C’est un énième rendez-vous fin mars qui a été la goutte de trop. Richard Payet est demandeur d’emploi. Déficient visuel, il est reconnu travailleur handicapé depuis 2002 mais ce statut doit être renouvelé continuellement auprès d'une commission.
Anciennement directeur du service social à Saint-André et directeur du CCAS à partir de 1998 pendant une année, il est actuellement sans emploi et son inscription à Pôle Emploi et à la MDPH n’y ont rien fait.
"Ça fait un an que j'attendais de la MDPH l’obtention de la reconnaissance en tant que travailleur handicapé et d'obtenir la compensation handicap. Ils m'ont répondu comme bon leur semblait. Ils me font monter et descendre", résume Richard Payet.
Anciennement directeur du service social à Saint-André et directeur du CCAS à partir de 1998 pendant une année, il est actuellement sans emploi et son inscription à Pôle Emploi et à la MDPH n’y ont rien fait.
"Ça fait un an que j'attendais de la MDPH l’obtention de la reconnaissance en tant que travailleur handicapé et d'obtenir la compensation handicap. Ils m'ont répondu comme bon leur semblait. Ils me font monter et descendre", résume Richard Payet.
La reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH) est une décision administrative qui accorde aux personnes en situation de handicap une qualité leur permettant de bénéficier d’aides spécifiques. Une procédure de reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé est engagée à l’occasion de l’instruction de toute demande d’attribution ou de renouvellement de l’AAH (l’allocation aux adultes handicapés).
Durant toute cette période, Richard Payet a donc continué à honorer ses différents rendez-vous avec des conseillers de la MDPH.
Son reproche concerne le suivi des dossiers. "C’est très aléatoire, c'est selon leur bon vouloir", ajoute-t-il en illustrant cette affirmation par du vécu.
"Reconnu handicapé entre 50 et 80% de handicap, j’ai envoyé une demande pour obtenir l’Allocation aux adultes handicapés (AAH) car ma vue s’était encore dégradée", explique-t-il. Pourtant, cette demande lui a été refusée. "Quand j’ai demandé pourquoi, un agent de la MDPH m'a dit : 'ce n’est pas normal que vous n'ayez pas d'AAH'. Qui croire dans ce cas ?", désespère-t-il, baladé d’une version à l’autre.
Au lieu d’une réponse ferme, les réponses verbales finissent par lui mettre le doute sur la réalité du refus. "J'ai passé des coups de fil, je suis parti les voir à plusieurs reprises, le discours est plutôt favorable, cordial en face à face, mais par la suite ce n'est pas suivi d'effet. Je considère que c'est de la maltraitance. Je n'ai pas besoin de pitié, le médecin m'a donné le certificat. Ce ne sont pas des gens qui veulent devenir riches qui viennent voir la MDPH. Ayez un peu de dignité pour ces gens-là ! Ils travaillent dans un service social et ils n'ont pas d'empathie. Ils cherchent votre point faible pour vous descendre, pour vous dévaloriser", retient-il de son suivi par ce service placé sous la tutelle administrative et financière du Département.
Durant toute cette période, Richard Payet a donc continué à honorer ses différents rendez-vous avec des conseillers de la MDPH.
Son reproche concerne le suivi des dossiers. "C’est très aléatoire, c'est selon leur bon vouloir", ajoute-t-il en illustrant cette affirmation par du vécu.
"Reconnu handicapé entre 50 et 80% de handicap, j’ai envoyé une demande pour obtenir l’Allocation aux adultes handicapés (AAH) car ma vue s’était encore dégradée", explique-t-il. Pourtant, cette demande lui a été refusée. "Quand j’ai demandé pourquoi, un agent de la MDPH m'a dit : 'ce n’est pas normal que vous n'ayez pas d'AAH'. Qui croire dans ce cas ?", désespère-t-il, baladé d’une version à l’autre.
