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Une pulsion téléo-sémantique innée confrontée à l’individuation de la personnalité

Ce courrier fait suite à celui qui expose la vitalité « bruyante » du liquide céphalorachidien (LCR) entourant le cerveau, particulièrement lors du sommeil, (1). Nous tenons compte durant ce tumulte vital de la phase IV du sommeil dit « paradoxal », nommée ainsi par le grand spécialiste du sommeil et des rêves (2) que fut Michel JOUVET (1925-2017). Durant […]

Ecrit par Frédéric Paulus – le dimanche 14 août 2022 à 20H54

Ce courrier fait suite à celui qui expose la vitalité « bruyante » du liquide céphalorachidien (LCR) entourant le cerveau, particulièrement lors du sommeil, (1). Nous tenons compte durant ce tumulte vital de la phase IV du sommeil dit « paradoxal », nommée ainsi par le grand spécialiste du sommeil et des rêves (2) que fut Michel JOUVET (1925-2017).

Durant celle-ci, des neurones fonctionneraient comme des « pacemakers » endogènes stimulant de façon intensive, et différentiellement selon les phases du sommeil, la connectivité cérébrale. Ils la libèrent ainsi de stabilisations synaptiques du fait des habitudes de  vie et de penser, ces dernières pouvant réduire la plasticité du tissu neuronal et figer la créativité cérébrale, une prouesse de l’évolution. 

Ces « pacemakers » ont été appelés « esprits frappeurs » par Jean-Pierre CHANGEUX dans « l’Homme neuronal » en 1983. Cette supposé « prouesse » n’est pas sans risque car elle engendrerait selon nos travaux des risques de mort subite et inexpliquée du nourrisson lequel dort les trois quarts  du temps en phase de  sommeil « paradoxal » et agité. Ce sujet, seulement  évoqué, devra être explicité ultérieurement, lors de nos actions de promotion de la santé notamment à CILAOS.

S’inspirant des travaux de JOUVET, selon notre hypothèse développée en 2000 (3), une pulsion imageante téléo-sémantique s’exprimerait périodiquement lors du sommeil et serait responsable de ce que nous nommons « rêve ». Notre propos suggère de considérer cette fonction imageante comme un vestige expressif  ancestralement sélectionné par l’évolution, particulièrement chez les mammifères. Ces derniers en effet, comme nous êtres humains, présentent sensiblement les mêmes tracés encéphalographiques.

C’est notre capacité à mettre des mots sur les images dites « oniriques » qui nous aura différenciés des mammifères au risque de nous fourvoyer en interprétant nos rêves. Nous avions, quant à nous, relevé la pertinence des travaux du psychanalyste Carl Gustav JUNG (1875-1961). Celui-ci identifiait des fonctions aux rêves, non seulement en procédant à leur inscription biologique mais encore en leur reconnaissant des fonctions de transformation « compensatrice » ou « transcendante » du psychisme (4). Ces fonctions garantiraient l’individuation qui pourrait être pathogène au-delà des contraintes épigénétiques d’adaptation des organismes. Cette dernière dimension de soi-même est portée par le génome et son « pendant » l’épigénome, lors des « rêves ». Les réalités imageantes téléo-sémantiques y supplanteraient alors, par touches successives, les freins psychiques, les inhibitions de l’action telles qu’élucidées par le professeur Henri LABORIT, les névroses et dissociations psychiques, etc. 

Revenons aux tâtonnements de Michel JOUVET. Nous établissons avec ce grand chercheur une filiation  qui devra être soumise à des rituels de « dispute » entre chercheurs sur ce sujet des rêves. Notre hypothèse semble rencontrer sa réflexion lorsqu’il déclare : « Pourquoi ne pas concevoir que certains programmes génétiques ne puissent être renforcés  périodiquement (programmation itérative) afin d’établir et de maintenir fonctionnels les circuits synaptiques responsables de l’hérédité psychologique ? », citation extraite de l’ouvrage, (5) : « Le sommeil et le rêve », 1992, page 174.

