100 : c'est le nombre de 49,3 utilisés sous la Vème République. Est-ce la fois de trop ?
Il devient évident que cette disposition législative est de plus en plus mal supportée à notre époque. Le temps est révolu où une élection confère un blanc-seing à un élu qui n'a de compte à rendre qu'en fin de mandat. Aujourd'hui les citoyens veulent être plus impliqués au moins lorsqu'il s'agit de décisions ou de lois qui engendrent un impact décisif sur leur vie. Cela paraît d'autant plus étonnant voire antinomique avec les taux de participation électorale qui diminuent irrémédiablement.
10 : ce sera mardi 28 mars la dixième grande journée de mobilisation contre la loi instituant la retraite à 64 ans. Ce cas illustre parfaitement la nécessité de réfléchir à l'évolution de nos institutions car que voit-on au final ? Une loi rejetée par plus de 70% des Français, non débattue à l'Assemblée, non votée et qui a malgré tout été adoptée ! Alors sommes-nous dans une démocrature pour reprendre la terminologie de François Sureau (contraction de démocratie et de dictature) ?
Cette réforme des retraites était dans le projet du candidat Macron en 2022. Il n'a recueilli au premier tour qu'un peu moins de 28% des voix. Et pourtant, il estime que cela lui donne la légitimité de la faire adopter envers et contre tout... Qu'est devenu l'homme qui, le soir de sa réélection, expliquait : "ce résultat m'oblige" ; "je vais écouter" ? Etait-il nécessaire de consacrer autant de temps et d'énergie pour une loi paramétrique sur laquelle on dira dans quelques années : une de plus après les lois Balladur, Fillon, Touraine pour ne reprendre que les dernières.
Refaisons l'histoire. Si l'Assemblée Nationale s'était prononcée sur ce texte, il aurait pu être voté ; la contestation aurait un peu continué et la rancœur se serait installée mais il aurait été possible de passer à autre chose. Si le texte n'avait pas été voté, le gouvernement aurait enchaîné sur d'autres textes : les difficultés ne manquent pas (pouvoir d'achat, emploi, logement, réchauffement climatique, santé, éducation, réarmement...). Avec la méthode utilisée, la contestation est encore plus forte et l'ombre du mouvement "gilets jaunes" plane ; la haine et la défiance se sont installées envers le Président, les institutions...
Personne à cette heure ne peut dire comment cet épisode finira mais cela laissera des traces profondes. La République demeurera-t-elle une démocratie ? Deviendra-t-elle une démocrature ? Ou pire ?