Les cartes sont désormais dévoilées. Après une semaine d’une grève sans réellement savoir à quelle sauce ils seraient mangés, les grévistes des sociétés de transport scolaire prestataires pour le compte du TCO sauront enfin avec quelles sociétés ils devront négocier la continuité de leur contrat de travail. Le président du TCO compte énormément sur la médiation des services de l’Etat pour accompagner cette phase délicate de négo’ au cas par cas. La carrière de plus de 150 salariés est en jeu.
Opération déminage au Crayon ce mardi après-midi au Port. Le président du Territoire de la Côte Ouest tenait une conférence de presse en forme de mise au point sur la limite des responsabilités de l’interco dans le blocage actuel des transports scolaires.
Voilà plus d’une semaine que 150 personnels de sociétés privées de transport font grève, inquiets du sort qui leur sera réservé suite à l’attribution du marché public des transports du TCO à quatre nouvelles sociétés pour les six prochaines années. Qui dit nouveaux prestataires dit parfois reprise du personnel avec des conditions possiblement dégradées. La perte des acquis sociaux dans pareil cas de figure ferait tâche pour une présidence de gauche et c’est bien pour contrecarrer ce qui se dit sur son dos qu’Emmanuel Séraphin a décidé de préciser les limites du cadre d’intervention de son institution.
« Cette convention collective, je ne peux pas l’écrire »
Tout d’abord, le président informe que la fin des marchés publics de transport devait intervenir l’an dernier mais que la précédente mandature avait fait le choix, élection municipale oblige, de prolonger d’une année les marchés conclus il y a six ans en signant un avenant avec le groupement attributaire à l’époque. Voici d’emblée comment la patate chaude a été « léguée » à la nouvelle équipe. Ceci étant précisé, Emmanuel Séraphin est également accusé par l’intersyndicale (FO, CFTC, CGTR) des sociétés de transport d’avoir tiré les prix vers le bas pour retenir le nouveau groupement attributaire. Une « fake news », dixit Emmanuel Séraphin qui soutient que les critères de qualité n’ont pas été ignorés par la commission chargée de sélectionner les candidats.
La situation actuelle avec des circuits de ramassage dégradés qui pénalisent écoliers, collégiens et lycéens au pire moment de l’année aurait pu être évitée si la branche locale des transports bénéficiait de la convention collective sur le transport de voyageurs. Malheureusement, son action, qui protège les salariés dans les moments de passation de marché, ne s’applique qu’à la France hexagonale et à la Corse. Par une pirouette habile, le président de l’interco demande à l’assistance si c’est de sa faute si cette convention appliquée dans une branche économique spécifique n’est pas applicable dans les DOM.
« Ce n’est pas un oubli, ce n’est pas un choix. Il n’y a jamais eu de clause collective de reprise dans un marché des transports à La Réunion. Aujourd’hui, n’importe quelle intercommunalité peut se retrouver dans une situation comme la nôtre. C’est juste que jusqu’à présent c’était souvent les mêmes sociétés qui étaient reconduites », confirme-t-il l’usage, alors qu’il est aussi accusé de ne pas avoir prévu de « clause de reprise » des anciens contrats dans l’appel d’offres lancé. « Cette convention collective, je ne peux pas l’écrire », répète-t-il.
A défaut d’accord de branche dans pareil cas d’entrée de nouveaux prestataires, c’est donc une fenêtre de négociations salariales qui va s’ouvrir dès lors que les quatre sociétés attributaires recevront l’avis de notification de marché. A cette heure, le courrier est donc parti depuis hier lundi et le président du TCO ne pouvait encore divulguer le nom des entreprises retenues. Discrétion oblige.
L’équilibre entre qualité de service et coût pour les finances de la collectivité est mince à trouver
L’autre critique que réfute le président tient dans le fait que le TCO aurait fait des économies sur le dos des conducteurs de bus pour financer la fameuse gratuité promise durant la campagne. « C’est quelque chose que l’on a entendu. La gratuité dans les transports scolaires est un volet qui a été voté fin 2020 (dans le budget primitif 2021) et donc indépendamment de ce marché des transports scolaires », rappelle-t-il. D’ailleurs, dans la continuité, explique-t-il, « le TCO n’a pu que prendre acte des offres des entreprises candidates au marché ».
