« Au cours de la grève, un tract syndical a sous-entendu l’illégalité de ce recrutement en disant que l’appel à candidature avait été lancé après la promesse d’embauche » rappelle madame le maire, avant de faire une « mise au point » : « Il n’y a en réalité aucune illégalité parce qu’il n’y a aucune obligation d’organiser un jury. On aurait pu tout simplement se passer de l’appel à candidature ».
La première magistrate explique avoir fait un choix se basant sur les qualités de la personne concernée, à savoir Thierry Denys. « Je partage avec lui des valeurs écologiques, il est en phase avec nos valeurs politiques et nous lui faisons confiance », assure-t-elle. Pour l’élue, la polémique sur les origines de l’intéressé relève du racisme. « Il a habité et œuvré à la Réunion suffisamment longtemps pour bien la connaître. On est réunionnais à partir du moment où on aime la Réunion et où on a envie de la faire avancer. Je déteste ces débats sur la couleur de peau ».
« Une énorme incompréhension »
Sur le salaire de 4700 euros qu’il percevra, le maire souligne qu’il s’agit du milieu de la fourchette prévue par la grille salariale. « Le bas de la fourchette est à 200 euros de différence, mais lui n’a pas demandé de véhicule de service. Ce salaire est équitable », affirme-t-elle. Les élus de la majorité espèrent que Thierry Denys sera rapidement libéré par son employeur actuel afin qu’il prenne son poste au 1er mai.
Vanessa Miranville a ensuite tenu à évoquer plus généralement la question sociale. Si elle était en croisière au moment de la dernière grève, elle souligne que la date de son départ était connue. « On n’a pas vraiment compris ce mouvement social, car il y avait un dialogue constant avec les syndicats et une réunion devait se tenir le 15 février », explique l’élue, qui préférerait que les choses se règlent en amont. « Tout cela résulte d’une énorme incompréhension. Le drame de cette île, c’est les ladi lafé. On fait une montagne d’un petit tas de terre », juge Vanessa Miranville, précisant au passage que les jours de grève ne seront pas payés.
Une fois ces deux points abordés, elle s’est attardée sur la question du budget, autrement plus attendue par les contribuables. « Nous devons encore réparer les erreurs du passé », déplore-t-elle d’abord, avant de souligner qu‘ »1,5 million d’euros de recettes sont en cours de récupération ». Sur l’affaire Souprayenmestry, les élus de la majorité expliquent vouloir faire étaler le paiement sur 30 ans (au lieu des 15 années prévues). Vanessa Miranville a pour cela sollicité le parlementaire Paul Vergès afin qu’il fixe une rencontre avec Bercy. « On espère avoir un rendez-vous d’ici mars. Si Bercy refuse, on appellera les citoyens à aller dans la rue ».
Un complexe sportif à Camp Magloire
De manière générale, les orientations budgétaires restent les mêmes qu’en 2015. « Le premier point sur lequel on mise est la sécurité. J’ai d’ailleurs ouvert des écoles qui accueillaient des enfants depuis 1975 mais n’avaient toujours pas été ouvertes administrativement. Il est important de remettre les bâtiments aux normes de sécurité ». Viennent ensuite l’amélioration du cadre de vie dans la commune, ainsi que l’enfance et la jeunesse.
Au niveau des investissements, le budget s’établit entre 22 et 25 millions d’euros (une base sensiblement égale à celle de l’an passé). « Il y a Cœur de ville qui est en train de démarrer, il y a des réflexions sur la voirie, dans la thématique de la sécurité, la mise en place de street work-out […] », explique Vanessa Miranville. Elle précise : « Un complexe sportif rénové verra le jour à Camp Magloire, avec des terrains de beach, de tennis, et multi-sports ». Un projet qui devrait démarrer en juin.
Pour ce qui est de la masse salariale, le montant s’établit autour de 25 millions d’euros prévisionnels. « Il y a eu une augmentation de 3,5% l’année dernière, et nous sommes en train de travailler pour la contenir aux alentours de 5% cette année en tenant compte du protocole signé avec les syndicats », explique Gilles Hubert, le 1er adjoint. « Concernant le plan de titularisation, il a été acté qu’on constitue une commission de titularisation composée d’élus et de représentants syndicaux, dans les jours à venir, afin de travailler sur les critères », poursuit-il. Si 10 à 20 agents doivent être titularisés chaque année, il précise que « titularisé, un agent ne coûte généralement pas plus cher à la collectivité ».
« On essaie au maximum de faire de la promotion ou mobilité interne », ajoute Vanessa Miranville. Pour les recrutements externes, l’enveloppe est fixé à 250 000 euros pour 2016. Le protocole d’intégration et la prime de majoration, déjà budgétés, représentent 350 000 euros. Le dégel de cette prime (gelée en 2013) faisait d’ailleurs partie des promesses de campagne, rappellent les élus. Reste encore à budgéter la pérennisation de 10 contrats aidés, dont le coût s’élève aux alentours de 70 000 euros pour l’année. « On donne pour le bien-être des agents, mais il faut en contrepartie qu’ils jouent le jeu en fournissant un travail sérieux », déclare au passage la première magistrate.
Si l’an dernier les impôts avaient augmenté de 5%, selon madame le maire, une hausse pourrait être évitée cette année. « Nous avons encore un mois et demi de travail pour finaliser le budget. L’augmentation d’impôt n’est que le dernier recours, mais nous avons bon espoir de ne pas en avoir besoin », rassure-t-elle.