Chaque année, l’Union européenne alloue aux départements français d’outre-mer près de 278,4 millions d’euros. En rajoutant le complément annuel que reverse la France à La Réunion au titre du CIOM, soit 40 millions d’euros, l’enveloppe annuelle du POSEI pour notre territoire s’élève à 107 672 520 euros, dont près de 51 millions pour la filière canne-sucre-rhum, 13 millions pour la filière végétale de diversification, 28 millions pour la filière animale ou encore 15 millions pour le Régime spécifique d’approvisionnement (RSA: qui consiste en une aide à l’importation d’intrants nécessaires au bon développement des filières agricoles, essentiellement au bénéfice de la fabrication locale d’aliments pour les filières animales à La Réunion).
Problème, la Commission européenne, dans son projet de réforme du budget, prévoit une réduction de l’aide accordée aux RUP de l’ordre de 3,9% sur la prochaine période budgétaire 2021-2027, soit 11 millions d’euros en moins chaque année pour l’agriculture des DOM française. Dans le prochain cadre financier pluriannuel 2021-2027, cette baisse équivaudrait à une perte sèche de 77 millions d’euros.
Ces dernières semaines et contrairement à la Commission européenne, le Parlement européen s’était lui prononcé pour le maintien du budget actuel. Lors du dernier Conseil européen des ministres de l’Agriculture du 21 septembre dernier, les ministres de l’agriculture français, espagnol, portugais et grec avaient réitéré cette demande.
Les eurodéputés ultramarins, à l’initiative de Stéphane Bijoux et du député espagnol des Canaries Gabriel Mato, avaient même écrit le 16 septembre dernier à Michael Clauss et à Ursula Von der Leyen, respectivement président du Conseil européen et présidente de la Commission européenne pour demander la prise en compte des spécificités ultramarines, marquées par l’éloignement géographique avec les États membres de l’UE, en plus de faire face à la concurrence des produits importés.
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Depuis, les négociations sont toujours en cours pour trouver un accord entre le Parlement européen, la Commission et le Conseil européen.
Un conflit d’interprétation entre la Commission et le Parlement qui a le don d’agacer les représentants de la Production Locale Réunie, « qui va à l’encontre de ce qui avait été annoncé ces dernières années ». Pour rappel, le maintien des 25 millions d’euros annuels attribués à La Réunion au titre du POSEI avait même été actée en juillet 2018 pour la prochaine programmation pluri-annuelle ([Posei maintenu, une bataille gagnée, mais pas la guerre]urlblank:https://www.zinfos974.com/Agriculture-POSEI-maintenu-une-bataille-gagnee-mais-pas-la-guerre_a129367.html ). Pour eux, cette baisse du budget du POSEI est aussi bien inconcevable qu’incompréhensible, « d’autant que ce fond n’a jamais été revalorisé depuis 13 ans ». Pire, ce manque à gagner de 25 millions d’euros annuels pour notre territoire remettrait fondamentalement le modèle agricole de La Réunion, pourtant vantée par Emmanuel Macron lors de son déplacement dans l’île en octobre 2019.
« Je suis extrêmement surpris par cette baisse annoncée alors que dans le contexte actuel, tous les robinets sont ouverts dans différents secteurs économiques à coups de millions d’euros », déplore Frédéric Vienne, président de la Chambre d’agriculture. Le patron de la Chambre verte ne cache pas son incompréhension d’autant plus que les politiques agricoles menées « tendent vers plus d’autonomie et plus de circuits-courts ».
La président de l’ADIR (Association pour le développement industriel de La Réunion), Daniel Moreau, n’y va pas par quatre chemins. « La transformation agricole réunionnaise est en alerte maximale », alerte le PDG de Royal Bourbon Industries, qui pointe un « manque de cohérence publique ». « Notre modèle agricole a fait ses preuves ces dernières années, notamment dans la crise covid », rappelle-t-il.