Au lieu d’une réponse ferme, les réponses verbales finissent par lui mettre le doute sur la réalité du refus. "J'ai passé des coups de fil, je suis parti les voir à plusieurs reprises, le discours est plutôt favorable, cordial en face à face, mais par la suite ce n'est pas suivi d'effet. Je considère que c'est de la maltraitance. Je n'ai pas besoin de pitié, le médecin m'a donné le certificat. Ce ne sont pas des gens qui veulent devenir riches qui viennent voir la MDPH. Ayez un peu de dignité pour ces gens-là ! Ils travaillent dans un service social et ils n'ont pas d'empathie. Ils cherchent votre point faible pour vous descendre, pour vous dévaloriser", retient-il de son suivi par ce service placé sous la tutelle administrative et financière du Département.
Le directeur de la MDPH répond
Confrontée à ce mécontentement, la Maison départementale des personnes handicapées a accepté de nous répondre. Son directeur nous informe tout d’abord que l’usager dont il est question a bénéficié, au cours de la dernière évaluation de la commission qui date de mars 2022, d’"une mesure essentielle : lui accorder un droit à vie de la reconnaissance de qualité de travailleur handicapé", ce qui signifie qu’il n’aura plus du tout à renouveler cette démarche administrative.
Concernant ce qui coince réellement, c’est-à-dire l’attribution de l’AAH, Déva Radakichenin confirme que cette allocation spécifique a été refusée deux fois de suite à ce demandeur. "Nous n’avons pas le droit d’ouvrir cette aide qui est réservée à un public bien particulier, qui est en difficulté d’accès à un emploi du fait de son handicap. À Monsieur Payet, on ne lui reconnaît pas cette restriction substantielle d’accès à un emploi. C’est-à-dire qu’au vu de son autonomie, qui existe quand même, de ses facultés intellectuelles, on considère qu’il a la possibilité d’accéder à ces emplois réservés aux personnes handicapées", évalue-t-il.
"Nous, ce qu’on peut faire c’est réalerter Pôle emploi sur le besoin d’insertion professionnelle de ce monsieur et que monsieur comprenne qu’il n’est pas dans le profil - en tout cas au vu de sa situation et des retentissements qui sont mentionnés dans son rapport médical. Il n’est pas dans la situation de quelqu’un qui ne peut pas vivre du travail. Même si ce n’est pas à plein temps ce n’est pas grave, il peut travailler. Monsieur Payet a un bac+3, de bonnes facultés intellectuelles, il peut travailler si quelqu’un lui donne sa chance. Il a travaillé jusqu’en 2017. Notre travailleur social qui le suit me dit qu’il l’a accompagné pour faire un recours s’il le souhaitait, pour contester le refus de l’AAH, le rassurer sur ses difficultés - qui sont réelles - mais qui n’ouvrent pas droit, au regard du handicap, à l’AAH. Notre obligation à nous c’est d’informer Pôle emploi que monsieur a une RQTH à vie. Après, on est à La Réunion avec un taux de chômage qui reste élevé, mais il y a encore des possibilités d’accéder à des emplois pour les personnes handicapées puisqu’on est loin des 6%", regrette Déva Radakichenin.
"Nôtre rôle : révéler les potentialités des personnes"
Le directeur de la MDPH fait allusion à l’obligation imposée aux entreprises depuis la loi de septembre 2018. Tout employeur d'au moins 20 salariés doit employer des personnes en situation de handicap dans une proportion de 6 % de l'effectif total.
Faute de respecter ce quota, "des entreprises payent même des amendes qui correspondent à une année de Smic pour un emploi. Après, La Réunion de 2022 n’est pas La Réunion de 2017. Les employeurs sont beaucoup plus sensibilisés. Des aides leur sont accordées, directement ou indirectement, pour faciliter les aménagements de poste. Aujourd’hui un employeur qui prend un travailleur handicapé, même quand il est déficient visuel, il avance de l’argent mais il est remboursé sur toutes les dépenses que ça peut représenter", en fait-il la promotion.
"On est en face d’un usager qui est en colère, il considère qu’il ne peut plus, il est dans une perte de confiance par rapport à la question de l’accès à l’emploi. Mais nous on ne peut pas non plus lui donner l’AAH parce qu’il ne trouve pas de travail. On reconnaît ses difficultés, il n’y a pas de problème de ce côté-là. Monsieur Payet est à Pôle emploi qui a un opérateur qui s’appelle Cap Emploi, qui aide aussi les personnes handicapées à accéder à l’emploi. Nous notre rôle, pour tous ceux qui ont encore du potentiel, c’est de ne pas stigmatiser le handicap mais plutôt de révéler les potentialités des personnes", conclut-il.
