"C’est jamais arrivé", de mémoire de syndicaliste. En plus des organisations syndicales qui défendent la profession de médecin, "le conseil de l’ordre sera dans la rue à Paris dans quelques heures", entament à pleins poumons les représentants locaux pas peu fiers de la mobilisation.
En plus du conseil de l’ordre, "les hospitaliers se joignent à nous", entonnent les protagonistes, preuve que l’"on est tous dans la même merde", s’autorise le Dr Romain Kohlmann, radiologue et représentant de l’UFML (l'Union Française pour une Médecine Libre).
Pris dans leurs activités respectives, les médecins libéraux ont peu l'habitude de ces combats de corporation. La preuve en est avec le faible taux de syndicalisation dans la profession. Mais aujourd'hui, ils claironnent avec la même détermination contre la loi Rist, du nom de Stéphanie Rist, médecin rhumatologue et députée du Loiret membre de La République en marche. Une loi qui, selon eux, les conduit au démantèlement de la médecine libérale.
"On a en face de nous des gens pervers" capables de faire payer à la médecine libérale "les problèmes d’accès aux soins que les politiques ont eux-mêmes créés il y a 20 ans", en est persuadé le généraliste Jean-François Boin de Médecins Pour Demain, une organisation créée en septembre dernier.
La loi Rist, dont le texte transite par le Sénat à compter de ce mardi, est "vraiment un gros problème qui va changer la médecine générale en France", s’accordent à dire tous les intervenants.
Si elle passe, elle va dessaisir les médecins de nombreux actes "supposés simples", raillent-ils, au profit des "infirmiers en pratique avancée". Les "IPA" cliniciens et les IPA spécialistes s’intercaleraient alors entre l’infirmier et le médecin. Les infirmiers ayant au moins 3 ans d’expérience pourront passer la formation d’IPA qui se déroule en deux ans "où il n’est question nulle part de médecine", soulève d’ailleurs l’un des intervenants en partageant à l’assistance les modules prévus dans la formation de ces "sous-médecins" en quelque sorte. Cette formation passée avec succès leur conférera un diplôme d’Etat. Comble pour les médecins aux 8 années - minimum - de doctorat, l’acquis de l’expérience des infirmiers pourra également compter s’ils veulent devenir IPA.
Une conférence dans l'ouest, une conférence dans le nord
5 filières sont pour l’instant ouvertes* à cette profession créée par une loi de 2016 et dont les formations ont commencé en 2018. Quelques IPA exercent déjà, principalement à l’hôpital et aussi en libéral, mais toujours sous la coupe d’une équipe de soins coordonnée par un médecin et dans le cadre du suivi des maladies chroniques. Avec la loi Rist, un pas supplémentaire sera donc franchi.
La création de ces infirmiers en pratique avancée avec des IPA cliniciens, sorte de sous médecins généralistes, et des IPA spécialistes, ouvrira l’accès direct des patients aux kiné, aux sages-femmes, aux orthoptistes et autres orthophonistes en même temps qu’elle permettra aux professionnels paramédicaux d’exercer des missions plus poussées jusque-là dévolues aux seuls médecins", expose le Dr Jean-François Boin.
Dans la même veine, un professionnel souligne l’incongruité de ce futur de la profession dessiné "par les énarques", là où il lui arrive d’avoir encore des doutes au moment de poser un diagnostic après onze ans d'études de spécialisation. Cette remarque sous-entend un risque beaucoup plus grave concernant les "erreurs de diagnostic" et les "retards de diagnostic" qui pourront découler de cette "ubérisation de la médecine générale" .
Cette conférence ce mardi à l’entame d’une journée historique de grève nationale a aussi été l’occasion de clarifier le positionnement des syndicats. Malgré l’unité de tous sur les revendications, deux syndicats ont fait le choix d’organiser leur point presse dans le nord.
"Le CSMF et MG ne nous défendent pas. Nous sommes les vrais syndicats !", lance le Dr Humbert Gojon, ORL, vice-président du Syndicat des Médecins Libéraux (SML) en charge des DOM-TOM, vite applaudi par ses confrères dans la salle numéro 6 du Ciné cambaie. Une petite phrase qui vient illustrer l’électricité qu'il y a entre les trois syndicats présents à Saint-Paul et les deux qui ont décidé d’organiser leur propre rencontre avec la presse dans un hôtel de Saint-Denis et dans le même créneau horaire...
En aparté, un médecin nous confirme que les syndicats se rejoignent sans difficulté sur les revendications actuelles mais, "historiquement", les syndicats qui ont fait bande à part ont une autre vision du métier de médecin libéral, ils sont plus prompts à se plier aux ordres de l’administration alors que, par définition, "en médecine libérale, nous ne sommes pas des salariés de l’Etat", défend-il sa vision.
Une grille de lecture qui s'est vue lorsque le micro s'est baladé dans les rangs de la salle et où, à chacune des prises de parole, une même détermination à refuser ce destin que leur propose la loi Rist transparaissait.