Son directeur du service des transports confirme toutefois que le marché public notifié pour les six années qui viennent sera d’un coût moindre de l’ordre de 1,8 million d’euros par an, « mais avec des conditions qui ont changé, les bus étaient amortis que pour le transport scolaire ».
L’appel à la médiation de la préfecture demeure donc la perspective la plus crédible à une sortie de conflit. Elle a le mérite d’être attendue autant par les grévistes que le TCO. En matière de négociations en effet, le président du TCO avoue ne pouvoir aller plus loin. Le reste de l’histoire appartient à des gérants de sociétés privées de transport face à des salariés d’un autre groupement, et qui présentent des carrières disparates. Ancienneté, primes, etc., il reviendra aux nouveaux bénéficiaires du marché public d’accorder leurs violons avec les salariés en standby.
Le TCO croise donc les doigts pour que les sociétés retenues aient anticipé, dans le calcul de leurs marges, des conditions de reprise identiques des salariés, ce qui constitue un point non négociable à les entendre.
LES MESURES PRISES POUR PALLIER A LA GREVE :
Assurément, la mesure palliative la plus significative dans ce « contexte très dégradé », est la possibilité, dès jeudi matin, pour les élèves munis d’une carte de transport scolaire d’emprunter gratuitement les navettes Kar’Ouest. Tout ce monde entrera-t-il en concurrence avec les usagers habituels ? « La saturation, c’est le risque », admet Emmanuel Séraphin mais « on va mettre 2 bus l’un derrière l’autre, surtout sur les zones urbaines ». Les détails seront finalisés d’ici jeudi matin avec la SEMTO, la société d’économie mixte en charge des transports pour le compte de l’interco.
Pour éviter l’engorgement, « Kar’Ouest sera renforcé en heure de pointe pour faire face à ce contexte particulier », ajoute-t-il sous le contrôle de l'élu saint-paulois Irchad Omarjee, président de la SEMTO.
« Un travail a été effectué pour dégager des moyens supplémentaires pour assurer le maximum de circuits scolaires », affirme aussi Emmanuel Séraphin. Le défi est immense : 17000 enfants sont transportés dans les cinq villes de l’Ouest.
L’autre renfort déjà déployé est téléphonique cette fois. Le TCO a doublé les moyens en termes de télé-opérateurs disponibles sur la plateforme mise en place pour informer les parents. Ils sont dix à gérer les coups de fil incessants.
Opération déminage au Crayon ce mardi après-midi au Port. Le président du Territoire de la Côte Ouest tenait une conférence de presse en forme de mise au point sur la limite des responsabilités de l’interco dans le blocage actuel des transports scolaires.
Voilà plus d’une semaine que 150 personnels de sociétés privées de transport font grève, inquiets du sort qui leur sera réservé suite à l’attribution du marché public des transports du TCO à quatre nouvelles sociétés pour les six prochaines années. Qui dit nouveaux prestataires dit parfois reprise du personnel avec des conditions possiblement dégradées. La perte des acquis sociaux dans pareil cas de figure ferait tâche pour une présidence de gauche et c’est bien pour contrecarrer ce qui se dit sur son dos qu’Emmanuel Séraphin a décidé de préciser les limites du cadre d’intervention de son institution.
« Cette convention collective, je ne peux pas l’écrire »
Tout d’abord, le président informe que la fin des marchés publics de transport devait intervenir l’an dernier mais que la précédente mandature avait fait le choix, élection municipale oblige, de prolonger d’une année les marchés conclus il y a six ans en signant un avenant avec le groupement attributaire à l’époque. Voici d’emblée comment la patate chaude a été « léguée » à la nouvelle équipe. Ceci étant précisé, Emmanuel Séraphin est également accusé par l’intersyndicale (FO, CFTC, CGTR) des sociétés de transport d’avoir tiré les prix vers le bas pour retenir le nouveau groupement attributaire. Une « fake news », dixit Emmanuel Séraphin qui soutient que les critères de qualité n’ont pas été ignorés par la commission chargée de sélectionner les candidats.
