10h: C’est ce mardi qu’un dernier hommage sera rendu à Paul Vergès. Les funérailles du leader historique du Parti communiste réunionnais et ancien président de Région se dérouleront aujourd’hui à 14 heures au Cimetière Paysager du Port, la ville qu’il a dirigée de 1971 à 1989.
À cette occasion, la commune du Port a décrété la journée du mardi 15 novembre 2016 « journée de deuil communal ». En conséquent, l’ensemble des services administratifs et les équipements publics de la cité maritime seront fermés. En revanche, l’accueil dans les écoles sera toutefois assuré jusqu’à 13h.
Des navettes seront mises en place entre 12h et à 19h sur les parkings de la Halle des Manifestations pour acheminer le grand public jusqu’au Cimetière Paysager, qui pourra également assister à la cérémonie grâce à une diffusion publique faite par une chaîne de télévision.
Pour fluidifier le trafic dans la ville, un arrêté d’interdiction de circulation a été émis depuis le rond point de la Rose des Vents (McDonald’s) jusqu’à l’avenue Raymond Mondon.
Le convoi traversera la Ville du Port aux points de passages suivants :
– Rond-point Sacré cœur
– Rond-point des Danseuses
– Avenue Rico Carpaye
– Rue du Général de Gaulle
– Avenue de la Commune de Paris
– Rond-point du Bagnan
– Rond-point Butte Citronnelle
– Route digue piscine – Bd piscine
– Rond-point Port Est
– Puis direction Cimetière Paysager
« Des points d’eau, des chapiteaux et quelques chaises seront disposés au Cimetière Paysager. Nous conseillons néanmoins au grand public de s’équiper de chapeaux et de parasols car il fera chaud demain au Port », écrit la municipalité portoise dans un communiqué.
Avant de se rendre au Port, le maire de Sainte-Suzanne, Maurice Gironcel, a rendu ce matin au Bocage un dernier hommage à Paul Vergès.
Ericka Bareigts a elle aussi pris la parole : « En tant que Ministre des Outre-Mer, au nom du Président de la République, François HOLLANDE et de l’ensemble du gouvernement, je suis venue ici pour témoigner de la reconnaissance qu’a la République pour la vie d’audace et d’engagements de Paul VERGES. Je veux tout d’abord adresser mes plus sincères condoléances à Pierre, Françoise, aux proches parents et amis intimes de M. VERGES. Je veux vous dire mon émotion, car les combats de Paul VERGES ont été ceux de mes années de jeune étudiante réunionnaise, fascinée par son indignation face à l’injustice.
Je voudrais vous assurer, au nom de tout le pays, de notre plein et entier soutien dans cette difficile épreuve. Je voudrais également vous dire le respect et l’estime unanimement ressentis à l’égard de Paul VERGES comme en témoignent les très nombreux hommages: vous perdez votre père, la République perd l’un de ses fils. Paul VERGES a en effet choisi de mettre toute sa vie au service de l’intérêt général(…).
Un pays se définit à travers son histoire. Cette histoire se construit par l’action d’hommes et de femmes qui deviennent les repères de tout un peuple. Paul verges ne disparaît pas, il est rentré dans l’histoire individuelle et collective de la Réunion, des Réunionnaises et des Réunionnais. Son destin si singulier se lit en lien avec celui de notre ile ».
Françoise Vergès, la fille de Paul Vergès, s’est exprimée avec émotion devant l’assemblée : « Je me souviens de meetings dans la nuit, des voix vibrantes que j’entendais au loin qui nous guidaient vers le lieu de rassemblement. Je me souviens des femmes et des hommes qui se portaient volontaires pour être assesseurs dans les bureaux électoraux, sachant qu’elles risquaient insultes et coups. Je me souviens des femmes et des hommes qui faisaient des kilomètres à pied pour venir aux meetings du Parti communiste. Je me souviens de femmes et d’hommes en sang. Je me souviens des repas partagés le soir des campagnes électorales. Je me souviens de la solidarité, des maloya dans la nuit et dans les champs. Je me souviens de la bal’ de letchis dans la case où, pour la première fois, nous avons retrouvé notre père alors qu’il était entré en clandestinité. Je me souviens de l’indomptable désir d’égalité, de dignité. Point n’est besoin de dire les noms de toutes ces personnes qui ont mené ces combats, elles appartiennent à notre histoire. Mon père s’inscrit dans cette généalogie qui s’alimente à l’image des ancêtres asservis. (…)
Dans les mois qui ont précédé sa mort, toujours soucieux de ce qu’il transmettrait, mon père s’inquiétait de ce qu’il adviendrait de ses archives. Il décidait de les léguer aux archives départementales de La Réunion pour les générations futures. Nous allons les rassembler et nous invitions toutes celles et tous ceux qui veulent y contribuer à nous contacter. Ainsi la transmission s’accomplit, ainsi l’héritage est partagé. (…) La génération de mon père s’est donnée pour mission l’autonomie de La Réunion pour que son peuple vive droit, digne et respecté. il le fît en construisant des alliances dans une solidarité active. C’est désormais à la nouvelle génération de Réunionnaise et de Réunionnais de découvrir leur mission (…) je te dis adieu mon très cher père ».
13H10 : Le cortège s’engouffre sur la longue avenue Rico Carpaye qui traverse la cité portuaire, de son entrée de ville côté Sacré coeur jusqu’à l’avenue de la commune de Paris côté mer. Parmi les riverains, certains militants PCR entonnent l’Internationale au passage des pompes funèbres. Le cortège est obligé à certains moments de marquer des pauses malgré son allure déjà réduite pour permettre aux Portois de s’incliner devant le cercueil de leur ancien maire.
14H20 : Le cortège arrive au cimetière paysager du Port.