* les pathologies chroniques stabilisées, la prévention et les polypathologies courantes en soins primaires / l’oncologie et l’hémato-oncologie / la maladie rénale chronique, la dialyse, la transplantation rénale / la psychiatrie et la santé mentale / les urgences
Pris dans leurs activités respectives, les médecins libéraux ont peu l'habitude de ces combats de corporation. La preuve en est avec le faible taux de syndicalisation dans la profession. Mais aujourd'hui, ils claironnent avec la même détermination contre la loi Rist, du nom de Stéphanie Rist, médecin rhumatologue et députée du Loiret membre de La République en marche. Une loi qui, selon eux, les conduit au démantèlement de la médecine libérale.
"On a en face de nous des gens pervers" capables de faire payer à la médecine libérale "les problèmes d’accès aux soins que les politiques ont eux-mêmes créés il y a 20 ans", en est persuadé le généraliste Jean-François Boin de Médecins Pour Demain, une organisation créée en septembre dernier.
La loi Rist, dont le texte transite par le Sénat à compter de ce mardi, est "vraiment un gros problème qui va changer la médecine générale en France", s’accordent à dire tous les intervenants.
Si elle passe, elle va dessaisir les médecins de nombreux actes "supposés simples", raillent-ils, au profit des "infirmiers en pratique avancée". Les "IPA" cliniciens et les IPA spécialistes s’intercaleraient alors entre l’infirmier et le médecin. Les infirmiers ayant au moins 3 ans d’expérience pourront passer la formation d’IPA qui se déroule en deux ans "où il n’est question nulle part de médecine", soulève d’ailleurs l’un des intervenants en partageant à l’assistance les modules prévus dans la formation de ces "sous-médecins" en quelque sorte. Cette formation passée avec succès leur conférera un diplôme d’Etat. Comble pour les médecins aux 8 années - minimum - de doctorat, l’acquis de l’expérience des infirmiers pourra également compter s’ils veulent devenir IPA.
Une conférence dans l'ouest, une conférence dans le nord
5 filières sont pour l’instant ouvertes* à cette profession créée par une loi de 2016 et dont les formations ont commencé en 2018. Quelques IPA exercent déjà, principalement à l’hôpital et aussi en libéral, mais toujours sous la coupe d’une équipe de soins coordonnée par un médecin et dans le cadre du suivi des maladies chroniques. Avec la loi Rist, un pas supplémentaire sera donc franchi.
La création de ces infirmiers en pratique avancée avec des IPA cliniciens, sorte de sous médecins généralistes, et des IPA spécialistes, ouvrira l’accès direct des patients aux kiné, aux sages-femmes, aux orthoptistes et autres orthophonistes en même temps qu’elle permettra aux professionnels paramédicaux d’exercer des missions plus poussées jusque-là dévolues aux seuls médecins", expose le Dr Jean-François Boin.
Dans la même veine, un professionnel souligne l’incongruité de ce futur de la profession dessiné "par les énarques", là où il lui arrive d’avoir encore des doutes au moment de poser un diagnostic après onze ans d'études de spécialisation. Cette remarque sous-entend un risque beaucoup plus grave concernant les "erreurs de diagnostic" et les "retards de diagnostic" qui pourront découler de cette "ubérisation de la médecine générale" .
Cette conférence ce mardi à l’entame d’une journée historique de grève nationale a aussi été l’occasion de clarifier le positionnement des syndicats. Malgré l’unité de tous sur les revendications, deux syndicats ont fait le choix d’organiser leur point presse dans le nord.
"Le CSMF et MG ne nous défendent pas. Nous sommes les vrais syndicats !", lance le Dr Humbert Gojon, ORL, vice-président du Syndicat des Médecins Libéraux (SML) en charge des DOM-TOM, vite applaudi par ses confrères dans la salle numéro 6 du Ciné cambaie. Une petite phrase qui vient illustrer l’électricité qu'il y a entre les trois syndicats présents à Saint-Paul et les deux qui ont décidé d’organiser leur propre rencontre avec la presse dans un hôtel de Saint-Denis et dans le même créneau horaire...
En aparté, un médecin nous confirme que les syndicats se rejoignent sans difficulté sur les revendications actuelles mais, "historiquement", les syndicats qui ont fait bande à part ont une autre vision du métier de médecin libéral, ils sont plus prompts à se plier aux ordres de l’administration alors que, par définition, "en médecine libérale, nous ne sommes pas des salariés de l’Etat", défend-il sa vision.
Une grille de lecture qui s'est vue lorsque le micro s'est baladé dans les rangs de la salle et où, à chacune des prises de parole, une même détermination à refuser ce destin que leur propose la loi Rist transparaissait.
* les pathologies chroniques stabilisées, la prévention et les polypathologies courantes en soins primaires / l’oncologie et l’hémato-oncologie / la maladie rénale chronique, la dialyse, la transplantation rénale / la psychiatrie et la santé mentale / les urgences