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Victorin Lurel en visite à Logistisud : « Je suis un homme heureux »

Alex How-Choong accueille avec un large sourire le ministre des Outre-mer, Victorin Lurel, dont c’est la seconde visite officielle à La Réunion. Un sourire encore plus large illuminera son visage au moment du départ. Quelques instants plus tôt, à 11h ce matin, le président et co-fondateur de Logistisud trépignait devant l’entrée du gigantesque bâtiment de […]

Ecrit par zinfos974 – le samedi 10 novembre 2012 à 18H01

Alex How-Choong accueille avec un large sourire le ministre des Outre-mer, Victorin Lurel, dont c’est la seconde visite officielle à La Réunion. Un sourire encore plus large illuminera son visage au moment du départ.

Quelques instants plus tôt, à 11h ce matin, le président et co-fondateur de Logistisud trépignait devant l’entrée du gigantesque bâtiment de Pierrefonds, un brin tendu en attendant le convoi des officiels. L’accueil enthousiaste du ministre à ce projet concrétisé de plate-forme logistique d’éclatement dans laquelle le guadeloupéen dit retrouver certaines préoccupations qui lui sont chères – et visant à lutter contre la vie chère – ont largement détendu le réunionnais.
 
Après avoir écouté attentivement la présentation de Logistisud par son président, le ministre quitte son siège et s’empare du micro : « Le gouvernement a fait adopter une loi portant régulation économique, que l’on appelle vulgairement « contre la vie chère ». Et vous êtes l’un des maillons de cette régulation économique. »

Face à lui, les députés socialistes Erika Bareigts (rapporteure PS du projet de loi en question), Monique Orphé, Patrick Lebreton et Jean-Jacques Vlody, et le sénateur-maire UMP de Saint-Pierre, Michel Fontaine. La loi contre la vie chère en Outre-mer a été adoptée par le Sénat le 26 septembre dernier, et le 10 octobre par l’Assemblée Nationale. 

 

-15° à l’intérieur

Erika Bareigts et sa collègue Monique Orphé, toutes deux frigorifiées malgré les doudounes prêtées par Logistisud, rient de l’accélération progressive de la visite au fur et à mesure du gel des oreilles des participants : -15° à l’intérieur, le choc thermique est sensible… 9500 m2 sur les 27 500 m2 bâtis sont dédiés au stockage du froid dans ces grands entrepôts destinés à faciliter et fluidifier les échanges de marchandises, périssables ou non.

Réceptionner, ventiler, entreposer et préparer : telles sont les missions de Logistisud selon le discours promotionnel. Et ainsi répondre à des attentes en terme de rapidité et de baisse des coûts pour les entrepreneurs et collectivités du sud de l’île.
 
Victorin Lurel, lui, s’est réjouit de ce qu’il a vu et entendu : « C’est bien mais cette affaire ne marchera que si on s’y met tous. Personne n’a évoqué l’une des faiblesses de la loi : telle qu’elle est, elle ne s’appliquera que dans les villes et les périphéries, là où se trouvent les grandes surfaces. Ca veut dire que l’effort de baisse de prix n’ira pas dans les campagnes. Et ceux que l’on appelle les petits commerçants, les commerces de proximité, doivent être approvisionnés à bon coût. Les plates-formes comme la vôtre peuvent les aider à diminuer ces coûts. Mais une plate-forme comme celle-là, pour intéresser les petits commerçants, devrait leur permettre d’être adhérents, d’être dans le capital. Qu’ils puissent passer des commandes groupées.« 

« C’est très bien, il faut des pionniers, Frigodom l’a fait en Guadeloupe, vous le faites ici. Vous m’étonnez ici à La Réunion : il y a aussi la coopérative fibre qui a presque la même idée. J’ai proposé une idée semblable pour l’artisanat. Je vous remercie d’illustrer par anticipation ce que la loi contre la vie chère veut. Je suis un homme heureux. Car à l’époque quand j’ai énoncé ça chez moi, on m’a dit ce n’était pas le rôle d’un élu de concurrencer le privé. Que ce n’était pas le rôle des chambres consulaires de tenter de regrouper l’offre. J’ai eu les mêmes problèmes avec cette loi sur la vie chère : ce ne serait pas le rôle des élus de tenter de fluidifier le fonctionnement des marchés économiques. J’ai pourtant passé des années à réfléchir à ça sans être chef d’entreprise. »

 

Combler le manque de plate-forme

Logistisud est sorti de terre en 2009, en même temps que la route des Tamarins. Yves Jégo, alors secrétaire d’état à l’Outre-Mer, en avait posé la première pierre le 29 janvier 2009. L’idée mûrie depuis 2004 par les deux frères How-Choong, Gérald et Alex, anciens producteurs et distilleurs de vétiver à Petite-Île, reconvertis dans la gestion des déchets dans le Sud, était de combler le manque dans le grand sud de plate-forme de ce type, toutes installées au Port.

Avec l’arrivée de la route des Tamarins, la donne changeait : le port n’était plus qu’à 40 minutes, et l’emplacement choisi, adjacent à l’aéroport de Pierrefonds, proche des zones industrielles et commerciales de Saint-Pierre, s’est avéré stratégique et a permis de répondre à de nouvelles demandes des entreprises devant s’adapter à une mondialisation sans cesse accrue des échanges commerciaux.

Misant sur un équipement technologique et informatique pointu, mais aussi sur l’aspect développement durable, les deux frères ont vite conquis des parts de marché : près de quarante clients réguliers, dont le CHU de Saint-Pierre, des PME, des collectivités font appel à leurs services.

Côté écologique, quasi aucun papier n’est utilisé pour la gestion des stocks et les toits abritent une ferme photovoltaïque permettant de produire jusqu’à 1,3 megawatts, afin de fournir les besoins en électricité. Des fluides frigorigènes limitent l’émission de gaz à effet de serre. Autant d’atouts pour le développement du Grand Sud cher à une partie des politiques présents et aux deux frères How-Choong.
 
Mais les arguments en faveur du développement durable n’ont pas été entendus par tout le monde. En passant le portail de sortie, à l’issue de la visite, le sénateur-maire de Saint-Pierre Michel Fontaine (également président de la Civis, donc en charge de la gestion des déchets) jette ostensiblement par la fenêtre passager de sa berline son paquet vide de 25 cigarettes de marque Chesterfield Blue, qui vole sur quelques mètres au gré du vent, atterrissant aux pieds du gardien du parking : « Et c’est le maire qui fait ça, bonjour l’exemple. »

Un petit geste qui met à terre bien des grands discours. Pour le développement durable, le travail d’éducation à effectuer est encore immense et commence par nos élites. 

 

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