Alain Bertil a capturé des images nocturnes du Piton de la Fournaise :
Voici quelques clichés supplémentaires, pour le plaisir des yeux :
L’éruption débutée vendredi à 19h se poursuit. L’intensité du trémor volcanique (indicateur de l’intensité de l’éruption) sur les dernières 24h est resté relativement stable. Le point de l’Observatoire Volcanologique du Piton de la Fournaise :
Les observations du site éruptif montrent désormais trois bouches éruptives distinctes, une principale et deux secondaires de plus faible activité en aval. Ces deux bouches secondaires correspondent à la bouche située en aval de la bouche principale d’où s’échappaient jusqu’alors deux régimes de fontaines de lave et qui ont formé par accumulation de projections deux petits cônes distincts.
Les images de la webcam de l’OVPF-IPGP située à Piton des Cascades montraient ce matin que le front actif de la coulée de lave principale n’avait guère évolué depuis la veille. Le front de coulée se situait toujours dans le haut des Grandes Pentes (Figure 3).
En revanche une cassure dans le chenal de la coulée principale a fait dévier un bras de lave vers le sud, menaçant l’une des stations sismologiques de l’OVPF-IPGP. Une demande de moyen aéroporté de la Section aérienne de gendarmerie a été faite auprès de l’EMZPCOI pour essayer de sauver cette station rapidement.
Sur les dernières 24 heures, 28 séismes volcano-tectoniques superficiels (entre le niveau de la mer et la surface) ont été enregistrés sous les cratères sommitaux.
Le sommet du volcan montre une faible déflation (dégonflement), de l’ordre d’un centimètre, en lien avec la vidange du réservoir magmatique superficiel située sous le cratère Dolomieu à 1,5-2 km de profondeur qui alimente actuellement le site éruptif.
Les flux de CO2 dans le sol en champ lointain (Plaine des Cafres et Plaine des Palmistes) et en champ proche (Gîte du volcan) sont en augmentation. Ce paramètre sera à suivre ces prochains jours car une telle augmentation suggère un nouvel apport de magma profond (niveau mantellique).
Les flux de SO2 associés à l’éruption et mesurés par le réseau DOAS « NOVAC » montrent une augmentation progressive des flux de gaz à haute température depuis le début de l’éruption. Le panache éruptif s’élève sur une hauteur d’environ 0,8 – 1,1 km au-dessus de l’évent éruptif avec un axe de dispersion principal vers le sud (station NOVAC de Piton de Bert) et vers l’ouest (station NOVAC de Enclos).
Les valeurs médianes des flux de SO2 ont augmenté progressivement entre le premier jour de l’éruption le 9/4 et le 12/04 (entre 400 et 850 tonnes/jour) et ont augmenté de façon très importante le 13/04 (moyenne de 4054 tonnes/jour).
Une baisse à 2100 tonnes/jour a été mesurée pour le 14/04. Il est à noter que les mauvaises conditions météorologiques peuvent affecter la précision des mesures.
Les observations effectuées sur le terrain le 11/04 montrent la présence d’un magma peu dégazé (riche en gaz) qui alimentait les fontaines observées au niveau de l’évent le plus actif. La présence d’un magma plus dégazé (moins riche en gaz) émis au début de l’éruption (les 9 et 10/04) pourrait expliquer l’augmentation progressive du débit de gaz entre le 9 et le 13/04.
En fonction des flux de SO2, une estimation des débits de lave peut être faite (Figure 4). En considérant un magma partiellement dégazé lors des premiers jours (en bleu sur la Figure 4), le débit maximal de lave n’a probablement pas dépassé 20 m3/s les 9 et 10/04. Ensuite la proportion de magma moins dégazé (plus riche en gaz et certainement plus profond) a probablement augmenté dans le temps permettant d’estimer un débit moyen de 24 m3/s pour la journée du 13/04 (avec des maximums jusqu’à 59 m3/s) et un débit moyen de 12,5 m3/s pour la journée du 14/04. Il est à noter que les mauvaises conditions météorologiques peuvent affecter la précision des mesures.
En considérant ces valeurs de débits, le volume de lave émise (formation de cônes pyroclastiques et coulées de lave) depuis le début de l’éruption est estimé à environ 5 (+- 0,6) millions de m3.
A noter, que les débits de surface estimés à partir des données satellites via la plateforme HOTVOLC (OPGC – université Clermont Auvergne) au la plateforme MIROVA (université de Turin) n’ont pu être calculés ces deux derniers jours suite aux mauvaises conditions météorologiques sur le site éruptif.