmiers en pratique avancée avec des IPA cliniciens, sorte de sous médecins généralistes, et des IPA spécialistes, ouvrira l’accès direct des patients aux kiné, aux sages-femmes, aux orthoptistes et autres orthophonistes en même temps qu’elle  permettra aux professionnels paramédicaux d’exercer des missions plus poussées jusque-là dévolues aux seuls médecins", expose le Dr Jean-François Boin. 

Dans la même veine, un professionnel souligne l’incongruité de ce futur de la profession dessiné "par les énarques", là où il lui arrive d’avoir encore des doutes au moment de poser un diagnostic après onze ans d'études de spécialisation. Cette remarque sous-entend un risque beaucoup plus grave concernant les "erreurs de diagnostic" et les "retards de diagnostic" qui pourront découler de cette "ubérisation de la médecine générale" . 

Cette conférence ce mardi à l’entame d’une journée historique de grève nationale a aussi été l’occasion de clarifier le positionnement des syndicats. Malgré l’unité de tous sur les revendications, deux syndicats ont fait le choix d’organiser leur point presse dans le nord

"Le CSMF et MG ne nous défendent pas. Nous sommes les vrais syndicats !", lance le Dr Humbert Gojon, ORL, vice-président du Syndicat des Médecins Libéraux (SML) en charge des DOM-TOM, vite applaudi par ses confrères dans la salle numéro 6 du Ciné cambaie. Une petite phrase qui vient illustrer l’électricité qu'il y a entre les trois syndicats présents à Saint-Paul et les deux qui ont décidé d’organiser leur propre rencontre avec la presse dans un hôtel de Saint-Denis et dans le même créneau horaire... 

En aparté, un médecin nous confirme que les syndicats se rejoignent sans difficulté sur les revendications actuelles mais, "historiquement", les syndicats qui ont fait bande à part ont une autre vision du métier de médecin libéral, ils sont plus prompts à se plier aux ordres de l’administration alors que, par définition, "en médecine libérale, nous ne sommes pas des salariés de l’Etat", défend-il sa vision.

Une grille de lecture qui s'est vue lorsque le micro s'est baladé dans les rangs de la salle et où, à chacune des prises de parole, une même détermination à refuser ce destin que leur propose la loi Rist transparaissait.


* les pathologies chroniques stabilisées, la prévention et les polypathologies courantes en soins primaires / l’oncologie et l’hémato-oncologie / la maladie rénale chronique, la dialyse, la transplantation rénale / la psychiatrie et la santé mentale / les urgences

Dr Jean-François Boin (Médecins Pour Demain) : 





1.Posté par JORI le 14/02/2023 18:16

"en médecine libérale, nous ne sommes pas des salariés de l’Etat" alors rien ne vous empêche de passer unilatéralement les consultations à 50€. Chiche ?. 😂😂😂

2.Posté par Zorey kapab koz kreol le 14/02/2023 18:41

Honte à ces médecins « libéraux » qui en réalité sont des fonctionnaires qui ne s’assument pas.
Combien de mort en lien direct avec leur journée de grève ?
Ces nantis prennent en otage toute la population française qui a la gentillesse pour leur payer étude , formation et salaire !
Stop à ces enfants gâtés de la république française qui commettent des centaines de milliers d’erreurs médicales chaque années sans quasiment la moindre sanction professionnelle ou pécuniaire.
Les médecins généralistes sont très bien rémunérés en France et ne travaillent pas beaucoup en terme d’heure.
On devrait envisager une baisse de leur traitement de fonctionnaire via la sécurité sociale au lieu de les augmenter de manière aussi importante.
Grosso modo, 1,5 e de la consultation cela fait environ 7 000 euro sur une année en plus dans la poche des toubibs.
Juste pour information , en France un médecin généraliste gagne entre 7 000 euro net par mois pour les plus fainéant ( ceux qui bossent 3,5 jours par semaine ), 10 000 euro net pour ceux qui travaillent 5 jours par semaine et 12-13 000 euro net pour les gros travailleurs.
On pourra envisager d’augmenter les salaires des toubibs quand ceux ci auront réussi a guérir cancer, infarctus, maladie rare et qu’ils ne commettront plus d’erreurs médicales faisant des dizaines de milliers de morts en France chaque année.

3.Posté par MMarley le 14/02/2023 19:22

Si on dérégule le métier de médecin en autorisant la concurrence des infirmiers, alors il faut aussi déréguler celui des infirmiers en autorisant la concurrence directe des aide-soignante sur les soins infirmiers non avancés. Chiche ?

4.Posté par Thierrymassicot le 14/02/2023 21:42

1.Posté par JORI le 14/02/2023 18:16

+1

Tu m'étonnes!! A la Réunion, demain ils ferment la boutique....Une bonne chose s'ils partent en métropole, dans les déserts médicaux. Chiche! Et Dechazourne koi y dit?

5.Posté par Léandre le 15/02/2023 04:30

Qu'y a t'il de mal à désengorger les cabinets médicaux surchargés pour des choses bateaux ?
C'est si impensable que ça de pouvoir aller voir un kiné ou une sage femme sans prescription médicale ?
Bien sûr, le but n'est pas de remplacer le médecin qui a son expérience et ses connaissances durement acquises.
Le but est juste de les décharger un peu de leur lourd travail pour simplifier l'accès aux soins et améliorer la vie des patients.
On a rien contre vous les médecins mais on en a marre d'attendre 6heures aux urgences pour une plaie ou une entorse, pcq c'est samedi ou dimanche et que les cabinets médicaux sont fermés...
Devoir prendre sa demie journée juste pour un renouvellement d'ordonnance ou pour un certificat médical c'est aussi du temps dont on ne dispose pas. Laissons les cabinets et les urgences aux gens vraiment malades non ?

