Après le point effectué au niveau national par le ministre de la Santé, la directrice de l’Agence régionale de santé a tenu à effectuer une piqûre de rappel au niveau local.
« Nous sommes dans un moment charnière », déclare ce vendredi Martine Ladoucette. La directrice de l’ARS a voulu donner les toutes dernières évolutions de l’épidémie à La Réunion.
Ce moment charnière fait que « la situation peut évoluer d’un sens comme dans l’autre », précise-t-elle sa mise en garde. Cela dépendra de l’évolution du fameux taux d’incidence chez les plus vulnérables. S’il accélère, comme c’est le cas en ce moment chez les personnes âgées, cela se traduira par une augmentation du nombre d’hospitalisations et des complications associées chez ce public plus vulnérable.
« Mon propos n’est pas de créer un climat de panique », mesure-t-elle l’impact de son intervention ce vendredi, après deux semaines sans point presse.
« Le moment n’est évidemment pas venu de banaliser le risque »
La Réunion demeure en effet toujours classée en « zone d’alerte », c’est-à-dire en zone de circulation virale active, sans avoir basculé pour autant en zone renforcée, et encore moins en zone d’alerte maximale. « La situation ne se dégrade pas, on pourrait même croire qu’elle s’améliore un peu », ajuste Martine Ladoucette. « Le moment n’est évidemment pas venu de banaliser le risque », affirme-t-elle avant de donner des éléments chiffrés.
« Au cours de ces deux dernières semaines, on a comptabilisé entre 491 et 495 nouveaux cas par semaine contre 595 cas il y a trois semaines. Cela fait bien une diminution de 100 sur 7 jours et c’est donc un taux d’incidence qui diminue un peu, passant de 70 pour 100.000 habitants à un peu plus de 63/100.000 habitants », détaille la directrice de l’Agence de santé.
« C’est un taux encourageant pour la deuxième semaine consécutive mais ne nous y trompons pas, il s’agit du seul indicateur favorable. Et ce seul indicateur ne suffit pas à améliorer la situation », confirme la directrice.
C’est principalement la tranche des 15-40 ans qui connaît la plus forte diminution du taux d’incidence mais ce qui est par contre préoccupant, c’est bien l’augmentation, pour la deuxième semaine consécutive, du taux d’incidence chez les + de 65 ans, et en particulièrement chez les + de 75 ans.
Une incidence inévitable sur la réponse hospitalière
En effet, chez ces personnes âgées (de plus de 65 ans) on comptabilise en moyenne chaque jour 8 personnes de plus contaminées. Cette augmentation fait passer le taux d’incidence chez les personnes âgées d’un seuil inférieur à 50/100.000 à un seuil qui, à présent, dépasse le seuil national. « Le risque est donc grand et inévitable de voir le nombre d’hospitalisations augmenter avec un risque de séquelles graves voire de décès », prévient Martine Ladoucette. Cela se traduirait par une augmentation des entrées en réanimation. Sachant qu’aujourd’hui, c’est pratiquement 20% des lits qui sont occupés. Pour rappel, en France, 9 décès sur 10 sont le fait des personnes âgées.
La « double peine »
« Loin d’être la seule conséquence, cette occupation des lits conduit surtout le CHU à fermer des blocs de salles opératoires et de reprogrammer des opérations chirurgicales pourtant nécessaires », complète Martine Ladoucette.
« Je veux insister sur le fait que, d’un point de vue sanitaire, c’est une double peine. C’est une double peine pour les personnes qui sont touchées pour les formes graves du Coronavirus, mais c’est aussi une double peine pour la population qui n’est pas touchée par la Covid », conclut-elle son nouveau message de prévention.
Sur des images de Samuel Irlepenne