Confrontée à ce mécontentement, la Maison départementale des personnes handicapées a accepté de nous répondre. Son directeur nous informe tout d’abord que l’usager dont il est question a bénéficié, au cours de la dernière évaluation de la commission qui date de mars 2022, d’"une mesure essentielle : lui accorder un droit à vie de la reconnaissance de qualité de travailleur handicapé", ce qui signifie qu’il n’aura plus du tout à renouveler cette démarche administrative.
Concernant ce qui coince réellement, c’est-à-dire l’attribution de l’AAH, Déva Radakichenin confirme que cette allocation spécifique a été refusée deux fois de suite à ce demandeur. "Nous n’avons pas le droit d’ouvrir cette aide qui est réservée à un public bien particulier, qui est en difficulté d’accès à un emploi du fait de son handicap. À Monsieur Payet, on ne lui reconnaît pas cette restriction substantielle d’accès à un emploi. C’est-à-dire qu’au vu de son autonomie, qui existe quand même, de ses facultés intellectuelles, on considère qu’il a la possibilité d’accéder à ces emplois réservés aux personnes handicapées", évalue-t-il.
"Nous, ce qu’on peut faire c’est réalerter Pôle emploi sur le besoin d’insertion professionnelle de ce monsieur et que monsieur comprenne qu’il n’est pas dans le profil - en tout cas au vu de sa situation et des retentissements qui sont mentionnés dans son rapport médical. Il n’est pas dans la situation de quelqu’un qui ne peut pas vivre du travail. Même si ce n’est pas à plein temps ce n’est pas grave, il peut travailler. Monsieur Payet a un bac+3, de bonnes facultés intellectuelles, il peut travailler si quelqu’un lui donne sa chance. Il a travaillé jusqu’en 2017. Notre travailleur social qui le suit me dit qu’il l’a accompagné pour faire un recours s’il le souhaitait, pour contester le refus de l’AAH, le rassurer sur ses difficultés - qui sont réelles - mais qui n’ouvrent pas droit, au regard du handicap, à l’AAH. Notre obligation à nous c’est d’informer Pôle emploi que monsieur a une RQTH à vie. Après, on est à La Réunion avec un taux de chômage qui reste élevé, mais il y a encore des possibilités d’accéder à des emplois pour les personnes handicapées puisqu’on est loin des 6%", regrette Déva Radakichenin.
"Nôtre rôle : révéler les potentialités des personnes"
Le directeur de la MDPH fait allusion à l’obligation imposée aux entreprises depuis la loi de septembre 2018. Tout employeur d'au moins 20 salariés doit employer des personnes en situation de handicap dans une proportion de 6 % de l'effectif total.
Faute de respecter ce quota, "des entreprises payent même des amendes qui correspondent à une année de Smic pour un emploi. Après, La Réunion de 2022 n’est pas La Réunion de 2017. Les employeurs sont beaucoup plus sensibilisés. Des aides leur sont accordées, directement ou indirectement, pour faciliter les aménagements de poste. Aujourd’hui un employeur qui prend un travailleur handicapé, même quand il est déficient visuel, il avance de l’argent mais il est remboursé sur toutes les dépenses que ça peut représenter", en fait-il la promotion.
"On est en face d’un usager qui est en colère, il considère qu’il ne peut plus, il est dans une perte de confiance par rapport à la question de l’accès à l’emploi. Mais nous on ne peut pas non plus lui donner l’AAH parce qu’il ne trouve pas de travail. On reconnaît ses difficultés, il n’y a pas de problème de ce côté-là. Monsieur Payet est à Pôle emploi qui a un opérateur qui s’appelle Cap Emploi, qui aide aussi les personnes handicapées à accéder à l’emploi. Nous notre rôle, pour tous ceux qui ont encore du potentiel, c’est de ne pas stigmatiser le handicap mais plutôt de révéler les potentialités des personnes", conclut-il.