La situation actuelle avec des circuits de ramassage dégradés qui pénalisent écoliers, collégiens et lycéens au pire moment de l’année aurait pu être évitée si la branche locale des transports bénéficiait de la convention collective sur le transport de voyageurs. Malheureusement, son action, qui protège les salariés dans les moments de passation de marché, ne s’applique qu’à la France hexagonale et à la Corse. Par une pirouette habile, le président de l’interco demande à l’assistance si c’est de sa faute si cette convention appliquée dans une branche économique spécifique n’est pas applicable dans les DOM.
« Ce n’est pas un oubli, ce n’est pas un choix. Il n’y a jamais eu de clause collective de reprise dans un marché des transports à La Réunion. Aujourd’hui, n’importe quelle intercommunalité peut se retrouver dans une situation comme la nôtre. C’est juste que jusqu’à présent c’était souvent les mêmes sociétés qui étaient reconduites », confirme-t-il l’usage, alors qu’il est aussi accusé de ne pas avoir prévu de « clause de reprise » des anciens contrats dans l’appel d’offres lancé. « Cette convention collective, je ne peux pas l’écrire », répète-t-il.
A défaut d’accord de branche dans pareil cas d’entrée de nouveaux prestataires, c’est donc une fenêtre de négociations salariales qui va s’ouvrir dès lors que les quatre sociétés attributaires recevront l’avis de notification de marché. A cette heure, le courrier est donc parti depuis hier lundi et le président du TCO ne pouvait encore divulguer le nom des entreprises retenues. Discrétion oblige.
L’équilibre entre qualité de service et coût pour les finances de la collectivité est mince à trouver
L’autre critique que réfute le président tient dans le fait que le TCO aurait fait des économies sur le dos des conducteurs de bus pour financer la fameuse gratuité promise durant la campagne. « C’est quelque chose que l’on a entendu. La gratuité dans les transports scolaires est un volet qui a été voté fin 2020 (dans le budget primitif 2021) et donc indépendamment de ce marché des transports scolaires », rappelle-t-il. D’ailleurs, dans la continuité, explique-t-il, « le TCO n’a pu que prendre acte des offres des entreprises candidates au marché ».
Son directeur du service des transports confirme toutefois que le marché public notifié pour les six années qui viennent sera d’un coût moindre de l’ordre de 1,8 million d’euros par an, « mais avec des conditions qui ont changé, les bus étaient amortis que pour le transport scolaire ».
L’appel à la médiation de la préfecture demeure donc la perspective la plus crédible à une sortie de conflit. Elle a le mérite d’être attendue autant par les grévistes que le TCO. En matière de négociations en effet, le président du TCO avoue ne pouvoir aller plus loin. Le reste de l’histoire appartient à des gérants de sociétés privées de transport face à des salariés d’un autre groupement, et qui présentent des carrières disparates. Ancienneté, primes, etc., il reviendra aux nouveaux bénéficiaires du marché public d’accorder leurs violons avec les salariés en standby.
Le TCO croise donc les doigts pour que les sociétés retenues aient anticipé, dans le calcul de leurs marges, des conditions de reprise identiques des salariés, ce qui constitue un point non négociable à les entendre.
LES MESURES PRISES POUR PALLIER A LA GREVE :
Assurément, la mesure palliative la plus significative dans ce « contexte très dégradé », est la possibilité, dès jeudi matin, pour les élèves munis d’une carte de transport scolaire d’emprunter gratuitement les navettes Kar’Ouest. Tout ce monde entrera-t-il en concurrence avec les usagers habituels ? « La saturation, c’est le risque », admet Emmanuel Séraphin mais « on va mettre 2 bus l’un derrière l’autre, surtout sur les zones urbaines ». Les détails seront finalisés d’ici jeudi matin avec la SEMTO, la société d’économie mixte en charge des transports pour le compte de l’interco.
Pour éviter l’engorgement, « Kar’Ouest sera renforcé en heure de pointe pour faire face à ce contexte particulier », ajoute-t-il sous le contrôle de l'élu saint-paulois Irchad Omarjee, président de la SEMTO.
« Un travail a été effectué pour dégager des moyens supplémentaires pour assurer le maximum de circuits scolaires », affirme aussi Emmanuel Séraphin. Le défi est immense : 17000 enfants sont transportés dans les cinq villes de l’Ouest.
L’autre renfort déjà déployé est téléphonique cette fois. Le TCO a doublé les moyens en termes de télé-opérateurs disponibles sur la plateforme mise en place pour informer les parents. Ils sont dix à gérer les coups de fil incessants.