Que nous vaut votre visite dans l’île ?
« Pendant deux jours j’ai rencontré bon nombre d’élus, des chefs d’entreprises, des agriculteurs. J’en ai profité pour installer un comité de soutien à Saint-Pierre et un autre cet après-midi (NDLR : vendredi) à Saint-Denis. »
Lors de la dernière présidentielle, Marine Le Pen était arrivée à la 2e place au premier tour (23,46%) derrière Jean-Luc Mélenchon (24,53%). Lors des élections européennes, la liste RN menée par Jordan Bardella était arrivée largement en tête avec 31,24% des voix. Comment se fait-il que le Rassemblement national arrive à mobiliser les électeurs réunionnais lors des scrutins nationaux mais peine toujours à s’inscrire dans le paysage politique local ?
« Les élections locales sont passées et le sujet maintenant c’est l’élection présidentielle. Lors des dernières présidentielles, Marine Le Pen est arrivée effectivement derrière Jean-Luc Mélenchon mais en cumul des voix elle était arrivée en tête dans l’ensemble de l’Outre-Mer. Concernant les élections européennes, la liste de Jordan Bardella sur laquelle je figurais est arrivée en tête à La Réunion dans les 24 communes (…) Marine Le Pen porte un programme ambitieux et audacieux sur la base de son programme de 2017 reprenant un certain nombre de thématiques, à savoir un grand ministère d’Etat de l’Outre-Mer et du domaine maritime de façon à ce que ce ministère ait un poids politique sur les autres représentations de l’Etat outre-mer (…) Gouverner c’est prévoir large et loin. »
Quelle ambition porte Marine Le Pen pour l’Outre-Mer ?
« Moi qui ai travaillé avec Jacques Chirac, cela fait 15 ans que l’Outre-Mer est totalement délaissé, complètement à l’abandon. Cela a été le cas avec le quinquennat de Nicolas Sarkozy, celui de François Hollande et le pire et le maximum a été atteint durant ce quinquennat d’Emmanuel Macron. Nous avons un président de la République qui ne connaît ni la France ni les Français de la métropole et qu’il est donc compliqué pour lui de connaître la France et les Français à 10.000 km de son bureau de son palais de l’Elysée. »
Ne craignez-vous pas la concurrence d’Eric Zemmour, devant Marine Le Pen dans les sondages alors qu’il ne s’est pas encore déclaré ?
« Il s’agit de rassembler et de réconcilier les Français et je ne pense pas que les propos clivants de M.Zemmour soient de nature à rassembler les Français. Particulièrement ici en Outre-Mer lorsqu’il dit qu’il y a trop de Noirs dans l’équipe de France, que l’Islam n’est pas compatible avec la République, que les Français de confession musulmane doivent changer leur prénom ou encore que les femmes sont des butins pour l’homme. Je ne pense pas que ce sont des discours de réconciliation et de rassemblement ».
En sa qualité de région ultra-périphérique (RUP), La Réunion et d’autres départements ultramarins bénéficent d’enveloppes budgétaires conséquentes de la part de l’Union européenne (POSEI, FEDER, INTERREG, FEADER, etc…). Un mot sur la politique menée par Bruxelles dans ces territoires ?
« Il convient d’être vigilant avec tout ce qui est dit, fait et voté à Bruxelles. La filière canne est menacée et il faut que tous les acteurs locaux soient rassemblés pour éviter l’invasion du marché de produits de producteurs de pays tiers. Par ailleurs, sur le FEDER, messieurs Bijoux et Omarjee se sont réjouis des nouveaux crédits budgétaires. Ces crédits qui étaient de 4,7 milliards d’euros ces cinq dernières années, sont passés à 1,5 milliard. Tout cela s’est fait au détriment de l’Outre-Mer au profit des migrants. Au cours d’un vote bloqué, ces derniers se sont vus accorder un crédit de 11,7 milliards d’euros soit la moitié de l’allocation annuelle de la France à l’Union européenne. 11,7 milliards pour les migrants et 1,5 milliard pour l’Outre-Mer ».
À vous entendre, vous déplorez le fait que l’Outre-Mer soit un prétexte électoral pour de nombreuses personnalités ou mouvements politiques…
« De façon incantatoire, les politiques ont souvent dit que l’Outre-Mer était une chance pour la France ce que Marine Le Pen et moi-même avons sincèrement pensé. La mutation et la redistribution des cartes géopolitiques et géographiques sont en train de le prouver. Le terrain de jeu international va se situer dans la zone indo-pacifique. »