Les politiques continuent de mener la vie dure à la cigarette. Après une augmentation constante du paquet, l’amendement Payet pourrait sonner le coup de grâce pour quelques 900 points de vente dans l’île. C’est en tout cas le scénario catastrophe avancé la semaine dernière par le président de la Chambre de commerce et d’industrie, Ibrahim Patel.
A la Réunion, 2.000 points de vente ont été recensés par la CCIR. La semaine dernière déjà, l’agacement d’Ibrahim Patel venait se calquer sur le discours alarmiste des petits commerçants qu’il a lui-même défendu à travers la Fedaction.
Aujourd’hui, c’est au tour des stations-services de réagir. "On nous accuse de tous les maux de la société (tabac, alcool,…), mais il faudra que les autorités s’interrogent sur l’impact économique et social d’une telle mesure", lance Gérard Lebon, représentant des gérants de stations-service réunionnaises.
"La licence : pas un réel problème pour nous"
"Avec 150 stations-service dans l’île, c’est environ 1.500 personnes qui y travaillent", avec les conséquences sociales que cela peut soulever.
Malgré le coup de canif législatif, Gérard Lebon tempère ses propos et reconnaît que pour les stations, l’achat d’une licence pour pouvoir délivrer le tabac "n’est pas un réel souci pour les gérants". A 15.000 ou 20.000 euros, chiffre qui circule depuis quelques semaines, les stations-service peuvent faire face. Mais celui-ci voit plus large.
La cigarette : 50% des ventes d’un petit commerce
"Chez les petits commerçants ou dans les galeries commerçantes par exemple, ce sont des emplois menacés qui sont en jeu. Ne nous cachons pas derrière notre petit doigt. L’enjeu est aussi social", voilà pourquoi Gérard Lebon dit "compter sur le Conseil général". Conseil général qui est en charge de l’application de la mesure Payet dans l’île. Déjà, lors de la dernière assemblée plénière du Département, les élus avaient adopté une motion afin d’obtenir le soutien de l’ADF (association des départements de France) dont les départements situés dans l’hexagone sont déjà rôdés à l’application de licences pour les débits de tabac.
Pour l’heure, le flou persiste. Prix de la licence, combien de licences délivrées, sur quels critères seront choisis les débits, à qui sera délivré la licence ? Autant de questions auxquelles le Conseil général devra répondre prochainement pour informer les commerçants. Sous couvert de l’anonymat, un gérant de petit commerce donne la mesure de cet acte politique: "la vente de cigarettes constitue pour moi presque 50% de mes ventes".