Des propositions dédiées à soutenir les filières bovines « pour plus d’organisation, pour le soutien public à la mise aux normes des bâtiments et la défense de la consommation de produits bovins dans notre pays« , oui. Mais des propositions en adéquation avec la Réunion, c’est ce que demandent la Chambre d’agriculture et la CGPER. En cause, la présence de contraintes spécifiques à la Réunion qui ont été détaillées dans une lettre adressée au ministère de l’agriculture ce lundi.
Pour le président de la Chambre d’agriculture et de la CGPER, Jean-Yves Minatchy, le modèle économique des filières de production animales demeure fragile en raison des surcoûts de production relatifs à l’éloignement de l’île ainsi que les normes de production « drastiques » provoquant des surcoûts multiples.
Cotisations sociales et coefficients stabilisateurs en ligne de mire
Si Bruno Le Maire a déjà envisagé le gel du paiement des cotisations salariales sur une année, Jean-Yves Minatchy estime urgent d’exonérer intégralement les cotisations sociales des agriculteurs réunionnais pour une durée de cinq ans. Le but avoué, faire face à la concurrence grandissante des importations brésilienne et botswanaise et aux difficultés d’écoulement de la viande de boeuf péi depuis maintenant deux ans.
Autre requête présentée au ministre, la suppression des coefficients stabilisateurs dans les filières bovines. Entendez la disparition pure et simple d’une mesure qui « pénalise les éleveurs qui font des efforts pour satisfaire le marché local » et qui ont une production trop élevée. Sur ce point, Jean-Yves Minatchy demande le versement de primes animales sans coefficient de stabilisation.
Une mesure que l’on pourrait associer à la demande du maintien du prix d’achat de l’énergie solaire à raison de 40 euros par mégawatts contre les 35 euros proposés. Quant aux bâtiments d’élevage censés respecter les nouvelles normes, ils concernent actuellement 120 éleveurs réunionnais qui ont souvent du mal à faire face au coût des matériaux, plus élevés dans le département que dans l’hexagone. La Chambre d’agriculture réclame pour eux un soutien financier à hauteur de 75% du coût contre les 50% pratiqués actuellement.
Suppression de la TVA et aides financières pour la filière
Une étude la Chambre d’agriculture le prouve, les coûts des produits vétérinaires sont 15 à 20% plus chers à la Réunion qu’en France métropolitaine et 35% plus chers qu’en Afrique du Sud. Pas de détour pour le président de la Chambre verte qui propose une « suppression de la TVA et de l’Octroi de mer sur les produits vétérinaires« .
Du côté des aides financières, la Chambre a émis trois propositions spécifiques. Premier volet, l’acquisition d’aliments concentrés pour lesquels il a été demandé un financement à hauteur de 30% et ce, pour l’ensemble des ruminants. La filière laitière serait également concernée de près par des difficultés de trésorerie depuis près de deux ans. Pour remédier à un contexte marqué par la diminution des génisses laitières dans le département (5.100 en 2009 contre 5.600 en 2007), proposition d’aide a été faite pour chaque génisse produite sur une exploitation. Une aide qui se chiffrerait à 1.200 euros par tête, dans la limite de 25% du renouvellement.
Derniers points abordés par le président Minatchy et non des moindres, l’organisation d’une filière d’épandage de matière organique dans l’île et la simplification des démarches administratives en direction d’un jeune agriculteur. Une mesure qui devrait faire son effet. Pour autant il n’est pas garanti, loin s’en faut, qu’elles soient toutes prises en compte par le ministre de l’agriculture.