6.Posté par L''''''''huilé le 15/02/2023 07:37

Et oui, il ont peur pour leurs portefeuiles .... la preuve encore une fois que les médecins n'en en rien à foutre de Monsieur Hypocrate ....Business is business .... Par contre les déserts médicaux, ça ne les dérangent pas, les attentes de plus en plus longues dans leurs salles, les rendez vous de plus en plus tardifs, le non respect des patients etc .... et j'en passe, sans parler des médecins urgentistes, j'en connais ! Les médecins aujourd'hui ne parlent que de business, la majorité investissent en immobilier et ont des billets pleins les yeux .... Alors que des infirmiers viennent leur piquer une part du gateau ....

7.Posté par seb le 15/02/2023 04:39

9 à 11 ans d'études et si peu de jugeote... c'est flippant.
ils ont peur, alors que les infirmiers en pratiques avancées n'ont jamais été des médecins, leur compétence n'est pas médicale mais paramédicale. c'est le développement des compétences d'infirmier au service des patients qui attendent parfois des mois pour voir un médecin.
c'est ça le fond du problème.
Docteurs, la santé n'est pas une histoire politique de monopole, personne ne vole rien à personne, il s'agit juste de donner aux gens la chance de voir rapidement des soignants en attendant vos diagnostiques, qui vous appartiennent...
regardez les pays voisins au lieu de forcer un corporatisme moyenâgeux.

8.Posté par Taloche le 15/02/2023 07:46

1. Jori.
Et le dépassement d'honoraires chez certains comment vous le considérez ?. A mon sens, le prix fixé à la consultation est celui reconnu par les organismes qui le remboursent. Apres, je crois que chacun peut nous taxer comme il veut.

9.Posté par JORI le 15/02/2023 12:05

8.Posté par Taloche le 15/02/2023 07:46
Vous connaissez beaucoup de médecins libéraux qui pratiquent les dépassement d'honoraires ?. Quant aux spécialistes, ils montrent l'exemple avec leurs dépassements d'honoraires. C'est la preuve qu'il n'est pas question ici d'un problème d'accès aux soins en France mais bien d'augmenter les salaires des praticiens. 😂😂😂

10.Posté par PobPob le 15/02/2023 13:31

Cette histoire est quand même révélatrice d'un fonctionnement un peu pervers de notre système de santé. D'un coté les médecins fonctionnent sous un régime libéral (comme un supermarché) ou les prix sont libres et d'autre part ils ont un salaire minimum garantie par consultation (comme des fonctionnaires)Les médecins libéraux demandent la revalorisation de leurs consultation ce qui veut dire que la sécurité sociale (donc l'Etat, donc nous tous) remboursera désormais plus pour une consultation (40 voire plus) alors que les prix des consultations sont libres. Rien n'empêche un médecin libéral de demander demain 40 euros, 50 euros ou plus pour une consultation. Mais dans ce cas là le patient en sera de sa poche et devra se retourner vers sa mutuelle pour combler la différence sécu. Et la apparaîtra alors une vrai concurrence entre les médecins. Les patients préférant aller vers les moins chers. Mais le corps médical fonctionnant comme une vrai "mafia" (je n'ai pas trouvé d'autre terme pour le décrire), n'est pas fou et préfère la solution de revaloriser les consultations. On ne tue pas la vache à lait, on la traie encore plus.
D'autre part les médecins refusent les infirmiers en pratique avancé avec un BAC +5 qui pourraient prescrire certains médicaments. Mais ce système existe déjà en France avec les Sages Femmes qui après 5 ans d'études peuvent prescrire certains médicaments (paracétamol ou autres) sans que personnes ne s'en plaignent. Leur peur vient t-elle d'une réelle volonté de protéger les patient ou bien d'une peur de perdre un peu de leur sacro-saint pouvoir sur notre système de santé.
Le système de santé français qui est un des meilleurs et des plus égalitaire au monde souffre malgré tout d'un certain nombre de maux. La facturation T2A des hôpitaux en "était" un. Le corporatisme des médecin en est, sans nul doute, un autre.

11.Posté par Marc le 15/02/2023 14:51

J'avais lu une publication il y a une dizaine d'années (je pense que c'était à la République des Idées) qui montrait que l'un des gros problèmes de notre système de santé est que les médecins sont payés très chers mais sont surchargés avec des tâches qui à l'étranger sont gérées par les infirmières qui en France ne sont faites que par les médecins. Résultat, étant surchargés les médecins pensent qu'ils doivent être mieux payés et négocient des augmentations. Mais comme le budget n'est pas infiniment extensible, les infirmières sont moins bien payées, se cassent (dans le privé ou à l'étranger) et ça rajoute de la surcharge de travail aux médecins. C'est un cercle vicieux.

12.Posté par Et moi ? le 15/02/2023 19:56

Moi je préfère payer plus cher et ne pas être entassé avec le bétail. Chacun ses priorités. D'autres préfèrent les consoles.

13.Posté par JORI le 16/02/2023 12:21

12.Posté par Et moi ? le 15/02/2023 19:56
Dîtes moi en quoi vous ne seriez plus entassé comme du bétail??. Leurs quart d'heure de consultation aura juste doublé, c'est tout. 😂😂😂

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