Cette semaine, Jean Rogier, biologiste et porte-parole de la PEP (Plateforme d’exercice professionnel), a rencontré le directeur général de la branche santé de la CGSS de Saint-Denis. « Il connait nos doléances« , explique-t-il. Le mouvement initié cette semaine par les laboratoires n’est pas anodin. « En ce moment à Paris ont lieu les journées internationales de la Biologie. C’est un coup de projecteur sur la profession. Hasard du calendrier, cette semaine ont également lieu les discussions au parlement sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour l’année 2013« , souligne Jean Rogier.
Si les biologistes ont décidé de baisser le rideau de leur laboratoire tous les après-midi cette semaine, c’est pour protester contre la baisse annoncée du tarif des actes médicaux des laboratoires d’analyses. « L’enjeu est important. Si la baisse drastique est confirmée lors du projet de loi, 3/4 des sites fermeront en France« , prévient-il. En France, la fermeture des laboratoires représenterait 8.000 licenciements directs, à la Réunion elle se chiffrerait à 120 emplois directs. « Depuis plusieurs années, les biologistes ont encaissé les baisses sur les actes médicaux en s’adaptant. Il faut savoir que la biologie représente 4 milliards d’euros sur les dépenses totales de la Sécurité sociale« , précise-t-il.
Envoie des feuilles de soins au format papier : Surcoût estimé à 300 millions d’euros pour la Sécu
« Aucune entreprise ne peut encaisser une telle baisse« , prévient Jean Rogier. En plus de manifester leur mécontentement en baissant leur rideau, les biologistes ont décidé de ne plus transmettre les feuilles de soins au format électronique et de revenir au traditionnel format papier. « Un surcoût pour la Sécurité sociale et un bon moyen de pression« , souligne-t-il. Si le traitement informatisé des feuilles de soins représente un coût dérisoire, celui du traitement manuel est évalué à 3 euros par feuille. « Les laboratoires envoient 100 millions de feuilles par an à la Sécu, je vous laisse faire le calcul« , explique Jean Rougier. Un surcoût évalué à 300 millions d’euros pour la Sécurité sociale.
Au-delà de la mobilisation, les biologistes veulent lancer un cri d’alarme au gouvernement sur le risque de désert médical qui se profile en cas de fermeture des laboratoires d’analyses. « Il n’y aura plus de sites de proximité. Les patients devront faire des dizaines de kilomètres pour faire leurs analyses. En France, 500.000 prélèvements sont effectués tous les jours. A la Réunion on évalue à 6.000 le nombre de prises de sang quotidiennes« , ajoute Jean Rogier.
Le regard des biologistes va se tourner vers le parlement cette semaine, mais également vers la CNAM (Caisse nationale d’assurance maladie) qui n’a pour le moment pas « écouté » les doléances des biologistes. « On espère ouvrir rapidement le dialogue« , conclut-il.