Nous nous référons à cette vision, même si la notion d’ « hérédité ppouvoir s’articuler et nous donner une représentation théorique plus proche d’une certaine réalité « hybride » du psychisme, par le vecteur des images oniriques sélectionnées par l’évolution bien avant l’apparition du langage parlé et articulé.

Pour notre questionnement, nous pouvons émettre l’hypothèse suivante : les potentialités de l’organisme en attente d’activation, n’étant pas consciemment reconnues, ne seraient qu’en partie sollicitées, voire même « bridées » du fait d’un environnement peu favorable au développement des organismes.

Elles se spécifieraient pour partie par le vecteur des rêves. Homo avant Loquens devait être plus réceptif à ses potentialités imageantes d’avant l’apparition du langage. On pourrait envisager que des potentialités génétiques soient inhibées, ou latentes ou encore en attente d’activation et se manifestent en images motrices lors des rêves. JOUVET dit, vers ses quarante ans  : « Dans une vie de quarante ans  entrecoupés de plusieurs milliers d’épisodes au cours desquels le dormeur assiste ou participe presque paralysé (du fait du rôle du locus coeruleus, c’est moi qui rajoute l’information, voir aux références bibliographiques) au déroulement du spectacle onirique »…,  Comment-dit-il, « un homme pouvait-il s’expliquer qu’il était en train de courir ou de voler au cours d’un rêve alors que tous les témoins lui assuraient que son corps endormi reposait immobile ? », p 125, 1977, (2).

Prenons comme exemple la thèse controversée sur l’innéité ou non du comportement altruiste. Ce choix permet une illustration hypothétique. Nous aurions pu choisir l’exemple de l’innéité de la violence ou de l’agressivité, leurs expressions se retrouvent également  dans les rêves. Nous n’affirmons pas pour autant qu’il existe un gène de l’altruisme ou de la violence. Nous n’en sommes pas là du point de vue du décryptage du génome.

C.G. JUNG avance une réponse clinique. Très souvent des scénarios oniriques présenteraient, selon la vision de ce psychanalyste, la face occultée de la personnalité par compensation. Un égoïste serait confronté à des rêves à connotation  altruiste l’incitant à intégrer dans sa personnalité une façon d’être plus généreuse envers autrui. Une personne excessivement propre aurait tendance à  être confrontée à des rêves où apparaissent déchets, excréments ou détritus.

Toutes les influences acquises ayant laissé des traces mémorisées en conditionnements épigénétiques divers, une des fonctions du « rêve » serait de rétablir (progressivement) un nouvel ordre bio-culturel au sein de ces conditionnements  « déprogrammant – reprogrammant » le psychisme d’une façon plus conforme à l’individuation phylogénétique.

Ce nouvel ordre se déterminerait dans une sorte de compromis entre les potentialités génétiques en attente d’activation et l’évolution de la psychologie du rêveur. Les « deux » individuations innée et acquise tendraient à s’intégrer par le biais du rêve, traduisant une sensation d’unité psychique.

On constate très souvent lors d’une psychothérapie que le patient qui prétendait ne pas se souvenir de ses rêves en début d’analyse y parvient néanmoins. L’analyse déclencherait une fonction d’intégration de ces « deux » dimensions de l’individuation. Les rêves semblent très souvent activer bon nombre de dynamismes… de conflits… d’oppositions diverses au travers de différents personnages et animaux, et cela naturellement. Ainsi l’ensemble de la personnalité se trouve-t-il dynamisé, le psychisme étant considéré comme un tout. Les vécus des rêves selon notre hypothèse nous donneraient des indications sur une éventuelle individuation biopsychologique régulée naturellement.

Lorsque le vécu du sujet humain ressent son libre arbitre reprendre les commandes de sa vie, un dynamisme psychique advient, se manifestant par des images motrices annonçant une individuation de la personnalité.
Ces hypothèses et théories seront soumises à débats publics en commençant par la commune de CIlAOS à La Réunion, l’objectif étant de promouvoir un réseau de « Personnes ressources des parentalités » qui accompagnerait les futurs et jeunes parents dans le cirque.
 
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